La Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire, tandis que les négociations avec l'Iran semblent au point mort, le tout avec en arrière plan une instabilité régionale au Moyen-Orient qui s'en trouve encore aggravée.
Les puissances de demain sont toutes situées en Asie, de part et d'autres d'un axe partant de la Russie, en phase de re-légitimation stratégique - notamment grâce à l'énergie - pour englober l'Inde, la Chine et demain l'Australie qui pourrait ainsi devenir un acteur stratégique dès qu'elle se sera amendée de son actuelle subordination à Washington.
Ajoutez à cela la relance de la dynamique Sud-Sud et du non-alignement qui bénéficient tant au Brésil, de par son potentiel agro-alimentaire, qu'au Venezuela, par le biais de sa géopolitique énergétique et la lecture actuelle des relations internationales, sur laquelle la prolifération des armes de destruction massive (ADM) pèse, peut sembler dépasser largement la vision transatlantique que d'aucuns impriment comme une loi d'airain.
Ce qui frappe est ainsi de constater que malgré l'existence depuis 1968 du Traité de Non Prolifération (TNP) les programmes d'enrichissement de matière fissile (uranium, plutonium, etc) ne se soient jamais arrêtés, ce qui laisse également songeur quant à la portée réelle des sanctions
Le club nucléaire compte désormais des Etats qui n'on pas signé le TNP, à l'instar d'Israël, de l'Inde, du Pakistan, de la Corée du Nord qui s'en est retirée en 2002, sans oublier l'Afrique du Sud et le Brésil, bien que tous deux aient renoncé à leur programme militaire. On dit que l'Arabie saoudite pourrait s'y intéresser pour ne pas être en reste
Dans ce contexte, l'absence d'initiative et de lieu d'échange pertinent entre tous ces Etats est un facteur déterminant dans la crise actuelle, d'autant plus que le facteur nucléaire semble s'appuyer moins fortement sur une doctrine héritée de la guerre froide de l'emploi « potentiel » dans un face à face bi-polaire figé, et révéler davantage un désir de prise en considération du poids régional que ces Etats occupent sur la scène internationale.
Preuve supplémentaire qu'une meilleure représentativité au sein du Conseil de Sécurité de l'Onu (où aucun représentant d'Amérique latine, ni d'Afrique n'y siège comme membre permanent), un élargissement du G8 aux puissances avérées, en premier desquelles la Chine, ainsi qu'une prise en compte des réalités d'intégration régionales, dont l'UE devrait être le porte étendard sont des facteurs consubstantiels à la compréhension de la crise nucléaire que nous sommes en train d'expérimenter, pour l'instant, à nos dépens, et qui, en les intégrant, ouvriraient sans doute bien des portes à la diplomatie.
Emmanuel DUPUY est Secrétaire général de l'Institut Prospective et Sécurité de l'Europe (IPSE) et consultant CI2S (www.ci2s.org)