par , le mercredi 16 juin 2010

A l'image de la Belgique – son modèle réduit – l'Union européenne donne des signes inquiétants de craquements… La rencontre entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, lundi à Berlin, a encore montré à ceux qui en doutaient que le processus d'intégration des 27 était, sinon arrivé à son terme, du moins bloqué pour un bon moment.


La France a toujours défendu en paroles l'idée d'une « Europe puissance », d'un « gouvernement économique », d'une diplomatie commune, etc. L'ennui est que les actes n'ont jamais suivi. Il faut dire que quand 55% des Français disent « non » par référendum à un projet de traité constitutionnel, comme cela s'est produit en 2005, leurs dirigeants ne sont guère enclins à céder davantage de pouvoirs aux institutions bruxelloises…


L'Allemagne, elle, connaît le poids des transferts de compétences, puisqu'elle est un pays authentiquement fédéral. Or, face aux réticences des uns et aux tricheries des autres, elle a conclu à l'impossibilité – dans un avenir prévisible – d'intégrer réellement 27 pays de cultures politique, économique et linguistique différentes… Le gouvernement de Berlin joue aujourd'hui sans vergogne la carte nationale, confortée en cela par les « sages » de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.

Certes, Nicolas Sarkozy s'est réjoui lundi d'entendre dans la bouche de son hôte les mots de « gouvernement économique ». Mais Angela Merkel n'a rien cédé sur le fond. Le message de la chancelière est clair : oui aux bonnes pratiques (respectons les engagements pris), non aux écrans de fumée et aux nouvelles institutions (la France avait lancé l'idée d'un « secrétariat permanent » réservé aux 16 pays de la zone euro et non aux 27 Etats-membres de l'Union européenne).

L'attitude allemande peut déplaire ou inquiéter. Angela Merkel n'a pas toujours raison. Elle a perdu des élections régionales importantes et chacun sait que la coalition au pouvoir à Berlin est fragile. Mais au royaume des aveugles, les borgnes sont rois : l'Allemagne est en bien meilleure situation économique et financière que la plupart de ses partenaires et n'a que faire de leurs conseils.

Enfin, si elle se montre moins « européenne » qu'avant, c'est peut-être qu'elle a retenu les leçons du gaullisme et du thatchérisme… A bon entendeur, salut !


Baudoin Bollaert est ancien rédacteur-en-chef au Figaro, enseignant à l'Institut catholique de Paris

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