par Mohammed Boubouche, le mercredi 04 mars 2009

Si l'on en croit le discours politique dominant dans les pays de l'union du Maghreb, la complémentarité et l'intégration font figure de concepts privilégiés. Les deux expressions sont, en effet, omniprésentes dans les déclarations d'intentions et traduisent, dans les annales de la coopération bilatérale et multilatérale des cinq pays qui forment l'union, une revendication politique, officiellement, bien partagée.

Paradoxalement, malgré les divergences d'ordre politique qui ont, toujours, retardé le dynamisme de l'union, il est bien aisé de constater que les pays du Maghreb expriment, un attachement, sans cesse confirmé depuis 1989, à l'union qu'ils ont mis sur pied et développent souvent, au niveau de leurs opinions nationales, une certaine conscience du fait que la complémentarité et l'intégration découlent d'une nécessité et non, tout simplement, d'un choix.
Il faut dire que dans le contexte de la mondialisation marquée par une rationalité économique exclusive et réductrice, l'attachement affiché par les Etats maghrébins vis-à-vis de ces deux concepts s'inscrit dans une option universelle, tenant à la création des ensembles régionaux dynamiques, aussi attachante que répandue.

Au-delà de la nécessité de l'intégration régionale qui a été accentuée par une impitoyable mondialisation et qui milite en faveur des objectifs de complémentarité et d'intégration qui ont été assignés à l'union du Maghreb, il existe, aussi, des réalités, profondément ancrées dans les mentalités, qui forment les éléments d'une croyance commune à l'idéal unificateur du grand Maghreb. En effet, il est bien difficile d'évoquer la complémentarité et l'intégration maghrébine sans faire appel à la notion du Maghreb des peuples laquelle constitue l'expression d'une indéniable réalité sociologique. Cette réalité qui est souvent mise en exergue par les élites maghrébines favorise la consolidation d'une mémoire collective laquelle fait appel à l'histoire commune arabo-islamique qui a été marquée, dès le onzième siècle, par une intégration culturelle des peuples et des territoires maghrébins. Le sentiment d'appartenir à cet ensemble identique a été, d'ailleurs, consolidé par la colonisation et s'est traduit, chez des nombreuses générations maghrébines, par une certaine vocation identitaire qui a tendance à valoriser la complémentarité et l'intégration de la région et à développer une aspiration idéale à la solidarité entre les peuples maghrébins.

Dans une telle perspective, la complémentarité et l'Intégration sont perçues comme étant la conséquence logique d'une incontournable réalité historique. Cette réalité est d'autant plus incontournable que l'unité culturelle du Maghreb qui en résulte a été fortement revendiquée par le préambule de la convention du 17 février 1989 signée à Marrakech entre les chefs d'Etat maghrébins. Aux termes de ce préambule, une communauté historique, religieuse et linguistique est, d'ailleurs, invoquée pour justifier l'engagement de réaliser "une intégration totale entre les Etats" membres de l'union. Il va sans dire que ces divers facteurs politique, économique et culturel aux-quels, il conviendrait, d'ajouter un facteur social actuel lié au flux migratoire, sont de nature à favoriser une dynamique de la complémentarité et de l'intégration.

Néanmoins, au vu de la modestie des réalisations qui ont été accomplies par l'union du Maghreb et qui, aux yeux de l'opinion, se situent bien en deçà des espérances, il est permis de soumettre les fondements même de cette dynamique à un indispensable questionnement.


Les fondements de la complémentarité et de l'intégration maghrébine en question


La première idée qui vient à l'esprit quand on évoque la complémentarité et l'intégration maghrébine renvoie, inévitablement, à l'écart qui existe entre l'aspiration affichée et la réalité vécue. Cette perception, somme toute, humaine se nourrit d'un sentiment, assez médiatisé, tenant à "l'état d'immobilisme" qui paralyse l'union du Maghreb. Depuis quelques années, une littérature parfois excessive et qui, en tout cas, incite au pessimisme s'est développée au sujet de cette organisation sous régionale.
Tandis que les uns vont jusqu'à prendre cette organisation, censée réaliser la complémentarité et l'intégration maghrébine, pour "un mort né" d'autres plus indulgents se contentent de considérer que ce projet maghrébin occupe dans les intentions affichées par les Etats membres de l'union, une place que la réalité de l'action multilatérale entreprise dans le cadre de l'union est loin de refléter.


