Pour faire face à la très grave crise économique que nous affrontons, les gouvernements doivent agir dans l'urgence.
Plusieurs politiques européennes sont, à cette occasion, mises à l'épreuve.
La politique monétaire, longtemps critiquée, est aujourd'hui unanimement saluée. On peut même affirmer que la Banque centrale européenne et l'Euro tiennent la stabilité monétaire mondiale.
Il faut se rassembler autour de l'Euro.
La régulation. Elle est largement européenne. Mais elle n'existe plus au niveau international.
L'interdépendance des économies mondialisées n'a pas trouvé sa contrepartie d'un minimum d'ordre et d'instances régulatrices.
C'est à l'Europe de les imposer au prochain sommet du G 20 à Londres, profitant d'une nouvelle administration américaine qui semble désormais la réclamer.
Les règles européennes de concurrence sont indispensables à nos entreprises et au marché unique européen.
Celui-ci est avec l'Euro le salut de beaucoup de nos emplois, en tous cas de deux tiers de nos exportations. Il ne saurait donc être question d'ériger de nouveaux obstacles aux échanges en son sein.
Pour autant les circonstances exceptionnelles que nous traversons justifient des exceptions temporaires et collectives puisque les ressources financières demeurent nationales. Pour sauver l'essentiel.
D'ailleurs, le pragmatisme de Neelie Kroes, la Commissaire à la concurrence, a permis la recapitalisation des banques qui a sauvé le système financier.
Le plan français pour l'automobile fera, sans nul doute, la preuve de sa compatibilité avec des règles qu'il faut préserver, car nous en aurons besoin.
Mais c'est plus que jamais à l'échelon européen de faire preuve de son utilité pour répondre aux urgences.
La Commission n'a pas su prendre l'initiative et donner le ton des plans de relance.
L'actuelle présidence de l'Union ne voyait pas l'utilité d'une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement jusqu'à ce que la France et l'Allemagne le proposent !
Il est vrai que Vaclav Klaus affirmait encore le 7 janvier dans le Financial Times qu'il fallait "affaiblir les règles sociales, de santé, de travail et d'environnement qui freinent l'activité humaine" et libérer les marchés plutôt que de les encadrer !
L'indispensable conviction que le libre échange est le meilleur outil de distribution de la richesse ne doit pas pour autant nous conduire à être idiots.
Toutes les institutions européennes et tous les Etats membres doivent se mobiliser pour répondre à la crise. L'ouverture de l'Europe ce n'est pas celle de la passoire, c'est celle de l'intelligence.
Ouvrir les marchés c'est bien, mais d'abord au profit des Européens. Se défendre et exiger la réciprocité est indispensable, y compris avec nos grands partenaires commerciaux mondiaux.
Par exemple, aux Etats-Unis, une loi qui s'appelle le "Buy American Act", impose aux institutions d'acheter américain. Pourquoi n'existe-t-il pas l'équivalent en Europe ? L'Union doit désormais se penser en puissance.
Ceux qui s'y opposent sont les vrais responsables des vagues européennes actuelles. Qu'ils continuent à rester à la cape dans la tempête et ils seront les véritables coupables du retour des tangages en Europe.
Editorial paru le site: http://www.jd-giuliani.eu
Jean-Dominique Giuliani est président de la fondation Robert Schuman
http://www.robert-schuman.eu