Avec le discours de Nicolas Sarkozy à Toulon le 1er décembre, il ne fait plus aucun doute que le président de la République est en campagne pour sa propre réélection.
Après la récente visite de François Hollande à Bruxelles, notamment à José-Manuel Barroso, le président de la commission européenne, il ne fait plus de doute non plus que, pour une fois, l'Europe sera au cur de la campagne électorale qui s'annonce.
Pour les Européens, comme pour les anti-européens, on ne peut que se réjouir enfin de voir l'Europe être au centre des interventions des uns et des autres. Pour les premiers, il s'agira de mettre en avant leur vision de l'Europe à construire à l'aune des événements dramatiques que nous venons de vivre. Pour les seconds, ils auront probablement des difficultés à démontrer la pertinence de certaines de leurs propositions telle que la sortie de l'euro par exemple
Cette forte présence des enjeux européens peut certainement s'expliquer par la crise de l'euro et le bouleversement des marchés engendré par la crise de la dette souveraine et on s'aperçoit en effet que la vie quotidienne des Français dépend beaucoup de ces enjeux européens.
En ce sens, la prégnance du thème européen constitue la conséquence des crises successives qu'ont dû affronter les chefs d'Etat et de gouvernement. Ce faisant, le sujet européen est fondamental pour les mois qui viennent et il va obliger les responsables politiques à afficher clairement leurs positions sur ce sujet.
D'un côté, il y a un président de la République qui a fait face dans des conditions extrêmement difficiles aux soubresauts nés de la crise de la dette souveraine et qui n'a pas ménagé ses efforts pour sauvegarder la position de la France en Europe, s'agissant de la crédibilité des banques et de l'Etat, notamment par rapport aux si puissantes agences de notation.
De l'autre côté, il y a François Hollande dont les convictions européennes ne sont pas en doute, qui semble proposer un autre modèle de développement qui méritait cependant d'être précisé.
Si le président de la République peut aujourd'hui présenter aux français le bilan de son activité, il vient, par le discours de Toulon de proposer une "refondation de l'Europe" dont les principales lignes seront annoncées lors de la visite d'Angela Merkel à Paris lundi prochain. Ce thème est tout à fait intéressant et même fondamental. Nous en saurons un peu plus lundi prochain s'agissant de cette question et dans quelle mesure cela aura un impact sur la modification des traités européens à intervenir.
Nous recevant en début de semaine, Jean Léonetti, ministre des affaires européennes, nous affirmait que les maîtres mots de cette réforme seraient "discipline" et "solidarité", ces deux mêmes mots qu'a prononcé Nicolas Sarkozy à Toulon
Quel serait la politique européenne de François Hollande ?
Il est aussi temps que François Hollande dévoile ce que serait sa politique européenne s'il serait élu président de la République. Quel seraient ses priorités et propositions ? Qu'irait-il dire à la chancelière allemande qui aura travaillé main dans la main avec Nicolas Sarkozy depuis cinq ans et qui devra bien former un nouveau "couple" avec François Hollande si celui-ci devait être élu Président... ? Y aura-t- il un saut qualitatif dans l'intégration européenne, ira-t-il jusqu'à proposer la mise en place d'un véritable fédéralisme politique qui semble faire débat au sein même du parti socialiste ?
Face à une situation très périlleuse qui menace l'édifice européen, les Français ont le droit de connaître le projet européen de tous les candidats.
Pour sa part, Fenêtre sur l'Europe sera bien sûr attentive à cette question et ira à la rencontre des principaux candidats tout au long de cette campagne.
Patrick Martin-Genier est maître de conférences à l'Institut d'Etudes politiques de Paris, et secrétaire général de Fenêtre sur l'Europe