Maria Damanaki est le Commissaire européen chargé des Affaires maritimes et de la pêche. Elle a pris part à la première audition publique de l'intergroupe Mers et zones côtières présidé par Corinne Lepage (ALDE-FR), au Parlement européen. La CRPM souhaite être impliquée dans la mise en uvre de la Politique maritime intégrée (PMI) de l'UE et est prête à travailler en étroite collaboration avec la Commission pour lui apporter son savoir-faire sur le terrain afin d'amener la PMI au cur de la stratégie 2020 de l'UE.
La commissaire Damanaki "compte sur l'expertise propre de chaque Région pour inspirer la formulation de cette politique" et "est certaine que les parties prenantes régionales feront entendre leur voix pour soutenir la proposition de financement de la Commission pour la période 2011 2013."
Entretien réalisé par Enrico Mayrhofer. Lettre CRPM du 23 avril 2010
Le premier plan d'action de l'UE sur la politique maritime intégrée est clos. Comment envisagez-vous d'impliquer les Régions dans l'étape suivante, et de mettre en uvre les priorités que vous avez annoncées ?
Le premier plan d'action a ouvert un processus en cours encore très fort. En effet, plusieurs des actions prévues dans le plan devront être progressivement mises en uvre au cours des prochaines années, tandis que d'autres actions nécessiteront tout simplement un engagement régulier (par exemple, une gouvernance intégrée et un dialogue entre les parties prenantes). Il ne s'agit pas de mesures ponctuelles. Elles font au contraire partie d'un changement de culture qui touche la manière dont la politique est développée et mise en uvre.
En ce qui concerne l'implication des Régions, je suis heureuse de constater que la Conférence des régions périphériques maritimes (CRPM) s'occupe de l'organisation de l'intergroupe Mers et zones côtières, présidé par le député européen Corinne Lepage, au sein du Parlement européen. De plus, la CRPM représente les autorités régionales et locales au sein du groupe de pilotage de notre plateforme transversale des parties prenantes pour ce qui est de la politique maritime intégrée. Nous échangeons également régulièrement avec le Comité des Régions, qui a fourni des rapports excellents sur la politique maritime intégrée, et continuera à le faire j'en suis sûre.
Nous comptons également sur l'expertise propre des Régions pour ce qui est d'inspirer la formulation de la politique. Nous nous assurerons que les Régions côtières des États membres continuent à croire en l'utilité de la politique maritime intégrée pour leur propre travail et dans le cadre de leur dialogue avec les gouvernements centraux.
Comment la politique maritime intégrée (PMI) peut-elle contribuer aux ambitions de la stratégie EU2020 ?
La politique maritime intégrée est un précurseur de la formulation d'une politique coordonnée (désormais au cur de la stratégie 2002 de l'UE). Nous continuerons bien sûr à poursuivre une approche intégrée et transversale du développement durable des Régions côtières et des secteurs maritimes et continuerons à nous battre contre une vision fragmentée et compartimentée de la formulation de la politique, puisqu'elle ne fait que servir les intérêts spécifiques au détriment des intérêts du grand public.
Jusqu'à la récession, dans nombre des États membres, le taux de croissance moyen des Régions côtières et des secteurs maritimes était supérieur au taux de croissance global national. Les économies côtières et maritimes détiennent de nombreux atouts, comme la marine marchande, la construction navale, les ports, les énergies en mer - qu'elles soient traditionnelles ou renouvelables - et le tourisme. Elles constitueront de nouveau un moteur pour l'emploi et la croissance si nous créons les conditions adéquates de durabilité économique, sociale et environnementale. Les ressources marines et la biodiversité constituent également un potentiel énorme pour la croissance durable future.
Avec les États membres et les Régions, la Commission va poursuivre le développement d'outils transversaux (comme l'aménagement spatial maritime et la mise en réseau des connaissances maritimes) afin qu'un tel potentiel puisse se concrétiser à l'avenir. Au cours de notre collaboration étroite avec les parties prenantes concernées, nous travaillerons également à une politique industrielle souhaitée par tout le monde pour les Régions côtières et les secteurs maritimes.
Certains Commissaires ont déjà annoncé des aspirations visant à développer leur politique et leurs budget pour l'après 2013. Où en êtes-vous en ce qui concerne cette réflexion ? Quelles synergies pourraient être anticipées, par exemple avec le Commissaire Hahn, chargé de la politique régionale ?
Une étude que nous venons de publier révèle que des milliers de projets en faveur des économies côtières et des secteurs maritimes ont été financés au cours du dernier exercice financier par le biais de divers fonds européens. Il en ressort clairement que la nouvelle politique maritime intégrée devra trouver sa place dans l'architecture financière future de l'Union européenne. J'ai conscience que le Comité des Régions a appelé à la création d'un fonds côtier à plusieurs reprises, montrant par là même un grand intérêt de la part des Régions européennes à l'encontre du financement dédié de cette politique. Des synergies sont possibles, et des liens peuvent être établis entre les stratégies régionales que nous avons développées et le financement régional. Mais les parties prenantes concernées doivent certainement s'engager pleinement dans le débat sur les mécanismes de ce financement futur, comme je le ferai. En ce moment même, j'ai hâte de présenter la proposition de financement de la Commission pour la période 2011 - 2013 au Conseil et au Parlement. Et je suis certaine que les parties prenantes régionales feront entendre leur voix afin de soutenir cette proposition.
Maria Damanaki est le Commissaire européen chargé des Affaires maritimes et de la pêche.