Avec la victoire de François Hollande, c'est un nouveau chapitre de la gauche française et européenne qui est en train de s'écrire. François Hollande revient de loin mais il est clair que dès le début, sa candidature à la magistrature suprême a été franche et sincère. Il n'a pas attendu le séisme politique provoqué par l'affaire Strauss-Kahn pour se lancer dans la course à l'élection présidentielle.
Une victoire attendue en Europe
Les chancelleries européennes s'étaient, depuis quelques semaines et surtout depuis le premier tour de l'élection présidentielle, faites voire résolues à l'idée que François Hollande serait le prochain président de la République.
Il l'est désormais et les choses sérieuses commencent dès ce lundi matin. Les consultations en vue de la formation d'un gouvernement vont avoir lieu et bien évidemment la composition du nouveau gouvernement sera un indice précis de l'orientation que le nouveau président de la République souhaite donner à son action.
Dès hier soir, il devait avoir au téléphone plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement. La première tâche sera effectivement d'établir un contact efficace avec la chancelière allemande. Pas rancunier, François Hollande devrait, dans les jours qui viennent, démontrer la force de l'amitié franco-allemande. Les rencontres internationales vont se succéder jusqu'au mois de juin à un rythme accéléré, notamment le conseil européen du 29 juin sans compter le sommet de l'OTAN aux Etats-Unis et le sommet du G8.
Les élections législatives
Le tout dans un contexte politique intense marqué par les élections législatives des 10 et 17 juin. Le nouveau président ne pourra pas attendre le rendez-vous du Conseil européen du 29 juin pour que des mesures soient prises concrètement en faveur de la croissance, tant réclamées par les partis de gauche en Europe. Cette période va être cruciale et délicate.
Car la prochaine étape sont les élections législatives des 10 et 17 juins prochains. Le nouveau président de la république aura à peine un mois pour prendre des mesures sinon de fond du moins assez symboliques pour manifester sa volonté de respecter ses engagements. Car il serait normal et logique dans le système de la V° République, il obtienne une majorité à l'Assemblée nationale afin d'avoir les moyens de sa politique.
Avec un front national très fort, deux scenarii sont possibles : une majorité absolue engendrée par le fait que le haut score du front national fera perdre leur siège à de nombreux parlementaires UMP ou alors, le Front national faisant son entrée au Parlement, la majorité disposerait d'une majorité plus faible nécessitant une alliance avec la droite modérée, ou des élus centristes
Il ne serait pas conforme aux institutions de la V° République que les électeurs imposent au nouveau chef de l'Etat une cohabitation en début de mandat.
Un traumatisme politique en Grèce
Car rien ne serait pire que ce qui vient de se passer en Grèce où les deux partis traditionnels, Nouvelle démocratie pour la droite et le Pasok (socialiste) pour la gauche sortent étriqués des élections législatives.
Ce pays voit sortir des urnes une situation politique bouleversée avec une extrême gauche en très bonne position, mais aussi et surtout l'entrée au parlement d'un parti clairement néo-nazi et qui ne s'en cache pas. Pour un pays qui a connu les affres de l'occupation mais aussi plus récemment la dictature des colonels de 1967 à 1974, voilà un traumatisme majeur qui risque d'avoir des conséquences très importantes en Europe.
Et si la crise revenait par la Grèce qui serait incapable de former un nouveau gouvernement d'union nationale excluant les extrêmes pour continuer à sortir le pays de l'ornière ? Il est terrible de dire à un peuple qu'il n'a pas le choix autre que celui de l'austérité et la cure d'amaigrissement alors qu'il vient d'exprimer une exaspération à l'endroit des partis politiques traditionnels
L'Europe, pas toujours populaire, constitue la seule voie politique pour la Grèce comme pour la France et les autres pays de l'Union européenne.
C'est donc avec impatience et inquiétude que les chefs d'Etat et de gouvernement scruteront les premiers pas de François Hollande sur la scène européenne
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Patrick Martin-Genier est Maître de conférence à l'Institut d'études politiques de Paris, vice-président et éditorialiste de Fenêtre sur l'Europe