par André Locussol, le mardi 15 juin 2010

Après la Grèce, c'est au tour de la Hongrie… et bientôt de l'Italie suivie par la France en 2011 – 2012. La liste va s'allonger dans les prochains mois, même si on connaît déjà les futurs élus (Espagne, Portugal, Irlande, Belgique, Pays-Bas et le Royaume-Uni ).


Et, pourtant, l'Union européenne continue comme si de rien n'était en donnant son feu vert à l'entrée de l'Estonie le 1er janvier 2011 dans la zone euro. Il sera le premier Pays balte à posséder la monnaie unique et le 17ème pays de l'U.E.M. (Union Economique et Monétaire). Ce pays adepte de la rigueur budgétaire comme son proche voisin de l'autre côté du golfe de Finlande, mérite bien sa sélection mais pas dans le contexte actuel où les dettes souveraines explosent et où l'Allemagne doute des vertus de l'euro, certains hommes politiques allant jusqu'à prôner le retour au Deutsche Mark…

Nos "experts" qui en réalité n'ont aucune expertise, notre ministre de l'économie Christine Lagarde qui « promis-juré » nous a dit qu'après la Grèce il n'y avait plus d'autre cas à résoudre, Zapatero qui minimise ses 300 milliards d'euros d'endettement ne sont plus du tout crédibles lorsqu'on s'aperçoit que les dettes des pays européens s'envolent et que le nombre des pays en défaut de paiement ne cesse de croître. C'est maintenant au tour de la Hongrie de coiffer sur le poteau le Portugal, l'Irlande, le Royaume-Uni pour le prochain top ten des pays au bord de la faillite. Nous n'en finissons pas de déjouer (les prévisions) comme l'équipe de France de football qui continue à cacher son jeu...

Toutes ces nouvelles, rumeurs, cette désinformation, ces démentis, ces repentirs, qui ne font pas baisser pour autant la réalité du montant des dettes souveraines, c'est la pelote qui s'effiloche au fil du temps depuis les quasi-faillites de la Grèce, de la Californie et de Dubaï. L'industrie se meure et l'économie réelle perd pied au profit de l'économie financière et puis plus rien... que du vent, à l'exception des services qui ne nourrissent plus leurs hommes. 60.000 à 100.000 milliards d'euros envolés comme par enchantement et cause de notre désenchantement !

D'après nos gouvernants les Français sont à l'abri car nos banques sont couvertes, préservées de ce genre de maux et l'Etat veille... Sa cote est au beau fixe au plus haut de la notation soit AAA à laquelle certains seraient même prêts à ajouter des ++, ce qui nous permet d'emprunter, c'est-à-dire de placer notre dette à moins de 1 % en payant des intérêts ridiculement bas. Mais en politique surtout en France, certaines vérités ne sont pas bonnes à dire, ce qui est à la fois logique - car sinon les Français râleurs invétérés feraient la révolution comme en 1789, 1968 ou en… 2010. Par ailleurs, il est mal venu pour les dirigeants d'un pays de tout dire en raison du principe de précaution (pour éviter les dérives), et pour ne pas risquer de détruire la confiance. Le catastrophisme ne fait pas partie du langage du bon gouvernant, il est réservé à certains éditorialistes ou économistes qui refusent la langue de bois mais sont ensuite cloués au pilori et traités d'inconscients, de défaitistes voire de vichyssois !

Le malheur, les échecs ne doivent faire l'objet de communiqués alarmistes, il faut savoir distiller les mauvaises annonces, savoir les expliquer, les justifier et surtout éviter l'électrochoc. Reconnaissons que lorsqu'on a la responsabilité d'un pays il faut être prudent, ne pas révéler l'insoutenable, l'irréparable et qu'il faut faire preuve de discernement, de sérénité et de pondération. Mais à l'arrivée c'est toujours le même processus : on recule pour mieux sauter...
Si on étudie les derniers krachs boursiers, on retrouve toujours le même ballet bien réglé à l'avance par les analystes, les gestionnaires et autres prévisionnistes « illuminés » annonçant avec parcimonie les mauvaises nouvelles pour que l'atterrissage se fasse en douceur... mais cet atterrissage se transforme malheureusement souvent en amerrissage catastrophique avec la disparition des agents économiques. En 2000, on a géré (plutôt « aménagé ») la crise des technologiques, semaine par semaine, mois par mois, et même sur plusieurs années ce qui n'a pas empêché la descente inéluctable aux enfers pour une grande majorité d'entreprises, dans le cadre d'une vaste collusion entre l'oligarchie financière et les pouvoirs publics. Mais à l'arrivée le scénario a abouti aux mêmes conclusions : 0 triple 0, plus rien, à l'image de la disparition de ces milliers de start-up et autres PME de la Nouvelle économie, victimes de la spéculation sur les technologiques, les médias et les télécommunications (T.M.T.) qui ont été englouties dans la vallée de la désolation, la Silicon valley qui renaît péniblement de ses cendres dix ans après.

