par Jean-Dominique Giuliani, le mardi 31 mars 2009

Londres, Strasbourg, Baden-Baden, Prague, 4 villes d'Europe, 4 jours, 4 questions mondiales


Le 2 avril se réunira à Londres le G20 qui rassemble les principales économies de la planète.

Les 3 et 4, à Strasbourg et Kehll-Baden-Baden, ce sera le sommet des 26 pays de l'OTAN et le 5, à Prague, le sommet Union européenne-Etats-Unis.
Ces quatre jours d'intenses rencontres pèseront peut-être lourd dans l'histoire du 21 ème siècle. Ils vont, en effet, apporter des commencements de réponses à quatre questions essentielles.


Le leadership américain va-t-il se survivre?


La crise économique et financière rend plus sensible encore la dégradation de l'image des Etats-Unis.

L'objectif des Américains, rappelé par B. Obama dans son premier discours sur l'état de l'Union est de retrouver leur leadership.
Or le 21ème siècle pourrait être celui de la puissance relative.

L'Europe est déjà la 1ère zone de production de richesses mondiale, la Chine est programmée pour la dépasser dans les 10 ans.

Les rapports de force changent vite. Le modèle financier anglo-saxon ne fait plus recette dans un monde qui comptera 9 milliards d'habitants en 2050.
La crise a révélé des excès qui ne seront plus acceptés.

La première puissance militaire du monde peut-elle parvenir, dans un sursaut dont elle a le secret et en se réformant, à retrouver son rôle dominant?
Cela reste son but. Est-ce possible? Est-ce souhaitable? Tout dépend, en fait, des choix du président américain.


L'Europe entre-t-elle dans la Cour des Grands?


Toujours à la recherche d'une gouvernance efficace, peinant à se réformer, attachée à son extraordinaire qualité de vie, elle vit très mal la crise présente et hésite toujours à se penser en puissance mondiale.

C'est pourtant la seule issue pour l'Union dont le parcours est jusqu'ici exemplaire mais dont certaines politiques sont désormais remises en cause.
Ou elle saute le pas de l'unité politique renforcée, ou elle risque de végèter sous la forme confortable d'une zone de libre-échange pacifique.

Le moteur franco-allemand de la construction européenne est donc directement interpellé.

Sur ses épaules pèse le destin de l'Europe. Si les 2 plus grandes puissances continentales européennes sont capables d'exister au G20, en le convaincant d'adopter une régulation efficace et de prendre le chemin d'un véritable ordre international, puis en persuadant leurs alliés américains de leur volonté d'affirmer une identité européenne de défense, qu'un lien transatlantique rénové doit consacrer, alors une existence européenne sur la scène internationale, avec ses valeurs, sa force et son attrait, peut changer durablement la donne.

La France et l'Allemagne jouent gros et quasiment seules.


Les pays émergents ont-ils vraiment émergé?


On sait tout de la montée en puissance économique de la Chine, de l'Inde, du Brésil. Mais quelle posture politique vont-ils adopter?

Se contenteront-ils de l'attitude quasi-tiers-mondiste d'un Brésil qui ne sait pas s'il est du côté des pauvres ou des riches, du non-alignement indien à peine transformé ou du mercantilisme chinois dans l'attente de sa puissance recouvrée?

Leur dépendance financière envers l'Ouest leur permet-elle une autonomie de pensée véritable, dotée d'une vision du monde qui traduirait une prise de responsabilité mondiale?

Resteront-ils des marginaux du système international ou s'impliqueront-ils réellement dans la construction d'un nouvel ordre international stable et durable?

Ils nous doivent une réponse.


Quelle sécurité internationale?


Le sommet de l'Otan met l'accès sur les questions de sécurité, qui reprennent toute leur accuité avec la crise économique.

L'Europe prendra-t-elle en mains ses destinées ou préfèrera-t-elle, une fois encore, s'en remettre à d'autres?

L'Otan saura-t-elle se réformer et fixer une doctrine plus adaptée à ses engagements expéditionnaires? La stabilité globale dépend largement de ses réponses, vis-à-vis de la Russie, du Proche-Orient, de l'Iran nucléaire et, plus généralement, du fondamentalisme islamique.

La première alliance militaire du monde porte une très lourde responsabilité mondiale. L'Amérique, comme l'Europe, doivent dire ce qu'elles veulent.


A ces questions, ces 4 jours n'apporteront pas de réponses définitives. Il y aura d'autres sommets.

Mais du succès ou de l'échec, c'est-à-dire de la volonté de trouver ensemble des réponses collectives et partagées à la crise économique, d'instaurer une coopération réelle et avec tous, pour régler les principales questions diplomatico-militaires de la planète, dépend en grande partie la voie que va choisir le siècle.


Paru sur le site: http://www.jd-giuliani.eu



Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman

http://www.robert-schuman.eu

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