par Claude Fischer, le mardi 07 décembre 2010

Ils étaient 270 à l'AG extraordinaire de Confrontations Europe le 18 novembre 2010 à Bruxelles. 270 alliés potentiels pour soutenir le projet de « Single Market Act » (SMA) et en faire le levier de la relance de l'Europe.


Lors de cette consultation informelle autour du trio Michel Barnier, Philippe Herzog et Mario Monti, les intervenants ont ciblé quelques points-clés. Doit-on aller vers un pacte ? C'est le choix de Confrontations Europe. Car il ne suffira pas de faire injonction aux Etats pour réussir.

Il faudra beaucoup d'engagements : de la Commission et de son président, du
Parlement européen, des Etats et des citoyens !Le SMA a été salué unanimement. "Ce n'est pas un projet parmi d'autres" a déclaré Philippe Herzog. Othmar Karas le trouve même "révolutionnaire". C'est une étape
vers l'intégration, aussi importante que l'euro ou l'élargissement, s'est-il emballé. Pour Mario Monti, le marché intérieur doit nous permettre de renforcer notre économie sociale de marché, notre compétitivité, et pourrait devenir "un modèle pour le monde". Même Lord Leon Brittan – qui ne croit pas à l'Union économique et politique - se réjouit : "il pourrait nous faire augmenter notre PIB de 4 % !"…

Mais les Européens ? Veulent-ils toujours du marché unique ? Aujourd'hui, ils sont repliés, "moroses ". Le marché unique n'est pas un espace de vie et de mobilité pour les citoyens et les travailleurs, qui se sentent menacés, a rappelé Joachim Vannahme. Et la période est lourde de périls pour notre Union, menacée, elle, de désintégration.

Le marché intérieur doit être un projet "holistique", a dit Louis Grech, car des propositions trop éclatées, "top down", ne suffiront pas à créer l'enthousiasme des Européens qui ont besoin de vision globale, et de s'impliquer dans des projets bottom up, nécessaires aux solidarités… Mario Monti craint d'ailleurs un pick and choose des Etats dans les 50 mesures proposées par la Commission, qui ne sont pas conçues comme un package deal.

Or, le SMA doit être accepté comme un tout et faire l'objet d'un deal politique, soutenu et défini par Pascal Canfin comme un compromis historique entre coopération et compétition, entre libre échange et protectionnisme. Le
SMA a le mérite d'ouvrir le débat, a-t-il ajouté. Mais attention qu'il ne se referme pas trop vite !

Les Etats sont trop occupés à faire face à la crise pour relayer le SMA dans
leurs sociétés et mobiliser leurs citoyens, d'autant plus qu'ils n'ont jamais défendu le marché intérieur comme notre bien commun, pas même comme un espace de partage.

Le refus d'une coordination fiscale est ici significatif ! "Le marché intérieur n'est pas qu'un outil, c'est une valeur" martèle Philippe Herzog qui veut en faire un bien public ! Le conseiller de Michel Barnier porte l'ambition sociale comme moteur d'une croissance forte, durable et équitable.

Le SMA doit devenir le socle des autres politiques européennes, objets de communications le même jour que la publication du projet de SMA. Paradoxe ? Problème de gouvernance ? Ou refus d'en faire "le camp de base" commun ? Jean-Paul Mingasson a demandé plus de synergies entre SMA et politiques industrielles… Malheureusement, le SMA "n'est pas un sujet dans nos
Etats"
a regretté Franco Bassanini, et "pas encore un plan d'action politique" pour l'Union qui a besoin de réformes structurelles et d'investissements de long terme pour s'inscrire dans la dynamique des changements globaux.

"Le Marché intérieur est fragile et il n'est pas acquis pour toujours : il faut le mettre au coeur d'un pacte avec les Etats pour qu'il soit mieux régulé et devienne un espace de vie en commun" a conclu Michel Barnier. Le Commissaire attend beaucoup du Conseil et du Parlementeuropéen ! Il peut compter aussi sur Confrontations Europe et ses partenaires, venus
nombreux pour exprimer leur propre engagement aux côtés de la Commission
européenne.

Retrouvez le compte-rendu intégral des débats sur le site www.confrontations.org


Claude Fischer est présidente de Confrontations Europe

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