par Philippe Gortych, le mardi 07 octobre 2008

Le 26 septembre dernier, dans le cadre de la Présidence Française de l'Union Européenne (PFUE), les langues du vieux continent étaient en fête. A cette occasion, de très nombreux responsables européens, chefs d'entreprises, traducteurs et journalistes se sont donnés rendez-vous dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, où se sont déroulés les Etats généraux du multilinguisme. Multilinguisme pour la compétitivité des entreprises, multilinguisme pour l'identité européenne et multilinguisme pour le dialogue interculturel, tels ont été les thèmes abordés.


Au siècle dernier, Fernand Braudel disait « la culture est la langue commune de l'Europe ». Dans cette affirmation, l'historien français faisait référence à l'ensemble des œuvres de l'esprit européennes telles que les livres, les musiques ou encore les peintures. Des œuvres qui s'exprimaient dans la diversité des langues et des traditions européennes. De nos jours, au fur et à mesure que l'Union européenne s'est élargie, les langues européennes ont continuellement dû répondre à de nouveaux défis.

A ce jour, avec ses 27 Etats membres et ses 495 millions d'habitants, l'Union européenne (U.E.) possède 23 langues officielles dans lesquelles l'intégralité de sa législation est traduite. Au palmarès des langues les plus parlées au sein de l'U.E., on retrouve dans l'ordre l'anglais, le français, l'allemand, l'italien et l'espagnol. Par ailleurs, selon de récentes statistiques on a appris que 56% des citoyens des Etats membres de l'Union européenne se disent capables de participer à une conversation dans une autre langue que leur langue maternelle. Enfin, il faut savoir que l'Union européenne débourse 1% de son budget annuel pour les langues, soit 2,5 euros par an et par habitant.

Toute cette série de données constitue plusieurs enjeux majeurs pour l'Union européenne. Premièrement, du point de vue de l'entreprise : il faut dire que les langues constituent un formidable vecteur de compétitivité pour les entreprises européennes. En effet, 84% des européens estiment que la maîtrise d'une ou plusieurs langues étrangères est très importante dans la vie professionnelle. Deuxièmement, du point de vue de l'identité européenne qui grâce à son multilinguisme, peut s'affirmer face aux autres grandes puissances du monde. Et enfin, troisième et dernière raison pour laquelle le multilinguisme constitue une chance pour l'Europe, c'est sa faculté de contribuer au dialogue interculturel et à la circulation des œuvres.


En définitive, il faut bien dire que le multilinguisme en Europe pourra être avant tout favorisé par l'apprentissage de plusieurs langues étrangères dès le plus jeune âge, comme le pensent 78% des européens. Et dans ce domaine, la France n'est pas un exemple à suivre. Bien que des progrès aient été faits en la matière, il y a encore quelques années, les écoliers français révisaient les jours de la semaine et les couleurs en cours d'anglais à leur entrée au collège, un âge bien trop tardif pour perfectionner les bases élémentaires d'une première langue étrangère.

Faisons vivre nos langues, faisons de nos langues une force, faisons de nos langues une richesse, car comme dit si bien un proverbe slovaque, « plus on connaît de langues, plus on est homme ».


Philippe Gortych est étudaint en relations internationales

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