par Claude Fischer, le lundi 04 octobre 2010

Mario Monti a présenté, on le sait, un rapport très apprécié pour donner substance à un Single Market Act. Mais le débat a été tout à fait insuffisant. Une fuite a rendu public un document de travail interne qui n'a rien à voir avec la politique que Michel Barnier entend impulser et dont il s'est clairement démarqué.


Un travail - auquel participe Philippe Herzog - est mené tambour battant par le Commissaire pour présenter un texte solide, prélude à un plan d'action politique qui doit engager l'Union européenne.

Michel Barnier a dit à plusieurs reprises souhaiter un nouveau Pacte entre les Européens autour de 2 grands axes : une ambition humaine et sociale au cœur du grand marché, et des politiques de marché au service d'une croissance durable. Un pacte où chaque partie se sent responsable de la réussite, c'est un travail en partenaires pour mener à bien les politiques, c'est une gouvernance plus démocratique où les citoyens et les acteurs sont associés à la mise en œuvre, à l'évaluation des mesures pour si besoin, réajuster, changer, améliorer... Déjà tout un défi! Notre démocratie européenne a trop souffert en effet d'un manque d'information, d'éducation et de participation qui empêche une appropriation du projet européen par les Européens.

Pour que ce Pacte marche, il va donc falloir débattre et associer les Européens aux objectifs eux-mêmes, et les propositions de Confrontations Europe sont claires* :

- construire une économie sociale de marché avec une mobilité dans l'emploi et la formation tout au long de la vie, avec des services d'intérêt général, une protection sociale...

- construire un "camp de base" industriel et de services, avec des incitations fortes au développement des PME, de l'innovation, des investissements dans les infrastructures et dans les secteurs stratégiques

- construire une Union économique et monétaire où la finance sera mise au service de l'économie réelle, c'est-à-dire de la production de biens et de services.

A l'écriture de ces 3 grands chantiers, je m'aperçois que la controverse va encore se renforcer entre ceux qui, comme nous, souhaitent une Union plus politique et plus solidaire, avec des coopérations et des incitations fortes pour développer nos atouts sans les abandonner aux forces mondiales qui jouent sur notre marché, sans réciprocité sur les règles et avec les attributs et les ressources de la puissance, et ceux qui pensent que la concurrence et la compétition mondiales sont la seule option qui vaille, quitte à ce que l'Union européenne perde sa force, son âme et son identité.

Comme le rappelait notre ami Francis Mer lors d'un séjour économique et culturel à Dresde, "notre Europe a besoin de préserver sa culture et de muscler son industrie si elle veut exister". Nul doute que ce sera ainsi la meilleure contribution qu'elle sera capable d'apporter au monde... et à elle-même.


* Voir le tiré à part de Confrontations Europe, La Revue N° 91, "Un grand Marché européen : le socle d'une nouvelle croissance", disponible sur le site www.confrontations.org

Interfaces n°60 de septmebre 2010


Claude Fischer est Présidente de Confrontations Europe 

http://www.confrontations.org

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