par Anna Sargsyan, le samedi 18 octobre 2008

Vendredi 3 octobre 2008, Olli Rehn, le Commissaire européen à l'élargissement, a donné une conférence à l'Ecole Normale Supérieure (ENS). Il a, à cette occasion, affirmé la vocation européenne des Balkans Occidentaux. La Croatie pourrait devenir le 28ème Etat-membre de l'UE et ceci d'ici à la fin de l'année 2009.


"A ce jour, en matière d'élargissement, notre agenda est clair et stabilisé depuis 2006", a souligné Olli Rehn lors d'une conférence à l'ENS. Ainsi, les pays des Balkans Occidentaux seraient les mieux placés pour intégrer l'Union Européenne (UE) dans un futur proche. Le commissaire européen chargé de l'élargissement a mentionné : "Au regard des progrès enregistrés cette année, je vois en 2009 une perspective très prometteuse pour l'avancement des Balkans occidentaux sur la voie européenne".

En effet, la promesse d'une intégration européenne a été donnée aux Balkans Occidentaux durant le Sommet de Thessalonique en juin 2003. Néanmoins, la situation est différente selon les pays. A ce jour, les négociations d'adhésion à l'Union ont été ouvertes seulement avec l'un des pays des Balkans Occidentaux, à savoir la Croatie. Depuis leur ouverture, le 3 octobre 2005, les négociations avec ce pays se déroulent bien, d'où la possibilité d'une adhésion rapide.

Quant à la Turquie, le commissaire européen a souligné le rôle stratégique joué par ce pays pour garantir la stabilité et la sécurité du continent européen. La Turquie a d'ailleurs été le second candidat, avec la Croatie, à entamer les négociations d'adhésion à l'UE en octobre 2005. Olli Rehn a annoncé que leurs "rythme et résultats dépendent bien évidemment en premier lieu des réformes effectives mises en œuvre par la Turquie". En effet, il est à noter que le statut de candidat ne garantit pas l'admission effective du pays concerné dans l'UE, les négociations ne débouchant pas sur une adhésion d'une façon automatique.

Enfin, le commissaire européen a rappelé, que pour ce qui est des relations de l'UE avec ses voisins du sud et de l'est, elles se développent dans le cadre de la Politique européenne de voisinage (PEV). Aujourd'hui la PEV inclut seize pays : l'Algérie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, l'Egypte, la Géorgie, l'Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, la Moldavie, le Maroc, l'Autorité palestinienne, la Syrie, la Tunisie et l'Ukraine. Cette politique ne donne pas une perspective d'adhésion aux pays participants sans que celle-ci ne soit exclue. Parmi les pays de la PEV, le développement des relations de l'UE avec l'Ukraine semble le plus prometteur. Néanmoins, la question d'adhésion de ce pays n'est pas à l'ordre du jour.

Nous pouvons nous demander si les perspectives d'élargissement de l'UE sont aussi claires et bien définies qu'elles peuvent sembler. L'agenda actuel concernant l'élargissement est susceptible de se développer et d'inclure de nouveaux pays dans le futur. L'article 49 du traité sur l'Union Européenne (TUE) déclare : "Tout État européen qui respecte les principes énoncés à l'article 6, paragraphe 1, peut demander à devenir membre de l'Union." Cet article affirme les principes fondateurs de l'UE, à savoir la démocratie, le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ainsi que l'Etat de droit.

L'appartenance géographique au continent européen et le caractère démocratique d'un pays sont donc les critères principaux retenus par l'Union sans lesquels une adhésion est impossible.

Mais où s'arrête l'Europe et où commence l'Asie ? La question de la limite orientale de l'Union reste toujours sans réponse. L'UE refuse de trancher cette question pour le moment. En effet, Bruxelles a conscience du grand pouvoir d'attraction du modèle européen. Olli Rehn a d'ailleurs souligné à de nombreuses reprises l'effet de levier de la politique de l'élargissement : " Dans les pays d'Europe centrale et orientale, le pouvoir d'attraction du modèle européen a agi comme moteur de la transformation démocratique et économique. Ce pouvoir est aujourd'hui à l'œuvre au Sud-est de l'Europe, dans les Balkans occidentaux et en Turquie."

C'est donc pour encourager les réformes dans les pays de son voisinage oriental et surtout, pour garantir la sécurité de ses frontières, que l'UE ne voudrait pas définir une fois pour toute sa limite orientale. Selon Bruxelles, une politique d'exclusion définitive de certains pays ne serait pas positive.

En attendant, l'espoir d'intégration s'installe dans les pays voisinant l'Union à l'est. En effet, la perspective d'une adhésion est un puissant moteur de réformes, l'élargissement étant l'instrument de politique étrangère le plus efficace de l'Union. Les attentes, apparemment démesurées, des pays du voisinage oriental (et de la Turquie ?), entraîneraient-elles des réformes ou bien des déceptions pour ces derniers?



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