Obliger les entreprises qui ont recours au chômage partiel, à former non seulement leurs salariés, mais aussi des demandeurs d'emploi. L'idée fait son chemin en Slovénie, un pays qui affirme des objectifs ambitieux en matière de formation.
Avec la crise et pour obtenir une partie des 400 millions d'euros alloués au Fonds structurels Européens (FSE) pour la période 2007-2013, "le gouvernement slovène a décidé d'obliger les entreprises qui ont recours au chômage partiel, à former non seulement leurs salariés, mais aussi des demandeurs d'emploi", expliquait Nika Juvan, chef de l'unité FSE de Slovénie, lors des rencontres du FSE "Un partenaire face à la crise" en décembre 2009 à Dijon. Pour l'instant, l'idée est encore sur le papier.
La Slovénie a l'un des taux de participation à la formation professionnelle continue le plus élevé des nouveaux états membres (en 2007 près de 15% de la population adulte âgée de 25 à 64 ans avait participé à une formation ou à un enseignement). Le système slovène de formation continue est complexe et ramifié ; il comprend, outre les formes d'enseignements traditionnels codifiés, menant à l'obtention d'un titre d'études, d'autres formules d'enseignement non formel et alternatif plus récentes ou plus simples. La formation est donc assurée par des institutions très diverses. Les universités populaires représentent les organismes traditionnels qui prennent en charge la formation des adultes. Les écoles et les établissements universitaires d'éducation de la jeunesse fournissent également des programmes adaptés pour adultes. D'autres institutions telles que les écoles élémentaires pour adultes, lycées du soir, cours préparatoires à l'examen du baccalauréat, écoles professionnelles post-secondaires et des cursus d'études extraordinaires mis en place dans les établissements universitaires, sont autant d'acteurs de la formation professionnelle continue.
Avec la crise, la règle générale selon laquelle les employeurs étaient tenus de financer la totalité des coûts des formations organisées à leur initiative a évolué. En 2009 le gouvernement slovène a adopté deux dispositifs complémentaires. Le premier consiste à subventionner le chômage partiel dans l'objectif de maintenir les emplois, lorsque les salariés voient leur temps de travail réduit. Le second consiste en incitations à conserver les emplois plutôt qu'à licencier pour les entreprises incapables temporairement de fournir du travail à leurs salariés. Dans ce dispositif, les salariés sont de fait licenciés à titre temporaire pendant une période allant de trois mois à un an. Ils reçoivent une compensation à hauteur de 85% de leur salaire de base, payée à raison de 50% par l'Etat et à 35 % par l'employeur. Pendant ce temps là l'employeur doit organiser une formation couvrant au moins 20% du temps chômé ; les frais de formation étant pris en chargé par l'Etat à raison de 500 au maximum par travailleur.
Selon les premiers résultats les entreprises font surtout de la formation en interne visant à une meilleure adaptation au poste ou à accroître les compétences en matière de travail sur ordinateur. Elles développent aussi des modules de santé -sécurité. La Slovénie commence à peine, mais ses objectifs sont ambitieux. Reste à voir si l'idée fera son chemin là-bas ou ailleurs en Europe !
Paru dans la lettre de Metis du 4 mars 2010
Claude-Emmanuel Triomphe est directeur de publication et de la rédaction de Metis.
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