Le traité d'amitié entre la France et l'Algérie qui devait sceller le réchauffement des relations bilatérales depuis la visite de Jacques Chirac à Alger en 2003 et au point mort. La visite de Philippe Douste-Blazy sur fond de polémique sur le rôle "positif" de la colonisation, l'immigration choisie, la question des harkis et l'épineux dossier sur le Sahara-Occidental, l'ont quasiment enterré.
L'Algérie et au-delà l'ensemble du pourtour méditerranéen, est revenue à la mode ces quinze dernières années ; à la fois pour ce qu'elle représente dans sa dimension historique, ses perspectives démographiques et comme potentiel lieu d'échanges et de débats sur la scène internationale - à l'heure où la formation des grands ensembles géopolitiques semble reprendre forme. Alger est ainsi l'enjeu actuel de toutes les convoitises.
Les Américains, les Russes et les Chinois, eux ne s'y sont pas trompés, en faisant de l'Algérie la caisse de résonance de leur vision stratégique dans le bassin méditerranéen et au-delà sur le continent africain.
La lutte contre le terrorisme, le nouveau dialogue méditerranéen engagé par l'OTAN avec les pays du Maghreb, la nouvelle géopolitique du gaz, l'explosion du marché de la construction sont ainsi les portes d'entrées qui semblent se refermer inexorablement sur nous
L'Algérie de Bouteflika, en tant que carrefour des relations Nord-Sud, l'est aussi en ce qui concerne les relations transversales Sud-Sud, malgré l'échec de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), en panne depuis son lancement en 1989.
La politique d'arabisation de l'enseignement et dans l'administration, le retour du FIS dans la vie politique, sont quelques uns des paradoxes qui accompagnent ce phénomène.
Cette visite est d'autant plus gâchée qu'elle s'inscrit aussi dans un contexte économique plutôt volontariste, marqué par la relance du processus de privatisation des entreprises publiques industrielles, dans la foulée de l'accord d'association signé entre l'UE et l'Algérie en 2002.
Il a ainsi été rappelé la volonté ostentatoire d'Alger de se voir reconnaître un rôle clé dans la région, à la manière du Maroc, qui s'est vu qualifié d'allié stratégique des Etats-Unis en 2003.
Peut-être avons-nous manqué l'occasion de faire de cet acte un acte plus que symbolique, qui implique plus que le rappel de notre histoire mêlée ; car en Algérie, comme ailleurs, ce n'est plus suffisant pour asseoir notre influence durable et concrète dans le monde.
Emmanuel Dupuy est secrétaire général de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) et consultant CI2S (http://www.ci2s.org)