La complémentarité et l'intégration maghrébines : entre les intentions affichées et l'action multilatérale réalisée.


Il serait, pourtant, injuste de ne pas prendre en considération les bilans régulièrement publiés par le Secrétariat Général de l'UMA et qui font état d'un remarquable fonctionnement des commissions spécialisées en matière de santé publique, d'hydraulique, de lutte contre la désertification et contre les criquets pèlerins, de santé animale, des réseaux routiers transmaghrébins, de télé communications, de connexions de réseaux électriques etc.
Il convient, d'ailleurs, de souligner que dans le cadre de cette action multilatérale qui vise à favoriser la complémentarité et l'intégration maghrébines, les Etats de l'union ont souvent encouragé des rencontres d'ordre professionnel entre des promoteurs liés par un intérêt immédiat : banques, conseil d'entreprises, structures chargées de l'aviation civile, agences d'information, …
A ceci, il faudrait ajouter l'impact de la coopération bilatérale inter-maghrébine laquelle se traduit, dans le cadre des commissions mixtes de coopération technique par des échanges, forcément, bénéfiques pour la complémentarité et l'intégration.
Au total, il est bien difficile de ne pas tenir compte du fait que la création de l'organisation de l'union du Maghreb arabe a été, en elle même, un événement positif qui avait permis de décrisper les rapports entre les Etats maghrébins et qu'un louable effort a été entrepris, par le biais des pertinentes études techniques et des constructives réunions de travail, dans le but d'améliorer les relations intermaghrébines dans divers domaines.
Contre le scepticisme ambiant qui se développe vis-à-vis de l'action multilatérale maghrébine, on comprend, aisément que monsieur le Secrétaire Général de l'UMA, Lehbib Ben Yahya, réagisse au titre, très à la mode, du symposium intitulé "le coût du non Maghreb " organisé à Madrid du 24 au 26 mai 2006, en ces termes :
"Evoquer, en effet, le "non Maghreb" en juxtaposant ces deux termes ne procéderait-il pas d'une approche dubitative, sinon nihiliste, d'un processus déjà mis en marche avec des acquis concrets, quoiqu'en deçà des aspirations et des attentes de plus de 85 millions de Maghrébins ?"
Il reste, qu'eu égard aux objectifs inspirés de la théorie de l'intégration économique qui ont été au centre de l'expérience initiée en 1989 par la proclamation de l'union du Maghreb Arabe, les sentiments d'insatisfaction voire de déception sont tout à fait justifiés.
Dans ce cadre, il convient de rappeler trois phases qui ont été définies, sur la base de la stratégie maghrébine de développement, pour réaliser une intégration économique totale, et qui sont restées au stade de la théorie. Ces quatre phases sont :
- l'instauration d'une zone de libre échange (avant la fin de 1992) pour tous les produits d'origine maghrébine, ainsi que pour d'autres secteurs dont, en particulier les services.
- la formation d'une union douanière (avant la fin de 1995) et le passage, dans un deuxième temps, au marché commun (à l'horizon 2000), étape qui devrait consacrer l'harmonisation voire l'unification des droits de douane appliqués par les pays membres et l'institution d'un tarif extérieur commun, d'ailleurs, à cet effet, une nomenclature douanière commune inspirée du système harmonisé est disponible depuis décembre 1991.
- enfin, une union économique globale qui suppose l'unification des politiques et des programmes de développement, comme dernière étape de ce processus d'intégration .
Au sujet de cette intégration le discours maghrébin est, d'ailleurs, particulièrement ambitieux comme l'atteste l'extrait d'un communiqué, de l'une des réunions les plus récentes du conseil des ministres des affaires trangères,qui suit :
"Sur la question de l'intégration maghrébine, le Conseil a mis l'accent sur la priorité de la dimension sociale dans l'action maghrébine, soulignant qu'une étude est en cours, en vue de la création d'une Communauté économique maghrébine, susceptible de faire de l'UMA, un pôle économique au niveaux régional et international, notamment à travers la création d'une Zone de libre échange et la fondation de la Banque Maghrébine des Investissements et du Commerce Extérieur, en vue de consolider les étapes franchies sur la voie de l'intégration maghrébine".
Or, la mise en veilleuse de ce processus de complémentarité et d'intégration empêche la naissance d'un esprit communautaire au niveau de l'opinion publique maghrébine qui éprouve un sentiment de déception. Une déception d'autant plus légitime que, dans d'autres parties du monde, des processus similaires fonctionnent plutôt bien.
Peu importent, d'ailleurs, les raisons invoquées pour justifier ce retard : rivalités des États, obstacles administratifs au commerce intra-maghrébin etc., l'opinion la plus répandue est que la complémentarité et l'intégration promises par le modèle maghrébin sont perçues comme des slogans politiques qui n'ont rien avoir avec les pratiques en cours dans la région.
Cette image négative, qui affecte, considérablement, le fondement économique de l'union maghrébine, provoque un scepticisme assez généralisé vis-à-vis de l'intention de faire du Maghreb un espace, réellement, solidaire.

