par Xavier Grosclaude, le jeudi 04 mars 2010

L'écologie n'a pas porté chance à l'Union Européenne. En effet, au-delà de l'éviction des européens de la négociation finale de la Conférence de Stockholm en décembre dernier, une évidence s'impose, les Etats-Unis sont de retour et leurs ambitions ne se limitent pas à la volonté personnelle de leur Président mais au respect d'une doctrine qui transcende les clivages politiques et le temps.


Outre la prouesse logistique, l'intervention des Etats-Unis en Haïti a souligné avec dureté l'incapacité pour l'Union Européenne de se projeter, sur le plan humanitaire, de manière coordonnée et structurée. Cette incapacité, déjà déplorée par Michel Barnier lors du tsunami de décembre 2004, est dommageable non seulement sur le plan de l'efficacité humanitaire mais aussi sur le plan politique et médiatique, deux dimensions qui n'ont pas échappé au gouvernement chinois.

A la vérité, ces derniers temps, l'Union excelle dans la "visibilité négative" avec le faux bond du Président Barack Obama qui a boudé le sommet Europe-Etats-Unis de Madrid, la défaillance coupable de la Grèce qui concurrence celle de l'Islande, futur membre de l'Union, la prise de fonction plus que chaotique de Catherine Ashton, Haut Représentant de l'Union aux affaires étrangères et enfin, cerise sur le gâteau, l'apostrophe ad hominem et affligeante du député Nigel Farage au Parlement européen.

Sur le fond, ces turbulences mettent en évidence la nécessité d'accélérer le rythme des réformes structurantes pour l'Union. Qu'ils s'agissent de la création d'une Défense Européenne , d'un Fond Monétaire Européen, en capacité d'accompagner la restructuration des pays membres provisoirement en difficulté, de la convergence des politiques économiques et budgétaires au niveau de l'Union, de la supervision financière ou de l'influence de l'Union dans les institutions internationales l'heure n'est plus aux débats byzantins mais à celui des choix et de l'action.

Si l'immobilisme de la Commission européenne est bien vu dans certaines capitales européennes, ce dernier n'en demeure pas moins inquiétant. Avec le temps, il risque de créer des tensions de moins en moins soutenables entre les pays membres, entre les "petits" pays et les "grands", entre les acteurs historiques et les nouveaux entrants, entre ceux qui "gèrent la réalité avec lucidité" et ceux qui "composent négligemment avec la réalité" le tout sur fond de décrochage face aux pays émergents.

Si demain l'Allemagne exigeait, forte des faibles résultats obtenus par l'Union pour la Méditerranée qui reste "une coquille vide", une réorientation des priorités géographiques de l'Union au profit de la zone baltique, est-ce que la France et l'Espagne seraient en capacité de s'y opposer ? On peut en douter.

Aujourd'hui, comme l'a très bien dit, Herman van Rompuy, "l'Europe doit se ressaisir". Sur le plan économique, la définition de la nouvelle stratégie de l'Union pour l'emploi et la croissance pour 2020 doit l'y aider en dépassant l'horizon de la crise. En effet, rien ne serait plus dangereux pour l'Union européenne que de s'embourber dans des scenarii de sortie de crise, perdant de vue les nouveaux défis (géopolitiques, technologiques, sociétaux…) nés de la mondialisation.

La compétition économique que se livrent actuellement les continents ne relève pas des valeurs de l'Olympisme. L'important n'est pas de participer mais de gagner, si possible, par "Ko" ! Dans le domaine des technologies de l'information et de la communication, il semble qu'on ait perdu le premier round. Google, Twitter, Facebook, Amazon, Ebay, Microsoft, YouTube, l'Iphone se sont imposés dans le monde entier, les pays de l'Union européenne ont observé et adopté.

L'erreur 404 serait de croire que les observateurs d'aujourd'hui seront les leaders de demain. Le Président du Conseil européen semble avoir pris la mesure du danger, mieux vaut tard que jamais …

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Xavier Grosclaude est diplômé en sciences politiques et en droit communautaire. Membre de plusieurs think tanks français, il combine une double expérience des affaires européennes en France et au Royaume-Uni.  

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