par Pierre-Franck HERBINET, le mercredi 06 juillet 2011

La guerre économique fait rage, le peuple souffre, les équilibres internationaux mutent, les écosystèmes sont en danger, le choc de la mondialisation fait des ravages, les grilles de lecture sont dépassées. L'Union européenne est inapte à impulser un sursaut, la digue est rompue !



Une certaine idée de l'Europe


L'idéologie nationaliste et populiste se déploie sur le terreau malodorant de l'abandon des classes moyennes et de l'incurie des élites cupides accusées de spolier les classes moyennes. Selon les dires mensongers, entre nationalisme et fascisme, la politique est souillée honteusement par les acteurs de lobbying international intervenant dans le microcosme bruxellois du " TRIANGLE ". La vie pour le pouvoir ou le pouvoir pour la vie ? Désormais la Toile est devenue un lieu de débats pluriels. Au sein du village global naît le contre-pouvoir sous l'impulsion essentiellement de la société civile et des citoyens éclairés.

Le pouvoir fait rêver, si bien que les " forts en web " émulent les forts en thème. Fasciné ! Fascinant ! Quand la conduite de l'action publique suscite les plus folles passions. Exalté ! Exaltant ! Culture de l'élégance ou culture de la cruauté ? Savez-vous que la phrase de saint Just " Un peuple est libre (...) quand il est réglé par des lois " est ressentie comme une humiliante onde de choc par les citoyens, creusant un peu plus encore l'abîme entre les puissants et le peuple. Luxure, luxe, médias, connivence politique façonnent la légende des représentants et des administrateurs décriés avec cynisme.

Les " cercles restreints " , les dîners mondains enflamment l'opinion publique partagée entre brumes et poussières d'étoile. Exaltant ! Exalté ! Telle une perle dans la rosée matinale, et si notre songe universel ne serait autre que de cueillir le POUVOIR pour la VIE ? La vie pour le pouvoir et le pouvoir pour la vie ! Comme Stéphane Hessel, la société civile s'indigne sur la Toile avec une conscience citoyenne.

La terre, l'eau, l'air, le climat, la faune, la flore et toutes les autres ressources naturelles offertes par la planète sont régulièrement sacrifiés sur l'autel du système en vigueur des intérêts économiques. Comment donner du sens au développement soutenable ? Comment définir la notion aux sens industriels et économiques de la terminologie " soutenabilité " ? Dans un avenir proche, il s'agit de mettre en perspective l'efficacité économique, la justice sociale et la préservation de nos ressources naturelles au sein d'un cercle vertueux, sobre et solidaire assurant la croissance qualitative, la redéfinition de la relation producteur / consommateur et donnant la priorité aux enjeux de très long terme ; le but ultime étant l'obligation de la protection des générations futures.

Gardienne de notre " mémoire collective ", l'Europe est d'une moralité exemplaire. Brassant plus de 500 millions d'âmes, cette œuvre monumentale au prototype évolutif possède un marché communautaire solvable. Pour autant le prototype, aussi performant soit-il est régulièrement assassiné par le populisme, soit un mal-être persistant aux relents xénophobes. Pour les progressistes européens, la crise de la démocratie européenne persiste et signe sa maléfique et contagieuse aura. Le populisme monte en puissance captant les suffrages par le biais d'une parole publique reposant sur quatre thématiques : la défiance citoyenne vis-à-vis des élites politiciennes, la sombre violence vociférée quotidiennement dans nos rues, la crise systémique et financière et la mondialisation. Née de l'acceptation du partage de la souveraineté, l'Europe est en mouvement, elle vit, elle veille, elle bâtit l'ordre mondial dans une perspective de très long terme. L'Europe édicte des règles et des normes, elle fait prévaloir l'esprit de coopération. Pour peser sur notre destin en commun, elle doit outre les classiques - innovations, droits humains, esprit de conquête - s'abstraire du désastre écologique, incarner une harmonie, équilibrer l'égalité et l'efficacité économique en appuyant sur le levier fiscal, empêcher les dictateurs de s'accrocher sottement au pouvoir et mettre un terme au populisme.

Des grandes heures de l'Histoire européenne aimons-nous irriguer l'espace publique européen de ces heureux événements, comme par exemple l'euro, la charte des droits fondamentaux, la citoyenneté européenne, la réunification du continent européen, le Parlement européen, le Marché unique et la zone Schengen. Pour truisme, le Marché unique est défini comme " un espace sans frontières intérieures au sein duquel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée ". L'espace Schengen fut intégré par le traité d'Amsterdam (1997) permettant de facto, pour les États membres signataires de l'accord, une ouverture des frontières ainsi qu' une libre circulation des personnes. L'échec est souvent le reflet d'une vision stratégique défaillante.

