par Danuta Hübner, le jeudi 16 juillet 2009

"La gouvernance régionale dans un contexte mondial est le titre de la conférence organisée les 11 et 12 mai derniers par la Commission européenne en coopération avec le Forum Global d'Associations de Régions (FOGAR). Dans une interview réalisée à cette occasion par Enrico Mayrofer, la Commissaire chargée de la politique régionale, Mme Danuta Hübner, a invité les représentants de gouvernements et de Régions d'Europe, d'Afrique, de Russie, de Chine et d'Amérique du Sud afin d'examiner l'expérience acquise dans le domaine de la politique régionale dans l'Union et dans d'autres parties du monde.


Enrico Mayrhofer: Madame la Commissaire, cette conférence réunit des représentants du monde entier. Y-a-t-il un intérêt croissant pour la politique régionale dans les relations extérieures de l'Union européenne ? Et pourquoi ?

Danuta Hübner: C'est la première fois que la Commission organise une conférence à l'échelle régionale avec des représentants du monde entier et j'espère que ce ne sera pas la dernière. Nous souhaitons en effet créer un réseau pour la coopération régionale à l'échelle mondiale. Pour ma part, cette approche nous permet de mobiliser le potentiel régional et local à travers le monde, dans un contexte de nouvelle révolution industrielle basée sur l'efficacité énergétique et l'écologie (greening). De plus, introduire la politique régionale européenne dans le domaine des relations extérieures de l'UE permettra une meilleure exploitation du potentiel acquis au niveau régional et local, tant dans un contexte de crise que dans le cadre de la nouvelle révolution industrielle que je viens de mentionner. Nous avons en effet introduit la dimension régionale dans tous nos accords internationaux, comme par exemple, dans les accords de partenariats avec l'Europe de l'Est ou pour les politiques destinées aux pays en voie de développement comme pour l'Afrique.


EM : La politique régionale est l'une des plus grandes réussites de l'Union européenne. Pensez-vous pouvoir exporter ce modèle dans le monde pour développer les zones non développées?


DH : Oui, c'est ce que nous sommes en train de faire, mais il s'agit d'un export particulier: la démarche ne consiste pas seulement à leur dire quoi faire, mais principalement à montrer nos expériences, nos meilleures pratiques. Nous avons une grande expérience en Europe dans le domaine du développement, surtout depuis le dernier élargissement au cours duquel certains pays ont intégré l'UE avec des différences de niveau de développement considérables. Nous les avons intégrés dans la politique régionale au cours des cinq dernières années et ils ont réussi à améliorer leur croissance économique. Nous sommes donc en mesure de démontrer que la politique régionale peut aider les territoires les moins prospères à rattraper leur retard. Je reste cependant convaincue que nous apprenons du reste du monde. Par exemple, nous avons appris des pays en voie de développement l'importance du micro-crédit dans le développement local. Cet échange d'expériences montre ainsi que nous sommes tous confrontés au même problème: les disparités. Aujourd'hui, personne ne peut se permettre de tels écarts sur un même territoire. Et c'est là toute l'utilité de la politique régionale.


EM : Que pensez-vous de l'activité du FOGAR dans la mise en place d'un réseau permanent entre les différentes associations régionales des cinq continents?


DH : C'est une excellente idée ! Commencer la coopération à l'échelle sub-nationale dans un domaine où traditionnellement les États sont les principaux acteurs est très utile. Cela fait déjà quelque temps en Europe que nous avons compris l'importance de la coopération au niveau sub-national. Nous avons appris que la coopération régionale représente un potentiel important dans le développement des territoires et dans la prévention des conflits. Le FOGAR facilite ce processus car il fournit un cadre institutionnel qui apporte au monde une cohésion. De plus, le FOGAR nous aide dans ce que vous appelez " l'exportation" de la politique régionale dans le reste du monde. C'est en effet un cadre où les Régions peuvent apprendre mutuellement les unes des autres, tel que cela fonctionne en Europe.


EM : L'ONU est une organisation de Nations comme l'a été la Communauté européenne à sa création. Pensez-vous que la voix des Régions devrait être plus structurée à l'échelle mondiale comme l'est l'UE aujourd'hui ?


DH : Le fait que le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) nous ait rejoints lors de la création du FOGAR montre qu'une réflexion se fait à l'ONU sur le besoin de dépasser le niveau national. Je pense bien sûr qu'il y a un très long chemin à parcourir. Cependant, porter la voix des Régions, la voix des citoyens sur la scène internationale est très important. Aujourd'hui, ces citoyens souhaitent faire remonter leurs désirs et leurs rêves du niveau local vers d'autres niveaux; les instances telles que le FOGAR pourrait les aider à développer cette perspective.


Entretien réalisé par M. Enrico Mayrhofer. Newsletter de la CRPM du 22 juin



La Conférence des Régions Périphériques Maritimes (CRPM) :

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