par Pierre Dechamps, le lundi 22 juin 2009

Les gouvernements des États-Unis et de l'UE sont confrontés à la double crise du ralentissement de l'économie et du changement climatique.


La première appelle des actions à court terme, pour soutenir l'économie à un moment de forte contraction. Les gouvernements répondent aux crises couplées de l'effondrement financier et du ralentissement économique par une combinaison de baisses de taux d'intérêt, de plans de sauvetage des banques et de mesures fiscales. Malgré la conscience croissante du besoin de coordination - exprimée lors du G20 - la plupart des plans visent à la restauration de la consommation intérieure, avec le protectionnisme comme menace distante.

Ces régimes d'aide doivent être ciblés, rapides et temporaires, sans mettre en place des déficits budgétaires insoutenables.


S'agissant de la crise climatique à venir, il existe un fort consensus scientifique en faveur d'une action immédiate. Il a été clairement résumé en 2008 par le G8, préconisant une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80% d'ici le milieu du siècle. Cela correspond à des émissions mondiales de 20 Gtonnes de gaz à effet de serre (GES) en 2050, soit une moyenne d'environ 2 tonnes par habitant et par an, ce qui donne une idée de
l'ampleur du défi à relever. Des objectifs intermédiaires sont nécessaires, par exemple pour 2020, qui se situe à mi-chemin entre 1990 (année de référence de Kyoto) et 2050.

Le paquet climat de l'UE contient tous les éléments nécessaires pour doter l'UE d'une économie plus compétitive en 2020, et lui donner l'avantage des précurseurs.

L'objectif principal est la réduction de 20% par rapport à 1990 des émissions de GES de l'Union. Ce niveau sera porté à 30% si les négociations internationales sur les changements climatiques débouchent sur un résultat positif.

Le 2ème objectif est de hisser la part des énergies renouvelables à 20% (contre 8% aujourd'hui) à la même date. Il est clair, que moins nous serons dépendants des combustibles fossiles, mieux ce sera.

Le 3ème objectif consiste à accroître l'efficacité énergétique, également de 20% à la même date.

Les modalités de mise en œuvre ont pris 2 questions essentielles en compte :
- la différence dans les capacités des États membres à mettre en œuvre ces changements. On attend plus des États membres plus riches.
- la compétitivité des industries européennes. Une étude d'envergure est en cours quant à l'exposition de certains secteurs à la concurrence nternationale, et les risques de délocalisation("fuite de carbone"). ELLe permettra de déterminer la fraction des quotas d'émission que ces secteurs recevront gratuitement.

Un aspect important des plans de relance est celui des investissements dans l'énergie propre et dans l'infrastructure associée. Du point de vue économique, ils traduisent une approche keynésienne, les fonds publics soutenant les investissements dans des infrastructures dont la rentabilité immédiate est faible. Le FMI estime que cette mesure produit un effet
multiplicatif sur les investissements. Le coefficient multiplicateur est plus élevé pour les investissements dans les infrastructures que pour les réductions d'impôts ou pour le soutien aux énergies renouvelables à petite échelle.

Ces éléments des plans de relance doivent être en ligne avec les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui estime les besoins à 465 MM$ par an pour la période 2010-2030. Du point de vue social, le Center for
American Progress a estimé en 2008 que chaque dollar investi dans l'énergie propre crée 2 fois plus d'emplois que le même dollar investi dans les combustibles fossiles.

Une crise offre des opportunités de changement. L'affectation d'argent public
supplémentaire à la composante verte des plans de relance peut jouer un rôle crucial en temps de ralentissement économique. Il contribue également à la construction de bases saines pour une croissance forte dans l'avenir vers une économie plus décarbonée. Le paquet climat de l'Union européenne énonce clairement les moyens et les objectifs intermédiaires à atteindre en 2020.

Paru dans "Interface" de Confrontations Europe de mai 2009

http://www.confrontations.org


Pierre Dechamps est membre du Bureau des conseillers de politique européenne (BEPA), Commission européeenne 

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