L'ONU peut être fière d'avoir permis à la Côte d'Ivoire de retrouver la légalité.
La France peut s'honorer d'avoir, avec doigté, retenue et professionalisme, mis sa force à son service, à celui de la paix.
Elle s'est aussi exposée en Libye, avec ses partenaires, notamment européens, au nom du même impératif: empêcher des massacres qu'on ne veut plus voir.
Les Européens risquent de se trouver plus fréquemment confrontés à ce type de problématique. Le refus de la guerre est un grand succès de l'unification européenne. Il a longtemps prospéré sous le parapluie de l'allié américain. Il a rayonné dans un monde plus pacifique et vraisemblablement gagné beaucoup de coeurs sur la planète.
Pour autant, il y aura toujours des circonstances ou l'usage de la force, limitée, partagée, reconnue, sera nécessaire pour rétablir la légalité, défendre l'humanité ou assurer la sécurité et l'Europe doit désormais y faire face plus résolument.
Ainsi, la Libye de Khadafi rejette même toute idée d'intervention humanitaire et poursuit ses exactions contre son propre peuple, justifiant, s'il en était besoin, que certains Etats membres aient refusé la fatalité en s'engageant pour le protéger.
S'il est difficile d'imaginer que les institutions européennes soient aujourd'hui en mesure de réagir comme à Abidjan, il faut se féliciter que des Etats européens aient accepté d'entreprendre une telle action, si risquée. Elle est difficile mais doit être conduite jusqu'au bout.
Alors sera venue d'Europe une détermination et un véritable engagement en faveur des droits de la personne, de l'état de droit et de la paix.
Il s'agit peut-être d'une voie nouvelle qui permettra à l'Europe de retrouver sa voix.
Editorial paru sur le site: www.jd-giuliani.eu
Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman
http://wwww.robert-schuman.eu