En effet, la formation d'une entité socio-économique conformément aux objectifs de complémentarité et d'intégration implique, au préalable, la coordination des programmes économiques et l'harmonisation des politiques fiscales, douanières, administratives etc. Ce qui semble, pour le moment, problématique en raison de la différence qui existe entre les mode de régulation des économies maghrébines. A ce niveau, il est évident que la crise de la complémentarité et de l'intégration se confond avec celle du développement inégal, au plan économique et social des Etats qui composent l'union du Maghreb et il faudrait bien que l'on s'interroge sur la logique suivie, dans ce domaine aussi bien au plan théorique (délimitation des concepts) qu'au plan pratique (réadaptation du schéma théorique aux réalités).
Pour ce qui est du fondement culturel, amplement justifié par l'appartenance à une communauté linguistique et religieuse, il convient de rappeler que, sous réserve des spécificités culturelles et géographique maghrébines, l'union du Maghreb appartient, de ce point de vue , à une aire arabo-islamique plus vaste et que, malheureusement, ce fondement générateur d'une relative solidarité, n'a pas été, jusqu'à présent déterminant dans le processus, sans cesse revendiqué, de la complémentarité et l'intégration. Pourtant, à lui seul ce fondement devrait conduire, dans une perspective de rentabilité, à une judicieuse exploitation commune, du riche fonds culturel maghrébin.

A vrai dire, dans ses différentes dimensions, la complémentarité et l'intégration maghrébine restent, au final, assujetties à des contraintes liées à la déroutante volonté politique.


La complémentarité et à l'intégration maghrébines : à l'aune de la volonté politique


Depuis plus d'une décennie, le conseil des ministres maghrébins des affaires étrangères, affirme dans ses différentes sessions "sa volonté de poursuivre les préparatifs intenses pour la tenue, le plus tôt possible, de la septième session du Conseil de la Présidence ; un rendez vous attendu par les populations maghrébines et représentant un autre évènement historique sur la voie du parachèvement de l'édifice de l'Union"
A l'issue de chaque session ministérielle, les agences de presse ne manquent pas l'occasion de rappeler que l'Union du Maghreb Arabe, qui a été créée en février 1989 et regroupe l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, a échoué à plusieurs reprises, sur la tenue de son sommet annuel ordinaire.
Il ne fait, donc, pas de doute que l'une des défaillances majeures de l'UMA résulte du fait qu'elle n'a pu concrétiser ses propres objectifs et devenir, ainsi, un ensemble plus intégré et plus efficient. Et ce, d'autant plus que le conseil de la Présidence de l'union "l'organe suprême" composé des chefs d'Etat, "seul à pouvoir prendre des décision et ses décisions seront adoptées à l'unanimité" (art.6), constitue un obstacle constitutionnel évident.
Ainsi donc l'union du Maghreb arabe, qui se voulait, lors de sa création en 1989, comme une union d'Etats avait nourri l'espoir d'une complémentarité et d'une intégration maghrébine avant de se trouver politiquement handicapée.
Il faut, cependant, remarquer qu'en dépit de ce regrettable blocage politique, les Etats maghrébins ont sans, cesse, confirmé leur attachement à l'union et ont, même, consacré une rhétorique officielle de la complémentarité et de l'intégration qui reflète un état d'une opinion publique assez sensible à cet idéal unitaire.

