Le surgissement de la jeunesse et du peuple tunisien sur la scène mondiale est une très bonne nouvelle pour tous les peuples du monde. Il montre qu'une voie de l'émancipation est possible. Ils sont en train de faire la première révolution de ce 21e siècle. Nous sommes à leurs côtés ; aux côtés de toutes les forces démocratiques.
Nous souhaitons ardemment que ce peuple sage, tolérant, cultivé réussisse la transition démocratique. Ils ont d'autant plus notre soutien que nous avons à cur de laver l'honneur souillé de la patrie des droits de l'homme par les dirigeants de notre pays et ceux de l'Union Européenne qui auront soutenu l'autocrate dictateur corrompu Ben Ali et sa clique jusqu'à la dernière minute.
Il se dit aujourd'hui que nos ministres et le président de la République lui-même auraient mal apprécié la situation ou auraient fait des erreurs d'appréciation à cause de certains services d'Etat mal renseignés. Ce serait risible si ce n'était si triste. Il ne s'agit pas d'erreurs. Il s'agit d'une politique. Cela a été leur politique, décidée en conscience parce qu'ils se situent de ce côté de la barrière : celui des puissants contre la démocratie et les peuples. Non seulement cela ne grandit pas notre pays, mais cela lui cause et lui causera un lourd préjudice.
Nous souhaitons maintenant que les autorités provisoires tunisiennes créent les conditions pour assurer la sécurité des populations et mettent fin à la terreur, aux exactions et aux pillages commis par des bandes dont tout indique désormais qu'elles sont liées au clan des vaincus.
La Révolution de Jasmin ne doit être ni souillée, ni trahie, ni volée au peuple tunisien qui n'a pas pu voter librement depuis 23 ans. Cette révolution ne doit être ni détournée ni confisquée. Rien ne serait pire que des faux semblants, qu'un aménagement du régime sans Ben Ali ; cela est vrai pour les principes démocratiques mais cela est aussi vrai pour la vie économique et sociale.
Ce qui a été confisqué par l'ancien régime doit être rendu au peuple.
L'Union Européenne, qui a des accords de coopération et d'association avec la Tunisie, doit dans la période actuelle être active pour reconnaitre le droit du peuple tunisien de choisir sa voie démocratique vers le changement qu'il souhaite, dans le respect du pluralisme politique mais aussi dans le respect de sa liberté de disposer de sa souveraineté économique et d'évoluer vers le progrès social .
Les travailleurs, la jeunesse et le peuple tunisien tout comme les forces progressistes peuvent être assurés de notre vigilance.
Saint-Denis, le 16 janvier 2011, 14h00
Patrick Le Hyaric est Vice-président du groupe de la Gauche Unitaire Européenne /Gauche Verte Nordique au Parlement européen et Directeur de L'Humanité