En matière monétaire et financière, les déclarations publiques ne sont pas gage d'efficacité. L'Europe vient, une fois encore, d'en faire la preuve à propos de l'élaboration d'un mécanisme financier d'assistance à la Grèce.
Elle prête le flanc à la critique pour ses divergences internes et ses hésitations.
Elle ouvre la voie aux spéculateurs au moment où les agences de notation internationales mettent en doute, vraisemblablement à tort, la capacité de certains de ses membres à rembourser leurs dettes. Et les débats publics s'égarent dans bien des commentaires inappropriés.
Pourtant l'enjeu est important.
Des mécanismes de solidarité au sein de la zone Euro n'ont pas été prévus à l'origine de la monnaie unique. Ils doivent l'être de manière claire et précise.
Lorsqu'on partage la même monnaie, on s'oblige mutuellement. D'abord à appliquer les mêmes règles et faire preuve de la même discipline. Ensuite à s'épauler si nécessaire, en mettant en oeuvre des procédures convenues à l'avance.
Mais de même que le Fonds monétaire international vient en aide à des Etats en difficulté avec leurs balances de paiements en leur imposant en contrepartie une tutelle draconienne et des mesures de redressement conditionnelles, la zone Euro doit compléter son dispositif dans le même sens.
Cela nécessitera une modification des traités européens pour permettre ce type
d'aides et pour renforcer la tutelle européenne sur une économie défaillante.
Il faut y travailler dès maintenant.
La Banque centrale européenne, qui a fait ses preuves dans la crise, paraît la mieux placée pour mettre en oeuvre ces mécanismes d'assistance, de surveillance et de contrôle. Elle devrait aussi pouvoir intervenir plus librement sur les marchés, à l'image des autres grandes banques centrales mondiales.
Aujourd'hui la Grèce demande la solidarité de l'Union pour redresser ses comptes. Elle doit pouvoir y compter.
Mais, dans l'immédiat, pour lui venir en aide, les pays de l'Euro auront besoin du FMI pour son expertise et pour imposer la rigueur. On peut le regretter car la meilleure solution reste que la monnaie européenne règle ses problèmes toute seule et la crédibilité dans la durée de l'Euro et de l'Union européenne doit nous pousser à éviter que cela se reproduise.
Editorial paru le 24 mars sur le site:
http://www.jd-giuliani.eu
Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman
http://www.robert-schuman.eu