par Jean-Dominique Giuliani, le dimanche 20 novembre 2011

Il faut lire en détail le programme adopté par la CDU lors de son congrès de Leipzig le 15 novembre. Il contient des indications précieuses sur les évolutions que pourrait connaître l'Union européenne si certains des partenaires de l'Allemagne, au premier desquels la France, comme le rappelle ce document, décidaient d'y donner de l'écho.


Le parti de la Chancelière Merkel n'a pas manié la langue de bois.

Certes il rappelle des positions traditionnelles de l'Allemagne, premier contributeur depuis toujours aux dépenses européennes. La Banque centrale doit rester indépendante, la mutualisation des dettes n'est pas conforme à l'esprit des engagements pris et il est indispensable de rétablir l'équilibre des finances publiques des Etats européens.

Mais ce texte marque aussi des évolutions désormais entérinées. Il accepte pour la BCE un rôle de garant en dernier recours lorsqu'il n'est plus possible de faire autrement. Il souhaite l'instauration d'un véritable Fonds monétaire européen, d'une taxe sur les transactions financières et d'une vraie régulation des marchés financiers.

Enfin, ce programme évoque ouvertement de nouvelles avancées vers un véritable fédéralisme, pas seulement économique. La CDU se prononce pour l'élection du président de la Commission au suffrage universel, souhaite que le Parlement européen reflète enfin les réalités démographiques et revendique pour lui et pour le Conseil, le droit d'initiative législative aujourd'hui réservé à la Commission. Il s'agit là de l'organisation démocratique des pouvoirs au sein d'une fédération.

Ces prises de position traduisent la réaffirmation de l'engagement européen de l'Allemagne toute entière car les socialistes allemands ne sont pas éloignés de cette posture.

Elles démentent les commentaires trop rapides sur la politique allemande et ouvrent de nouvelles perspectives. L'Allemagne est prête au grand saut fédéral pour peu que l'Europe respecte les principes élémentaires de la démocratie. Un Parlement européen où chaque citoyen est également représenté serait totalement légitime pour légiférer. Un Exécutif européen élu agirait différemment et devrait rendre des comptes.

Elles appellent rapidement des réponses politiques de la part des partenaires de l'Allemagne et en premier lieu de la France.

C'est au couple franco-allemand et à ceux des Etats qui y sont prêts, de relancer au plus vite le processus d'intégration et de le faire démocratiquement en présentant de telles propositions lors d'élections générales, comme, par exemple, en France au printemps prochain.
C'est le meilleur moyen de mettre fin à la crise de confiance que traverse l'Europe qui s'unifie.

Lever les doutes sur la volonté des Européens de parachever l'unification du continent et donner aux peuples l'occasion de le faire démocratiquement, ferait taire les plus sceptiques. Ce serait la preuve que l'Europe unie entend occuper toute sa place dans le monde en défendant son modèle d'économie sociale, libre et solidaire et en acceptant de rivaliser avec les autres pour le promouvoir.

On pourrait alors encore s'enthousiasmer pour cette construction unique dans l'histoire, celle du rapprochement volontaire de peuples qui préservent leurs identités et mettent en commun leurs atouts pour porter un message dont le monde a, manifestement, un grand besoin.

Editorial paru sur le site:http://www.jd-giuliani.eu


Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Scuman

http://www.robert-schuman.eu

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