par Partick Martin-Genier, le samedi 02 mai 2009

Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a lancé cette semaine la campagne de son parti pour les élections européennes du 14 juin prochain. Traçant des perspectives intéressantes, il a notamment plaidé pour une « Europe politique » qui serait opposée à « l'Europe des technocrates » . Cette dualité montre bien l'ambiguïté de cette notion d'Europe politique qui, au demeurant dans l'histoire de la construction européenne, signifie tout à fait autre chose, à savoir la tentative de mise en place d'une politique étrangère commune.


Pour M. Bertrand, il s'agit avant tout de réintroduire un volontarisme politique au sein des institutions européennes. On ne peut qu'être d'accord. La présidence française de l'Union européenne a montré que lorsqu'il existe une réelle volonté politique pour faire avancer les choses, notamment la construction européenne, des résultats concrets peuvent être obtenus.

La nécessité de mettre au cœur de la construction européenne le volontarisme politique implique une action s'inscrivant dans la durée. Les eurodéputés qui seront élus pour la prochaine législature ( 2009-2014), auront une responsabilité particulière. Ils participent en effet pleinement à la confection de la « loi européenne » à travers le système de co-décision pour les directives et les règlements. La première exigence sera donc elle de l'assiduité pour être des acteurs à part entière de la prise de décision.

La deuxième exigence sera celle du rapprochement avec les citoyens. Ces derniers, au moment où les sondages ne laissent pour le moment pas envisager une grande participation, ne savent pas ce que fait le député européen. Ils ignorent la plupart du temps comment fonctionne l'Europe communautaire et peinent à faire la différence entre les institutions internationales (le Conseil de l'Europe, le Parlement européen etc.…), à leur corps défendant. Des collégiens fréquentent un collège « Jean Monnet » sans même parfois savoir qui est ce grand homme…Le déficit de connaissance reste donc une énigme, malgré les moyens mis en œuvre sur le plan institutionnel et le déficit d'information reste encore béant.

Une explication peut être avancée : les responsables politiques, hormis les plus européens d'entre eux, n'ont jamais vraiment assumé les décisions prises collectivement à l'échelle européenne. Si bien que dès que quelque chose ne va pas « c'est de la faute à Bruxelles ». Il est urgent d'arrêter ce discours irresponsable et ravageur pour la crédibilité de l'Europe qui ne mérite pas le dénigrement systématique dont elle est l'objet.

Les citoyens exigent de leurs responsables au moins la capacité d'assumer les décisions. C'est pourquoi, les futurs députés européens devront s'investir massivement dans leurs nouvelles fonctions, puis aller à la rencontre des citoyens en organisant régulièrement des forums de rencontre pour expliquer leur action.

Quant à la critique de l' « Europe des technocrates », il convient de regretter ce langage. Qu'entend-on pas « technocrates » ? S'agit-il des fonctionnaires des institutions européennes qui effectuent un remarquable travail ? Si l'on prend les fonctionnaires de la Commission européenne, ils sont environ 22.000 (titulaires et temporaires), bien qu'une cure d'amaigrissement soit en cours dans le cadre des restrictions budgétaires, soit…deux fois moins que les fonctionnaires de la ville de Paris. Pourtant, on en ne critique pas les « technocrates » de la ville de Paris mais bien son maire ou ses élus politiques…

Si donc on considère aujourd'hui que l'Europe est trop « technocratique », on le doit avant tout à l'absence d'une réelle vision ainsi que d'une présence politique. Après tout, une fonctionnaire n'est pas « responsable » au sens politique du terme. Il appartient aux politiques d'assumer leurs propres responsabilités devant le Parlement et devant les électeurs.

Laissons donc de côté les critiques de la superstructure pour s'atteler aux meilleurs moyens de renforcer le rôle du politique, comme le président de la République a souhaité le faire en France depuis son élection en 2007 et comme le font des centaines de maires dans les communes qu'ils gèrent.


Patrick Martin-Genier est secrétaire général de l'Association Jean-Monnet.

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