par Christa Ludwig, le mardi 03 mai 2011

La 7ème Semaine Européenne de l'Energie durable s'est déroulée du 11 au 15 avril dans une quarantaine de pays d'Europe et a rassemblé près de 30.000 participants. Cette série d'évènements destinés à promouvoir la consommation durable d'énergie constitue le point fort de l'action de l'UE en la matière. Expositions, conférences, concerts, débats, projections de films… : le public avait l'embarras du choix pour s'informer sur les problématiques relatives à l'efficience énergétique et aux énergies renouvelables. Retour sur les origines de cette initiative et sur une semaine riche en mobilisations et en débats…


Une initiative lancée en 2005 par la DG Energie et Transports

La Semaine Européenne de l'Energie durable est née de la volonté des institutions communautaires de générer une véritable prise de conscience au sein du grand public concernant les avantages des sources d'énergie renouvelable. D'ici 2020, les pays de l'Union européenne devront en effet avoir franchi la barre des 20 % en termes d'énergies durables (la moyenne communautaire étant actuellement de l'ordre de 9 %).

Pour atteindre ce résultat ambitieux et, à terme, le dépasser, les consommateurs, les entreprises et les collectivités locales doivent être activement sensibilisés aux impératifs énergétiques d'aujourd'hui et de demain.

De même que la promotion du recours aux énergies durables s'inscrivait parfaitement dans la Stratégie de Lisbonne -dont les maître-mots étaient la connaissance et la compétitivité, la problématique de l'efficience énergétique constitue une pièce centrale de l'Agenda 2020 de l'Union Européenne.

Dans cette optique, la Commission Européenne a lancé en 2005 la Semaine Européenne de l'Energie durable. Placée sous le patronage de la Direction Générale de l'Energie et des Transports et organisée par l'Agence Exécutive pour la Compétitivité et l'Innovation, elle est rapidement devenue l'évènement le plus marquant de l'action de l'UE en matière de sensibilisation du grand public aux problématiques de l'énergie durable. Elle bénéficie en effet chaque année d'une couverture médiatique importante qui accentue son rayonnement : ainsi, elle constitue un temps fort des débats environnementaux à l'échelle communautaire.

Les enjeux spécifiques à l'édition 2011 de la Semaine Européenne de l'Energie durable :

En cette année 2011, l'enjeu de la sensibilisation du grand public aux avantages de l'énergie durable était triple. D'une part, l'édition 2011 de la Semaine Européenne de l'Energie durable a été l'occasion de faire le point sur le degré de mobilisation des opinions publiques européennes par rapport aux problématiques environnementales. Un an avant la Conférence des Nations-Unies pour le Développement Durable (qui se tiendra en juin 2012 à Rio de Janeiro), un tel bilan est indispensable pour permettre à l'Union Européenne d'identifier ses priorités, ses forces et ses faiblesses dans ce domaine et pour lui permettre de peser dans les débats à l'échelle internationale.
D'autre part, le dernier baromètre Eurobserv'ER a révélé que si les progrès des Etats de l'Union Européenne en matière d'énergies renouvelables sont nets depuis ces dernières années, les efforts en la matière doivent être activement poursuivis. Même si le pétrole reste la principale source d'énergie dans l'UE des 27 avec 37% de la consommation totale intérieure d'énergie en 2009, les Etats membres ont clairement restructuré leur energy mix : à l'échelle de l'UE, la part des énergies renouvelables dans ce policy mix est progressivement passée de 5% de la consommation intérieure brute d'énergie en 1999 à 9% en 2009.

Mais malgré ce résultat général encourageant, un certain nombre d'objectifs fixés par le Livre Blanc sur les Energies Renouvelables n'ont pas encore été atteints. Ainsi, en matière de solaire thermique, le parc européen de 35,6 millions de m2 se situe bien en deçà de l'objectif de 100 millions de m2 prévu par le Livre Blanc. De même, les Etats doivent redoubler d'efforts dans le secteur du biogaz, ce dernier restant encore nettement "à la traîne" : seuls 8,7 Mtep de biogaz sont produits à l'année à l'échelle communautaire, contre l'objectif de 15 Mteps fixé par le Livre Blanc.

Enfin, le baromètre Eurobserv'ER a permis de mettre en évidence d'importantes différences de rythme au sein de l'UE en matière de ‘transition énergétique' : ces dernières sont dues à des considérations économiques, environnementales et géopolitiques mais également à des facteurs culturels : alors que certains Etats membres peuvent aujourd'hui prétendre incarner un véritable mode de vie écologique, d'autres Etats sont malheureusement encore trop peu consciencieux en matière de développement durable. D'une manière générale, entre 1999 et 2009, les progrès les plus rapides en matière de passage aux énergies durables ont été observés au Danemark (17% d'énergies renouvelables en 2009 contre 8% en 1999), en Suède (34% en 2009 contre 27% en 1999), en Allemagne (8% en 2009 contre 2% en 1999), au Portugal (19% en 2009 contre 13% en 1999) et en Slovaquie (7% en 2009 contre 3% en 1999).