L'Histoire européenne nous enseigne que les règlements de compte n'aboutissent jamais sur des contes de fées. Et si les grands défis européens d'un avenir proche m'étaient contés ? Le budget européen met en perspective les variables financières, socio-économiques et d'intégration européenne. De l'attrait de la lumière au goût de l'ombre, la jeune élite constate les joies et les craintes dégagées par l'agenda bruxellois - la réforme de l'espace Schengen et la politique migratoire de l'Union européenne, la crise économique et financière, l'entrée de la Croatie, la volatilité des matières premières, le logement social face à la crise ( attentes des populations / efficacité énergétique ) - dont l'écueil principal est la limite de la solidarité des Vingt-Sept.

D'autant plus que notre liberté éduquée au sujet de l'acception fédérale de la construction européenne, glissant de l'émotion vers l'objectivité, demande une nouvelle gouvernance économique, une régulation financière et une réforme du système monétaire international. N'ayant de cesse de porter le renouvellement programmatique et générationnel, notre génération de transition imagine.


Une voilure ... Des ailes pour le fédéralisme


Et si nous imaginions de nouveaux instruments numériques uniformisant l'espace numérique européen ? L'espace qu'il soit géographique, territorial, politique ou juridique est irrigué de multiples sources. Ce que nous appelons de nos vœux, loin de la petite musique élyséenne, mais proche de l'opus strasbourgeois, ce sont le développement de novateurs instruments numériques ayant pour objet l'irrigation du territoire public européen. Par exemple, les libertés individuelles comme la démocratie européenne seront pollinisatrices aux communautés apprenantes, lesquelles seront interconnectées à la société civile, aux responsables économiques et politiques et aux leaders d'opinions. Chaque acteur prendra sa place dans les débats citoyens et pluriels au sein de réseaux interconnectés à l'échelle européenne. En effet, la cybercommunication citoyenne et interconnectée est un outil au service de notre " européanité " grâce aux " passeurs de messages " dans le cadre plus général du processus d'unification européenne. Se sentir européen. Être fier de sa citoyenneté européenne. Militer en faveur de l'acception fédérale de la construction européenne. Ne jamais faillir, mais brandir ! A l'aune des défis imposés par la mondialisation, l'Union européenne serait-elle exemplaire ?

Quand la déferlante populiste hurle - compétition, cynisme, protectionnisme, tradition et égoïsme - les europhiles murmurent - éthique, modernité, régulation, démocratie, coopération et libre-échangisme - telle naquit l'idée européenne, comme les Pères fondateurs la conçurent. Au sein du village global, les identités sont plurielles avec de beaux regards citoyens. La vision fédéraliste fait entendre l'unicité de nos voix au sujet - de l'arrêt immédiat de toutes stratégies nationales dans la conduite des affaires et de l'action publique, l'intensification du processus d'unification européenne, la défense de notre " européanité ", la création de fleurons industriels européens compétitifs et l'excellence de notre système universitaire européen.

Emailler l'Europe, c'est construire une articulation donnant à la " perle " sa raison d'être, son sens profond, son esprit extrait des Lumières. Une certaine idée de l'Europe, c'est le refus catégorique du fantôme américain ultra libéral hantant les arcanes solidaires de l'Union européenne. Si l'action publique des affaires européennes ne s'inscrit qu'autour des logiques de marchés, d'économie libérale sans composante sociale, de capitalisme sauvage, alors les jeunes générations se détourneront de l'acception fédérale de la construction européenne, avec pour incidence le rejet de leur citoyenneté européenne.

Prévue par le traité de Maastricht (1992), la monnaie unique succéda à l'European Currency Unit (ECU). Eu égard les turpitudes monétaires de la zone euro, il n'en demeure pas moins illusoire de vouloir sauver un pays au nom de l'euro sans exiger de lui d'importants sacrifices à planifier dans un calendrier contraignant. Notre monnaie unique, c'est l'euro. Cette monnaie exprime une vision du monde, une logique économique, une confiance permettant l'échange commercial. Sortir de l'euro, même temporairement, reviendrait à humilier les occidentaux du vieux continent. Notre génération de transition demande une nouvelle politique économique européenne avec une nouvelle gouvernance et de nouveaux outils, exige d'assainir la zone euro, de neutraliser chaque risque de contagion d'un pays vers son voisin européen, de mettre un terme définitif aux fraudes fiscales et aux prébendes.


L'Europe inscrira sa destinée pacificatrice, influente, vertueuse, prospère et solidaire qu'à la condition de fixer des objectifs durables basés sur les enjeux les plus importants.


Pierre Herbinet est Secrétaire Général du Bureau Départemental du Mouvement Démocrate Jura. 

Il est aussi membre de la Commission Énergie-Climat du Mouvement Européen (responsable Louis Jourdan/2010).

http://www.mouvement-europeen.eu/-Contact,1052-

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