par Partick Martin-Genier, le mercredi 09 février 2011

À la suite du conseil européen extraordinaire de vendredi 4 février, l'Europe concentrique semble se mettre en place sous la houlette de la France et l'Allemagne.


Le « club » euro

Les deux chefs d'Etat et de gouvernement ont ainsi décidé, si l'on en croit la conférence de presse du président de la République, de rassembler uniquement les Etats de la zone euro afin de déterminer les modalités du pacte de compétitivité.

Sil s'agit en effet de montrer la détermination de l'Europe à sauver l'euro et à le mettre à l'abri de toute faiblesse, on ne peut que se féliciter de cette initiative. Ce qui montre la détermination des Etats de la zone euro de continuer à poursuivre la coopération dans ce domaine.

Cependant, les participants à ce sommet semble avoir ressenti un certain trouble. D'une part, on ne connaît pas encore vraiment ce que seront les modalités de ce pacte. On parle ainsi de ne plus aligner les salaires sur l'inflation, de « surveiller » les salaires de la fonction publique, de mettre en place un régime favorable aux entreprises, notamment sur le plan du travail, voire sur celui de la législation du travail…

L'Allemagne : le meilleur modèle ?

On sent bien, à travers cette initiative ambitieuse, qu'Angela Merkel semble avoir pris ‘l'ascendant sur ses pairs en poussant son avantage : il faut, dit-elle, s'aligner sur ce qu'il y a de meilleur.

On comprendra que le modèle allemand est donc le meilleur pour faire face à la crise, soit une durée de travail hebdomadaire d'au moins 42 ans, le report de l'âge de départ à la retraite qui pourrait aller jusqu'à 67 ans dans tous les pays de l'Union européenne, la réduction des avantages sociaux.

Cela est risqué à quelques encablures de la future élection présidentielle en France.

La France et l'Allemagne ont également enfoncé le clou en excluant de fait, du moins, dans un premier temps, les pays non-membres de la zone euro. Si, comme le disait récemment Laurent Wauqiuez, ministre des affaires européennes, ceux qui ne veulent pas prendre le train ne peuvent empêcher celui-ci de se mettre en marche et d'avancer, il est certain que ceux qui se sentiraient exclus pourraient empêcher celui-ci de prendre son rythme de croisière alors qu'il est déjà exclu qu'il fonctionne comme un TGV.

Des risques et incertitudes

Conscient de ce risque, Nicolas Sarkozy a fait comprendre, lors de sa conférence de presse, que les pays qui souhaiteraient s'adjoindre à la démarche seraient les bienvenus…Ce sont les « 17+ ». Puis en fin de compte, les 27 devraient tout de même se prononcer sur les mesures décidées…

Pour 'heure on a du mal à comprendre comment ce triple attelage va pouvoir se mettre en marche et devenir opérationnel.

Au passage, on remarquera une fois de plus, que c'est le président permanent du conseil européen, Herman Van Rompuy, qui a été chargé de formuler des propositions. La Commission, une fois de plus, a été aux abonnés absents…Du moins, publiquement. Il serait intéressant que son président fasse savoir comment il entend jouer son rôle institutionnel…



Patrick Martin-Genier est Maître de conférence à l'Institut d'études politiques de Paris, spécialiste des questions européennes.

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