D'ailleurs, des enquêtes d'opinions qui ont été effectuées, dans certains pays maghrébins, par des chercheurs indépendants indiquent que malgré un sentiment de déception assez généralisé, une grande majorité des personnes sondées se dit, absolument attachée à l'union du Maghreb qui constitue un indispensable outil de complémentarité et d'intégration.
Au sujet des obstacles politiques qui ralentissent l'intégration maghrébine, la question qui est souvent posée dans les milieux concernés par le dossier est celle de savoir "si les Etats maghrébins devraient attendre d'être politiquement d'accord pour réaliser des projets rentables qui vont dans le sens de la complémentarité et l'intégration économique, culturelle et sociale ?"
Le moins que l'on puise dire est que une telle question reflète le bon sens qui implique que face aux multiples défis d'un contexte mondial, particulièrement troublé, les Etats maghrébins n'ont d'autre choix que celui de s'entendre, en dépit des divergences politiques sur "le réalisable" et de poursuivre, dans une logique "du possible" et en vertu d'une indispensable hiérarchie des urgences, le processus de complémentarité et d'intégration.


Complémentarité et intégration maghrébine : pour une hiérarchie des urgences


La hiérarchie des urgences est d'autant plus concevable que l'incompatibilité des idéologies qui constituait un obstacle objectif à l'intégration économique est révolue. A l'heure d'une globalisation aussi triomphante qu'agressive, les intérêts immédiats qui militent en faveur de la complémentarité et de l'intégration économique se multiplient.
Or sur la base même de la charte de l'Union du Maghreb Arabe qui dispose que les Etats maghrébins s'engagent à "effectuer des réalisations concrètes", rien n'interdit d'élaborer des solutions rapides qui s'inscrivent dans le processus déclenché en 1989..
Dans cette perspective d'urgence l'obligation de réaliser, la complémentarité et l'intégration économique, sociale et culturelle, s'identifie, de plus en plus, à la notion d'un Maghreb du possible.


Un Maghreb du possible


Le temps n'est plus où, au nom d'un idéal romantique, on pouvait mobiliser des foules par des slogans du genre "Soyons réalistes, demandons l'impossible !". La crise, voire la mort, des idéologies a bien sonné le glas des mythes fondateurs d'une conception, quelque peu sentimentale, de la complémentarité et de l'intégration.
S'il est vrai que les idéaux de l'unité arabe en général et du grand Maghreb arabe en particulier qui avaient été portés par plusieurs générations ont été, et continuent d'être, le vecteur d'une vocation solidaire des peuples, il n'en demeure pas moins vrai que la complémentarité et l'intégration implique l'existence des intérêts évidents entre des Etats.
Car, sans être, forcément, des monstres froids, les Etats, faut-il le rappeler, n'ont pas de sentiments.
Mais il n'en demeure pas moins vrai que l'approche institutionnelle que les Etats maghrébins ont adoptée par la création de l'UMA, laquelle a été érigée en "objectif - instrument" d'une intégration totale, permet de prendre en charge, en toute légalité, des "réalisations concrètes".
De ce point de vue, il est bien permis d'espérer que les Etats maghrébins, en tant que principaux acteurs de la complémentarité et de l'intégration, lesquelles, en vertu de la charte de l'UMA ont été promises, font l'objet d'un engagement sans équivoque, réalisent, dans les meilleurs délais, les multiples projets qui ont été, rationnellement, identifiés.
De toute manière, il semble qu'un constat général s'impose : face à la faiblesse structurelle des économies du Maghreb, la complémentarité et l'intégration régionale constituent une solution avantageuse et s'imposent comme une contrainte régionale dictée par la nécessité de s'unir face aux transformations du système international.
Après presque deux décennies d'existence le projet d'intégration maghrébine, à travers l'UMA est appelé à s'adapter aux profondes mutations qui se sont produites dans la région. Face à une opinion publique de plus en plus exigeante, ce projet qui, déjà à l'origine, se voulait un partenariat conomique et humain, devrait, sans tarder, pouvoir aligner des réalisations économiques d'un intérêt certain.
L'urgence d'initier, dans le cadre du Maghreb du possible, des projets "réalisables" qui vont dans le sens de l'intégration économique : la banque maghrébine, l' autoroute, la compagnie aérienne etc. correspond, en tout cas, à une réelle attente des populations face à laquelle les arguments d'ordre politique, institutionnel ou juridique, sont irrecevables.
L'unique réponse à cette attente qui se trouve aiguisée au niveau social par des revendications de la société civile inspirées d'une incontournable dynamique mondiale, et qui se nourrit d'un vieux rêve enfoui au fond de la mémoire collective maghrébine d'une intégration culturelle, ne peut être qu'une urgente action multilatérale porteuse d'un intérêt économique immédiat.
Pour la crédibilité d'une telle action, les Etats maghrébins devraient, face aux autres partenaires, parler, au moins en ce qui concerne leurs propres intérêts immédiats, d'une seule voix.


