par Jean-Dominique Giuliani, le lundi 27 février 2012

La tourmente financière s'est quelque peu apaisée. L'économie européenne donne des signes de consolidation et quelques nouvelles rassurantes venues de ses entreprises. Les Etats de l'euro re-financent leurs dettes à des taux acceptables. La Grèce fait l'objet d'un plan de sauvetage sans précédent.
Pour autant, ce sursaut demande encore à être confirmé. Le G20 de Mexico a appelé l'Eurozone à mobiliser plus de moyens pour faire face à toute autre défaillance éventuelle d'un Etat.


A ce stade on ne compte plus les zéros et les Européens hésitent à aligner les milliards comme on le fait ailleurs. L'économie européenne, moins financière, ne tire pas sa force du papier monnaie imprimé à l'envi, mais davantage de ses fondements structurels. Elle doit donc se faire violence et ce n'est pas simple.

Le redressement impose à la Grèce une cure sévère, comme il exige la rigueur des Etats européens et la question est désormais posée du soutien populaire nécessaire à la réussite de ces mesures.

De fortes incertitudes demeurent aux Etats-Unis, dont la dette atteint désormais 107% du Produit intérieur brut et ne semble pas devoir diminuer.

Les perspectives de croissance en Europe ne sont pas encore telles qu'elles imposent un optimisme indispensable à la relance économique et on attend toujours un plan concerté à cette fin par l'Union européenne.

Enfin subsistent des déséquilibres monétaires, budgétaires et commerciaux mondiaux dont le traitement n'a pas réellement progressé.

L'Union européenne, dessinée pour des périodes plus fastes, a tardé à apporter des réponses aux défis qui lui étaient lancés, mais elle a fini par le faire, à sa manière, qui exige concertation, négociation et abnégation.

Elle doit encore parachever sa nouvelle gouvernance mais des progrès ont été réalisés, qui doivent être mis en oeuvre rapidement.

Un nouveau traité d'union fiscale sera signé le 1er mars. Même s'il peut paraître nécessaire de le compléter, il est essentiel au retour de la confiance. Il doit être ratifié au plus vite.

Le Conseil européen du 1er mars doit aussi être à la hauteur de l'enjeu.
Car les incertitudes politiques ne doivent pas peser sur le retour de la confiance sans laquelle rien n'est possible. Aux Etats-Unis, en France, en Grèce, des élections importantes vont être organisées dans l'année et l'on peut craindre qu'elles ne soient pas les meilleures conseillères dans cette période difficile...

On sait désormais qu'il faudra aller plus loin dans l'organisation d'une vraie gouvernance économique européenne et donc procéder à des réformes institutionnelles bien plus importantes que celles qui sont engagées.

On savait qu'il en était de même au niveau mondial, mais l'on attend toujours l'ébauche d'un consensus pour cela.

Ce n'est donc pas l'heure des déclarations politiques ou des programmes trop ambitieux. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est de continuité dans les efforts engagés et de pragmatisme face aux évènements. En Europe, plus qu'ailleurs!

Editorial paru sur le site: www.jd-giuliani.eu


Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman
http://www.robert-schuman.eu

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