par Catherine Veyssy, le lundi 27 février 2012

L'emploi, la formation et l'inclusion sociale sont des problématiques fondamentales pour le développement des Régions surtout dans le cadre de la stratégie EU 2020. Les Régions de la CRPM ont beaucoup milité pour le maintien du Fonds Social Européen (FSE) en tant qu'instrument de la politique régionale et pour une participation plus active en coordination avec les niveaux européen et nationaux. Catherine Veyssy, Vice-présidente du Conseil régional d'Aquitaine en charge de la formation et de l'orientation, est la Présidente du Groupe de Travail « Emploi et formation » de la CRPM, un groupe qui depuis 2003 a pour objectif de renforcer la sensibilisation et le débat sur les problématiques liées à l'emploi et la formation, l'échange des expériences et des bonnes pratiques entre les Régions et la préparation des positions politiques dans ce secteur


Enrico Mayrhofer : Mme Veyssy, vous êtes la Présidente du Groupe de Travail de la CRPM « Emploi et Formation ». Quelle est la position de ce groupe de travail sur le Fonds Social Européen (FSE) ?

Catherine Veyssy : « Nous avons un rôle clé à jouer pour faire du FSE un instrument européen au service de la politique de cohésion mais aussi un outil territorial au service de l'emploi, de l'insertion sociale et de la formation professionnelle.

Nous oeuvrons pour une meilleure efficacité et une plus grande efficience du FSE au sein des politiques d'emploi et de formation en Europe, notamment dans le cadre des négociations pour la période 2014-2020.

Nous nous félicitons ainsi de son maintien dans la politique de cohésion de l'Union européenne.

Nous sommes très attachés à l'approche territoriale développée par la Commission. La valeur et l'efficacité des investissements du FSE ne peuvent être optimales si la définition de l'instrument, et sa mise en œuvre ne font pas participer les territoires.

Nous reconnaissons l'importance de la concentration thématique mais nous attirons l'attention sur un risque de non prise en compte des besoins locaux. En effet, les priorités d'investissement définies par l'Etat membre risquent de ne pas être en adéquation avec les multiples contextes régionaux.

Nous devons, dans le contexte de crise actuelle, accompagner les évolutions du marché du travail, notamment en matière de chômage, d'accès à l'emploi pour les jeunes et d'inclusion sociale des groupes défavorisés ».

EM : Le groupe de travail s'est réuni à Bruxelles au mois de janvier et une délégation a rencontré Pervenche Bérès, Présidente de la Commission pour l'emploi et des affaires sociales au Parlement européen. Quelles sont les prochaines étapes que ce groupe s'est fixé ?

CV : « Nous serons tout d'abord très attentifs aux travaux du Parlement européen. La CRPM examinera avec attention le rapport parlementaire de Mme Morin-Chartier et nous solliciterons également la Commission Emploi présidée par Mme Bérès pour lui présenter nos positions. Au-delà, nous nous appuierons sur le secrétariat de la CRPM et les représentations de nos régions à Bruxelles pour entretenir un échange continu avec la Commission et les représentations de nos Etats. Cela nous est indispensable dans la perspective des étapes ultérieures - cadre stratégique commun, contrats de partenariat, préparation des futurs programmes opérationnels qui se dérouleront dans un délai très serré. Notre groupe devra donc se montrer très mobilisé ».


EM : La Région Aquitaine s'est beaucoup impliquée sur les thèmes de l'emploi et de la formation. Pouvez vous nous donner un exemple de mise en œuvre sur le terrain d'un projet sur ces thématiques ?

CV : « L'Aquitaine est l'une des deux Régions françaises volontaires qui expérimente la formation des personnes détenues en milieu carcéral, jusqu'à fin 2013.

Grâce au soutien du Fonds Social Européen, la Région souhaite développer une politique régionale de la formation pour ces publics pour leur permettre une meilleure réinsertion leur facilitant l'accès à la qualification professionnelle.

Ces nouvelles actions bénéficient à près de 150 détenus grâce à des plans de formation individualisés élaborés en concertation avec la Région et les acteurs locaux.

La Région Aquitaine a également adopté à l'unanimité une « politique régionale de la nouvelle chance » pour les jeunes les plus éloignés de l'emploi, en privilégiant notamment la nouvelle chance par l'alternance et des actions de mobilisation individuelles et collectives « Aquitaine Cap Nouvelle Chance ».

Enfin, le FSE soutient les actions d'accompagnement des mutations économiques par la formation pour maintenir l'emploi sur les territoires en difficultés, grâce au développement des compétences des salariés et aussi des demandeurs d'emploi de ces territoires ».

EM : La crise en Europe est aussi une crise sociale et de l'emploi. Comment les Régions peuvent contribuer à stimuler la croissance et la création d'emploi ?

CV : « En décembre 2011, la Commission européenne a fait paraître une communication sur les perspectives d'emploi des jeunes. Un des constats cuisants est celui de l'inadéquation sur le marché du travail entre l'offre et la demande d'emploi.

Il apparaît que les Etats membres disposent de 30 milliards d'euros, au titre des programmes du FSE, qui n'ont pas encore été engagés en faveur d'activités concrètes. Cette situation est inacceptable dans le contexte de crise auquel nous sommes confrontés, avec des taux de chômage en constante progression.

Les crédits du FSE doivent être utilisés de manière plus efficace et efficiente, pour soutenir des projets-phares, ambitieux, proposant des actions immédiates et efficaces pour renforcer la croissance en créant de nouveaux emplois.

Nous devons, en tant que Régions, trouver des solutions à cette crise sociale.

A ce titre, le groupe de travail Emploi et Formation permet d'échanger des bonnes pratiques, de mutualiser les expériences et ainsi de proposer des actions innovantes au sein des Etats membres.

Nous devons trouver les domaines les plus pertinents pour répondre à cette problématique tels que la promotion de l'esprit d'entreprise, la prévention du décrochage scolaire, l'apprentissage tout au long de la vie ou encore l'accès à la qualification des jeunes en difficulté, et associer l'ensemble des partenaires sociaux ».


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