Face aux autres : parler d'une seule voix


En effet, tout indique que la complémentarité et l'intégration maghrébine est, aujourd'hui, impulsée par un contexte international caractérisé par la menace terroriste, l'insécurité énergétique ainsi que l'envahissante immigration clandestine. En principe, ce contexte devrait obliger les partenaires extérieurs de l'UMA à œuvrer plus efficacement à la réalisation d'une zone d'intégration. Dans cette perspective celle-ci apparaît d'abord et avant tout comme une contrainte extérieure. Or, en dépit des processus et autres cadres de concertation censés favoriser l'intégration économique, on a comme l'impression que le partenariat euro-maghrébin s'enlise dans une sorte de dialogue de sourds qui porte sur des sujets sécuritaires aussi dangereux que le terrorisme , sociaux aussi épineux que l'immigration, culturels aussi sensibles que la religion et qui a, visiblement, une certaine tendance à privilégier une vision sécuritaire de la complémentarité et de l' intégration.
S'il est généralement admis, dans ces partenariats, que la logique de la complémentarité et de l'intégration devrait, forcément, s'inscrire dans une dynamique qui repose sur les volets économique, social et culturel, l'ouverture de l'Europe sur le Maghreb reste marquée par une prudence qui se manifeste à travers la prééminence des relations commerciales et une politique restrictive d'immigration.
Face à ce partenaire privilégié qui se tourne vers l'Est et qui a tendance à "se barricader", les cinq pays du Maghreb avaient, il y a quelques années, adopté un style diplomatique plutôt unitaire dans le cadre dudialogue 5+5 dont le sommet s'est, finalement, tenu à Tunis (Décembre 2003). Tout au long de la préparation de ce sommet, les Etats de l'union du Maghreb arabe avaient, malgré leurs divergences politiques, fait preuve d'une remarquable cohésion qui s'est traduite par une identité de vues autour des intérêts immédiats que le Maghreb est en droit d'attendre de son partenaire européen.
Mais, nombreux sont, aujourd'hui même, ceux qui pensent que si cet esprit unitaire a existé , il a été furtif et qu' en assistant séparément aux multiples grands ensembles mondiaux, les pays du Maghreb, qui peuvent tirer profit, en même temps de plusieurs partenariats, payent le prix de leur désunion dont le coût est exorbitant.
Il y a, donc, de ce point de vue l'urgence et l'impérieuse nécessité que les cinq Etats de l'UMA, qui sont confrontés aux défis d'une féroce mondialisation laquelle attise l'insécurité, impose l'immigration, absorbe les faibles économies et provoque des tragiques incompréhensions, défendent avec un esprit unitaire, dans la négociation des partenariats, leurs intérêts immédiats qui sont, en définitive, ceux de l'ensemble maghrébin.


Mohammed Boubouche est chercheur en relations internationales, Université  Mohammed V- Rabat-Agdal

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