En revanche, un pays comme la France n'a que peu progressé en la matière depuis 2000 : cette année là, les énergies durables représentaient 6,5% de la consommation intérieure brute d'énergie. Or en 2009, cette part n'était toujours que de 7,5%. Face à ces différences de rythme en matière de passage aux énergies renouvelables, l'édition 2011 de la Semaine Européenne de l'Energie Durable était destinée à générer un véritable mimétisme des ‘mauvais élèves' par rapport aux Etats européens pionniers dans le secteur du développement durable. C'est ainsi que l'Islande a été mise à l'honneur dans le cadre de plusieurs manifestations proposées à Bruxelles.

Une semaine ponctuée d'évènements originaux, divers et accessibles à tous :

De par leur diversité et leur originalité, les 600 manifestations organisées dans toute l'Europe à l'occasion de l'édition 2011 ont permis de sensibiliser un large public aux problématiques des énergies durables, et ce à travers une approche exempte à la fois de démagogie et d'élitisme.

Les ‘Energy Days' organisés par les collectivités publiques, par des entreprises et par des acteurs du monde associatif dans 43 pays européens ont été ponctués de conférences, de débats, de spectacles vivants, de projections de films et même de concerts. On peut ainsi mentionner l''Apéro Entreprendre Vert : l'énergie verte en ville' organisé le 13 avril à Paris par l'association Entreprendre Vert, le "Cork Energy Cluster Workshop" qui s'est tenu le même jour à Cork (Irlande) et a réuni des consommateurs, des dirigeants d'entreprise et des scientifiques, la conférence "Environnement- Technology- Innovation" qui s'est tenue le 16 avril à Gdansk (Pologne), les "Eco Driving Seminars" proposés par Coca Cola durant toute la semaine dans plusieurs grandes villes grecques ou bien encore l'exposition "Dancing Solar Flowers" présentée durant toute la semaine à Bruxelles.

Malgré la dimension décentralisée des Semaines Européennes de l'Energie Durable –dimension ouvertement souhaitée et promue par la Commission Européenne, Bruxelles est de facto restée au cœur des évènements : ceci s'explique bien entendu par son statut de capitale européenne, qui justifie une programmation riche et ambitieuse. Plus de 130 manifestations ont ainsi été proposées à Bruxelles du 9 au 17 avril, dont des évènements particulièrement originaux comme l'inauguration d'un trottoir producteur d'énergie par la ministre bruxelloise de l'Energie et de l'Environnement Evelyne Huytebroeck.

Le point d'orgue de la semaine : la remise du "Sustainable Energy Europe Award"

Malgré la créativité dont les organisateurs de toutes ces manifestations ont fait preuve, la remise du "Sustainable Energy Europe Award" a sans conteste constitué le point d'orgue de cette édition 2011 de la Semaine Européenne de l'Energie Durable. Depuis cinq ans, ce prix vient récompenser des projets novateurs dans le domaine des énergies renouvelables et de l'utilisation efficiente des ressources énergétiques.

Les projets participant à la compétition sont étudiés par un Comité Technique composé d'experts indépendants. Ces projets en lice sont classés en six catégories thématiques : les projets entrant dans la rubrique "Communicating" sont destinés à attirer l'attention du grand public sur les problématiques relatives à notre avenir énergétique et à générer un sens des responsabilités en matière de consommation quotidienne d'énergie. Les projets se classant dans la rubrique "Consuming" visent quant à eux faciliter la réduction de la consommation d'énergie, tandis que les projets de la rubrique "Learning" ont pour but de contribuer au développement d'une connaissance théorique et appliquée étendue en matière d'énergies durables. La catégorie "Living" rassemble des projets qui ont pour but d'améliorer l'"intelligence énergétique" dans les bâtiments (bureaux, habitations, entrepôts, lieux publics …). Enfin, les rubriques "Producing" et "Travelling" rassemblent des projets promouvant respectivement la production d'énergie renouvelable et la mise en place de transports économes en énergie.

Ces six rubriques correspondent aux différentes facettes de l'enjeu des énergies renouvelables.

Cette année, plus de 300 projets novateurs ont participé à la compétition et le processus de sélection s'est avéré particulièrement ardu pour le Comité technique. Un projet a été finalement récompensé dans chacune des rubriques précédemment mentionnées. Les prix ont été remis lors d'une prestigieuse cérémonie qui s'est déroulée le 12 avril à Bruxelles.

A titre d'exemple, le projet "Solar Decathlon Europe" porté par l'Université autonome de Madrid a été récompensée dans la catégorie "Communicating". Lancé en 2006 et prenant la forme d'une compétition internationale dans le cadre de laquelle des grandes universités designent et construisent des bâtiments auto-suffisants en énergie, il invite le grand public à découvrir la notion d'"intelligence énergétique". Le Village Solaire né de cette initiative a en effet déjà été visité par plus de 200.000 personnes. Les autres projets récompensés sont "Strawberry Tree" (Serbie, dans la catégorie "Consuming"), "Energy Detectives at School" (Autriche, dans la catégorie "Learning"), "Demonstration Project for the Renovation of Multifamily Buildings" (Bulgarie, dans la catégorie "Living"), "Cycling City Councillors" (Allemagne, dans la catégorie "Travelling") et "Renault Tanger Méditerranée" (France, dans la catégorie "Producing").

De par leur contenu, leur consortium et leurs objectifs, ces projets illustrent la créativité européenne actuelle dans le domaine de l'efficience énergétique. Ils sont autant d'appels à poursuivre sur la voie de cette inventivité.


Christa Ludwig est étudiante en Master 2 « Politiques Européennes » de l'IEP de Strasbourg

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