par Arta Seiti, le jeudi 20 décembre 2007

Lors de sa visite officielle à Paris, le président croate Stjepan Mesic, fait l'évaluation et le pronostic du statut du Kosovo.



Si l'objectif principal de Stjepan Mesic, lors de sa visite officielle à Paris (du 16 au 18 décembre) était la mise en perspective de la Croatie, pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne et prochainement, membre non permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, son évaluation sur le devenir du Kosovo se veut fervente au regard des droits historiques des Albanais du Kosovo.

Ayant à l'esprit les années de Milosevic, le président croate étaye une synthèse édifiante de l'histoire des Albanais, comme "les descendants des illyriens arrivés même avant les romains et les slaves". Par cela, il soulève un élément majeur de la mémoire croisée de l'histoire racontée par les Serbes et les Albanais, celui de l'occupation du territoire.

Témoin déterminant de la période de Milosevic, Stjepan Mesic, fut également le dernier président de la Yougoslavie socialiste en 1991. En vertu de cette fonction, il souligne combien la définition du statut actuel du Kosovo est inséparable "des répressions terribles de Milosevic" envers les Albanais du Kosovo, "réduits en paria, n'ayant aucun droit à la langue et à la scolarité".

A ce titre, il rappelle comment Milosevic "voulait chasser des milliers d'Albanais et peupler le territoire par les serbes". Mettant en exergue "la politique erronée de la Serbie et le dessein de Milosevic sur la Grande Serbie," la vision du président croate sur le devenir du Kosovo confère au raisonnement géopolitique de la désintégration de la Fédération.

"Milosevic n'est plus là, mais il y a les conséquences"

A l'évidence, un nouveau statut du Kosovo est nécessaire pour le président croate, mais la Serbie doit tenir un discours explicite afin qu'elle puisse éclairer "quelle est son offre ? négocier sur quel appui ?".

Mettant en avant le plan Ahtisaari, comme "la meilleure base" pour le statut du Kosovo, le président croate estime, en parlant du "précédent" évoqué par la Russie, que "le Kosovo était autant un élément constitutif de la Fédération Yougoslave que les autonomies russes étaient pour leurs républiques".

Quant à une solution à la définition du statut du Kosovo, le discours du président croate se révèle parfois ambigu, surtout, quand il mentionne "qu'il vaut mieux discuter pendant dix ans que faire la guerre pendant dix jours". Certes, la paix est indispensable dans la région, mais en évoquant "l'illusion" d'un accord entre Belgrade et Pristina, il accepte, in fine, la fin des négociations.

En citant un entretien entre Milosevic et lui à propos des Albanais du Kosovo, le président croate se rappelle qu'il lui avait préconisé de " freiner la terreur envers les Albanais". Et Milosevic de répondre que " tu ne comprends pas les Albanais, ils ne connaissent que la violence : si tu les frappes au nez, ils vont te comprendre."

C'est pourquoi, pour le président, il faut se poser la question "A qui la faute?".







Arta Seiti est chercheur associé au centre de Géostratégie de l'ENS-Ulm et  coprésidente du groupe "Balkans" de l'Institut Prospective  et Sécurité en Europe (IPSE)

http://www.ipse-eu.org

Organisations en lien avec Fenêtre sur l'Europe :