par Claude-Emmanuel Triomphe, le mardi 27 octobre 2009

L'un de nos illustres lecteurs, Nicolas S., avait visiblement entendu notre appel du mois dernier à laisser plus de place aux jeunes en voulant l'appliquer illico à son fils. Il a in fine renoncé à ces "bad practices" berlusconiennes et pris une posture plus sage. Enfin...

Autre pays, autre président : Vaclav Klaus, le président tchèque, essaie de faire chanter l'Union et exige, pour ratifier le traité de Lisbonne, une dérogation à la charte des droits fondamentaux afin de garantir que les Allemands ne reprennent pas les Sudètes aux Tchèques !

Il aurait tort de s'en priver, remarquez, d'autres l'ont précédé sur ce type de chemin : Margaret Thatcher et le rabais britannique, la France et « sa » politique agricole commune. Ajoutez à cela une Union Européenne infoutue de se doter d'une Commission digne de ce nom, des États-membres qui font tout sauf avancer ensemble, alors que comme le rappelle l'eurodéputé Alejandro Cercas, la crise économique et sociale est maintenant la préoccupation première des Européens. Bref, il y a de quoi décourager les euro-enthousiastes, s'il en reste encore.




Placer, reconvertir, investir

La récession serait, paraît-il, derrière nous. On aimerait y croire mais en France, en Allemagne et chez la plupart de nos voisins de l'Ouest ou de l'Est -où licenciements s'ajoutent à des coupes budgétaires drastiques et autres réductions de salaires - c'est la montée du chômage qui est au rendez-vous.

Notre dossier du mois a voulu faire le point sur des services publics de l'emploi (SPE) qui dans la situation actuelle font comme ils peuvent. Certes les multiples ratés liés à la création de Pôle Emploi après la fusion, voulue par Nicolas Sarkozy, entre les services de placement (ANPE) et d'indemnisation (ASSEDIC) sont souvent scandaleux, parfois injustifiables. Mais ce même service public réussit parfois des choses étonnantes comme c'est le cas par exemple à Morlaix avec le fameux contrat de transition professionnelle.

Certains et non des moindres, prônent sa généralisation ; cela supposerait de multiplier les moyens par 30 ou 40 : mais qui y est réellement prêt ?



L'appel au privé


Assez récente en France, un peu plus ancienne chez nombre de nos voisins, l'ouverture du placement à des opérateurs privés, grands - Adecco, Manpower, groupe Alpha - ou moins grands agite les esprits. Le privé fait-il mieux que le public ? Les résultats sont pour le moins contrastés car si cela se vérifie pour les opérations de reclassement liées aux restructurations (d'autant que ce terrain a été largement déserté dans toute l'Europe par les SPE !) cela n'est pas vérifié pour les chômeurs de longue durée ou en situation d'exclusion.

Plusieurs études françaises (Rapport Seibel) ou européennes, le montrent. Mais est-ce bien cela la question ? Ne s'agit-il pas d'une part de redéfinir en profondeur le type de professionnalisation que mettent en œuvre les services de l'emploi, publics ou privés: comment fait-on ? Comment orienter, soutenir, inciter, aider à rebondir ? Comment apprendre des autres ? Comment sortir d'une approche encore trop souvent tutélaire du demandeur d'emploi ?


Révision générale...


D'autre part, est-il encore pertinent de parler de SPE au moment où l'emploi, le travail, la santé sont de plus en plus liés ? Ne faudrait-il pas mieux envisager des services d'accompagnement au changement, comme s'y sont mis les Finlandais puisque ces changements font désormais partie intégrante de la vie des entreprises comme évidemment de celle des salariés ? En France, le divorce quasi-total entre le ministère du travail et le ministère de l'emploi en France, doublé d'une conception très technocratique des réformes dites de révision générale des politiques publiques nous conduit sur des chemins opposés. Modernisation du marché du travail dites-vous ? Au passage, lisez l'article sur les fameuses ruptures conventionnelles, censées elles aussi participer de cette modernisation...


... pour efficacité optimale ?


France Telecom, dont les suicides ont déjà fait le tour de l'Europe... Tout a été dit sur le déni incroyable du management et le reste. Espérons juste que le futur patron du groupe qui se dit atterré par ce qu'il découvre, en tire quelques leçons et qu'il ne nous refasse pas le coup des cellules d'assistance psychologiques ! A y regarder de près, FT a déployé les même méthodes et les même discours que tant d'autres. Plutôt donc que de la stigmatiser ne faudrait-il pas : reprendre à la base les notions de management et d'organisation qui ont largement pollué les équipes dirigeantes et les univers de travail ces dernières années ? Et tirer les leçons de toutes ces crises, grandes ou petites, afin de réduire toutes ces insatisfactions au travail voire même d'assurer un certain bien-être ?


Mais en prend-on le chemin ? Le dernier sommet du G20 à Pittsburgh semble avoir baissé les bras sur les réformes nécessaires de l'économie de marché. L'on ne parle plus de nouvelle gouvernance et a fortiori de refondation du capitalisme. A l'inverse, nombre de dirigeants ont sans doute conscience qu'il s'est passé quelque chose depuis la mi-2008 et que ce quelque chose nécessitera de vrais changements, faute de quoi l'économie faillira, et avec elle les êtres et la planète.


Gardons le sourire...


Je ne peux que vous conseiller la chronique de notre DRH Denis Rheprise, le blog de Francis Mizio (Au Boulot feignasse!) et ses démêlés avec son ami Pôle. A moins que vous ne préfériez lire aux éditions Verticales We are l'Europe - une pièce de Jean-Charles Massera et Benoît Lambert complètement loufoque qui donne du "sens à la life"!


Editorial de Metis Europe du 20 octobre 2009

http://www.metiseurope.eu


Claude-Emmanuel Triomphe est directeur de publication et de la rédaction de Metis

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