par Marine Dubost, le mercredi 24 février 2010

Les TIC constituent le soubassement de l'économie moderne, une source d'innovation majeure et un secteur d'une importance croissante. Il s'agit en fait d'un moteur essentiel à l'amélioration de la compétitivité de l'Europe," c'est en ces mots que Viviane Reding, ancienne Commissaire à la Société de l'Information et aux Médias présente le secteur des nouvelles technologies de l'information.


Les TIC sont aujourd'hui au cœur de nos sociétés de consommation. Au fil des années de nouveaux besoins sont apparus. Ordinateurs portables, téléphones mobiles, GPS font désormais parti de notre quotidien, au point d'être devenus indispensables aux yeux de beaucoup. Le rythme effréné des découvertes scientifiques alimentent chez les consommateurs une soif toujours plus grande de nouveaux produits innovants. La concurrence impose une force d'innovation sans précédent. Le rythme des découvertes s'emballe, le consommateur est de plus en plus exigent, la compétition est rude.

Les Etats-Unis et le Japon dominent le secteur de l'informatique et de l'électronique grand public. Il est temps pour l'UE de prouver ses capacités en recherche et développement en la matière. Plusieurs défis sont à relever. Il s'agit tout d'abord de créer un véritable "marché unique des télécommunications" en réduisant les disparités juridiques, techniques et économiques entre les Etats membres. Dès 2005, la Commission européennes avait défini un cadre stratégique appelé "i2010". Ce cadre visait la mise en place d'une société de l'information pour la croissance et l'emploi, selon les principes édictés par la stratégie de Lisbonne révisée. Cinq ans plus tard le bilan est mitigé. Le 14ème rapport d'avancement de la Commission européenne souligne les réussites et faiblesses du plan. Parmi les succès on peut compter la première place mondiale qu'occupe l'Europe pour les services de téléphonie mobile. Le taux d'abonnement couvre 119% de la population européenne contre 84% au Japon et 87% aux Etats-Unis. A cela s'ajoute le nombre croissant des connexions internet dont bénéficie 75% des citoyens européens. Ces bons résultats cachent cependant les disparités intra-européennes. La Pologne, la Slovaquie et la Lettonie ne consacrent qu'1% de leur budget R&D aux TIC loin derrière la Suède, le Danemark et la Finlande. Les investissements publics et privés en R&D dans le secteur restent insuffisants. Selon le rapport, l'absence de projets financés par les entreprises expliquerait "85% du fossé qui sépare l'Union Européenne des Etats-Unis."

L'UE dépense environ moitié moins que les Etats-Unis en R&D sur les TIC. Sa spécialisation dans des sous-secteurs à faible intensité de recherche creuse davantage le fossé. Pour pallier cette carence en financement privé et public, la Commission a récemment annoncé une augmentation des fonds alloués. Ils passeraient de 1,1 milliards d'euros en 2010 à 1,7 milliards d'ici 2013. Afin de se démarquer de ses concurrents, la Commission mise sur les "TIC de rupture" : les robots compagnons, les surpercalculateurs… Cette révolution technologique ne se fera pas sans les Etats membres. La Commission les invite à doubler les fonds alloués à la recherche. Malheureusement ce ne sont que des recommandations, qui en période de crise risquent de rester lettre morte. L'innovation doit reposer sur une coopération intra-européenne. La volonté politique européenne ne sera pas suffisante si les Etats membres ne soutiennent pas au niveau national le secteur.

La fragmentation du marché pèse lourd. Pourtant l'UE ne manque pas d'ambition. Fin 2008, l'institut européen d'innovation a ouvert ses portes, avec l'ambition de devenir l'équivalent européen du célèbre Massachussets Institute of Technology (MIT) américain. Sa mission principale est d'impulser la création des premières « communautés européennes de la connaissance et de l'innovation ». Ces dernières doivent comprendre au moins trois partenaires indépendants de 3 états membres différents, ainsi qu'un centre de recherche et une entreprise privée. Le secteur des TIC a été retenu comme domaine de travail prioritaire pour les premières communautés, au même titre que les énergies renouvelables et le changement climatique. L'avenir nous dira si ces Systèmes d'Innovation (SI) d'un nouveau genre seront à la hauteur des espérances européennes en termes d'innovation.

Paru dans la Lettre d'Europe et Entreprises n°52 de février 2010


Marine Dubost est chargée de mission à Europe et Entreprises

http://europe-entreprises.com

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