par Euro-entrepreneurs d' Europe et Entreprises, le jeudi 28 mai 2009

La crise économique qui a suivi l'éclatement de la bulle financière est sans précédent depuis les débuts de la construction européenne. Elle risque aussi d'être longue. Avec elle comme après elle, rien ne sera plus comme avant. L'Association Europe et Entreprises qui a déjà publié le "Cahier des charges des Euro-entrepreneurs", publie aujourd'hui l'"Appel des euro-entrepreneurs adopté lors de son assemblée générale du 18 mars 2009


L'Europe est sévèrement mise à l'épreuve. Cette crise n'affecte pas seulement son développement économique, ses emplois, ses déficits publics. Elle fait peser de lourdes menaces sur ses deux principaux atouts : le marché unique qui garantit la liberté des échanges à l'échelle continentale et l'euro qui assure un pôle de stabilité dans la tempête des changes. Il apparaît vital aux euro-entrepreneurs de sauvegarder ces acquis et de les renforcer car l'Europe ne s'en sortira pas sans eux.

A ce jour, les réactions à la crise ont été surtout nationales. Certes le bouclier de l'euro s'est révélé efficace, avec des interventions actives de la Banque centrale européenne pour préserver les flux interbancaires. Par contre les garanties publiques aux banques et aux déposants, au demeurant nécessaires, ont été décidées de façon autonome par les Etats, y compris de la zone euro, avec de fortes disparités de traitement et un encadrement européen symbolique. Face aux aides massives également accordées dans l'urgence par les Etats aux secteurs industriels et financiers en difficulté, la Commission s'est limitée à surveiller les risques de distorsions les plus dommageables pour le marché unique, tout en assouplissant, sans conditions particulières, le contrôle du pacte de stabilité. Ces aides publiques nationales additionnées les unes aux autres ont été présentées, avec un appoint de la BEI, comme un "plan de relance européen" évalué à deux cents milliards d'euros.

Pour les euro-entrepreneurs, le compte n'y est pas. Les plans nationaux décidés à l'intérieur de frontières devenues obsolètes ne pourront guère répondre aux enjeux européens d'une crise mondiale. Tels qu'ils ont été élaborés, ils risquent plutôt de se pénaliser mutuellement en creusant les déficits publics et en affectant l'unité et les libertés du marché unique. Les capitaux, qui ne connaissent pas de frontières, ne financeront pas les investissements qu'exige le redressement de l'Europe si celle-ci s'avère morcelée, illisible et soumise à l'arbitraire d'administrations nationales.

Une réponse européenne efficace à la crise ne peut être que solidaire, avec :
. un filet de sécurité intégré à l'échelle du marché unique,
. un plan de relance européen méritant son nom,
. une solidarité exemplaire sur la scène mondiale.


I. Un filet de sécurité intégré à l'échelle du marché unique


L'unité et la pérennité du marché unique ne peuvent guère s'accommoder de garanties disparates des Etats conçues pour soutenir chacun "leurs" entreprises et "leurs" banques. Les euro-entrepreneurs s'inquiètent de telles renationalisations contraires à plus de cinquante ans de construction européenne. Ils revendiquent un filet de sécurité intégré, apportant les mêmes garanties à l'échelle européenne, concernant tant les modalités de traitement des actifs toxiques que les garanties de solvabilité des banques. Une agence européenne dotée de moyens efficaces est indispensable pour contrôler la conformité des opérations financières aux normes communes. Face aux défis de cohésion affectant la zone euro, il est urgent d'engager l'Eurogroupe dans une gouvernance commune effective et de créer un fonds pour parer aux chocs asymétriques pouvant affecter tel ou tel pays participant.


II. Un plan de relance européen méritant son nom


L'assouplissement du pacte de stabilité doit être encadré dans un plan de relance européen cohérent, canalisant l'épargne vers des investissements d'intérêt commun. Il faut promouvoir des partenariats public/privé pour développer lors de la prochaine décennie des projets technologiques et industriels renforçant notre compétitivité, avec des réseaux transeuropéens innovants. Le champ est vaste : transports, énergie, environnement, télécommunications, espace, défense, etc. Ce plan doit notamment contribuer à souder les régions frontalières et effacer toutes traces du "rideau de fer". Le tissu des PME doit en bénéficier avec un régime européen appuyant les sous-traitances. Une ouverture enfin effective des marchés publics doit accompagner sa mise en œuvre. Outre les engagements budgétaires des Etats ainsi encadrés par ce plan, un grand emprunt en euros est indispensable. Face à la plus grande dépression depuis la guerre, il faut réinventer l'équivalent d'un plan Marshall.


III. Une solidarité exemplaire sur la scène mondiale

Alors qu'une vaste concertation s'engage pour dégager des solutions internationales à la crise, l'Europe doit s'exprimer d'une seule voix. Une première priorité est d'assurer une représentation unifiée de l'euro dans les débats économiques et financiers. L'Europe doit aussi faire pression pour que les autres aspects de la crise (cf. commerciaux, environnementaux, sécuritaires et sociaux) soient abordés dans leurs différentes interactions. La crise est globale parce qu'elle est planétaire mais également parce qu'elle est multiforme, même si la crise financière en a été le détonateur. La réponse aussi devra être globale, ce qui impliquera des approches plus innovantes, plus cohérentes et plus solidaires. Pour convaincre ses partenaires,
l'Europe doit montrer l'exemple par son propre comportement.

Pour appuyer cet appel des euro-entrepreneurs :

http://www.europe-entreprises.com


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