L'hypocrisie et la tricherie se sont incrustées dans la mentalité et l'esprit de nos jeunes entrepreneurs, surtout sur les marchés financiers, mus par l'appât du gain et du profit no-limit. Mais la vérité et la réalité s'imposent à nous envers et contre tout et nous conduit à diagnostiquer que la France est sur la corde raide depuis longtemps et qu'il suffit d'une banqueroute de l'Italie (dont nous détenons plus de 500 milliards de la dette en euros) pour que notre économie soit envoyée au tapis .

Voilà ce qui nous attend, mais comme d'habitude on nous cache l'essentiel. Combien des tiroirs secrets (secret d'Etat) sont-ils remplis de factures impayées et combien de pays censés aider les autres (à hauteur de 750 milliards) sont-ils déjà dans l'œil du cyclone ? Autant d'Etats bien mal lotis pour aider les plus défavorisés... faute d'argent ! Et, ce n'est pas le FMI par le biais du « bras à la fois donateur et exterminateur » de son grand argentier la Banque mondiale, prêteur en dernier ressort, qui pourra payer les pots cassés. Car il est ruiné ou en passe de l'être, faute d'être alimenté par ses contributeurs dont les finances sont exsangues à l'image des Etats-Unis, dont la quote-part représente 25 % du budget du FMI. Le pragmatisme qui s'appuie sur les révélations croissantes des dissimulations des pays de l'UEM (Union économique et Monétaire) nous amène à déduire qu'il ne faut pas 750 milliards pour sauver les mauvais élèves, « brebis galeuses » de la zone euro, mais deux ou trois plus au bas mot !

Et, surtout, n'incriminons pas l'euro, le bouc émissaire de tous les malheurs de l'Union européenne, le « Jérôme Kerviel des crises bancaires », car si la monnaie unique n'existait pas la plupart des grands pays européens auraient déjà dévalué leur monnaie de 20 à 30 % minimum, à l'exception de l'Allemagne garant de l'orthodoxie financière, même si son désir d'éponger soudain 85 milliards de dettes peut laisser perplexe.

Arrêtons d'accuser l'euro de tous nos maux en disant tout et son contraire à son sujet. L'euro a été introduit à la parité de 1 euro pour 1,18 dollars à une époque où il n'y avait que 11 pays « solides économiquement » dans l'Euroland (dont la Grèce était absente), alors que certains spécialistes des changes considéraient que l'euro aurait dû être introduit le 1er janvier 1999 à 1 euro pour 1 dollar. L'euro est ensuite descendu à 1 euro pour 0,81 dollar et nous ne nous en sommes pas si mal sortis que cela car cela favorisait considérablement nos exportations. A 1,18 l'euro était soi-disant à son niveau et tout le monde était satisfait, à 0,81 c'était excellent pour notre commerce extérieur, à 1,50 c'était un signe de force de l'économie européenne et très profitable car cela réduisait la facture énergétique avec un pétrole et des matières premières très bon marché et l'Allemagne battait des records à l'exportation grâce à sa productivité, et maintenant à 1,19 c'est la catastrophe alors que l'économie européenne subit la crise de plein fouet et est incapable de mettre en place une synergie pour stopper l'hémorragie du chômage et la spirale infernale de la récession. Fadaises !

Cessons aussi de dire que la hausse des prix résulte de l'introduction de l'euro. Ce n'est qu'un fait (économique), mais il n'existe pas de corrélation évidente entre les deux évènements. La cause de cette hausse « vertigineuse » est la conséquence de l'opportunisme de la grande distribution qui a profité de l'occasion – en diversifiant son offre pour que la pilule passe mieux –, pour augmenter ses prix et ses marges, qui laminent les petits fournisseurs, de façon éhontée. Si nous avions accepté en 1944 lors des accords de Bretton Woods d'avoir une monnaie mondiale (J.M. Keynes a proposé le Bancor comme monnaie d'étalon internationale), nous aurions peut-être aujourd'hui une seule monnaie dans le monde – un point de vue partagé depuis la crise des subprimes par Jacques Attali et plusieurs économistes –, ce qui aurait sans doute empêché de spéculer sur les monnaies à grande échelle. Cela aurait évité les crises asiatiques et russe de 1997 et 1998, et aurait permis d'éliminer la principale tumeur qui gangrène la finance et l'économie mondiale.


André LOCUSSOL a été tête de liste de « CITOYENNETE ET CULTURE EUROPEENNE » pour les dernières élections européennes.

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