par Jean-Guy Giraud, le jeudi 10 septembre 2009

Avant de tirer des conclusions générales et définitives du résultat du référendum irlandais, il peut être utile d'en analyser d'abord la teneur exacte sur la base des résultats et du sondage "sortie des urnes" effectué par EUROBAROMÈTRE.



1. 55.000 votants ont fait la différence (0,011% des citoyens EUR
27)


L'écart entre le OUI et le NON par rapport à la barre des 50% est de 3,4% des votants soit 54.905 votants sur 1,6 million de participants (et 3 millions d'électeurs).

Au niveau EUR 27, ce chiffre de 55.000 représente 0,011% des citoyens, et environ 0,015% des électeurs et 0,03% des participants au dernier scrutin européen (élections du PE de 2004).


2. "If you don't know, don't vote or vote no"


Le sondage EUROBAROMÈTRE confirme le sentiment d'ignorance et de confusion qui a présidé au vote des Irlandais :

52% des abstentions et 22% des votes NON sont directement liés à un manque d'information et de compréhension du Traité et de ses enjeux.

Les autres raisons du vote négatif sont très disparates et dispersées :

protection de 'identité irlandaise (12%), sauvegarde de la neutralité (6%), méfiance envers les politiciens (6%), "perte" d'un commissaire irlandais (6%), protection du régime fiscal national (6%), etc ...

Les Amis savent que, hormis la question de l'"identité irlandaise" - de nature affective -toutes les autres raisons du vote négatif sont juridiquement infondées.


3. Voter NON pour pouvoir (re) négocier des exceptions (76% des NON)

Un nombre impressionnant des votants pour le NON (76% selon EUROBAROMÈTRE),
auraient considéré que le vote négatif de l'Irlande permettrait en fait à son Gouvernement de négocier des exceptions à certaines obligations (réelles ou supposées) imposées par le traité de Lisbonne - comme ce fut le cas pour le Traité de Nice en marge duquel l'Irlande avait obtenu en 2002, après le premier référendum négatif, une déclaration sur le maintien de sa " neutralité".

4. Une écrasante majorité d'Irlandais (89%) demeure favorable à l'UE

même sondage « sortie des urnes » indique que :
89% des votants
98% des votants OUI
80% des votants NON
soutiennent l'appartenance de l'Irlande à l'UE.


Ces chiffrent relativisent le soi-disant "désamour" ou la prétendue "rupture" de l'opinion publique irlandaise vis-à-vis de l'Europe et de l'Union européenne.


En résumé, le résultat négatif du référendum irlandais :


- provient d'un écart de voix très peu significatif sur le plan statistique, tant au niveau irlandais qu'européen,

- est affecté par une ignorance reconnue sur la question posée et sur ses enjeux - ainsi que par la grande confusion de la campagne politique préalable,

- est intuitivement lié à la conviction de pouvoir "(re)négocier" certaines
exceptions en marge des Traités,

- ne traduit pas un affaiblissement du soutien des Irlandais à leur appartenance à l'UE.

C'est notamment à partir de ces paramètres que le Conseil européen des 19/20 juin 2008 a décidé de terminer le processus de ratification du Traité de Lisbonne puis de reconsidérer le cas de l'Irlande.

Ce qui n'empêchera pas de poser en temps utile les nécessaires questions de caractère général sur les carences de l'information européenne, cause principale du décalage croissant entre une partie de l'électorat et les " élites" nationales et européennes.

Note aux Amis du Traité de Lisbonne n° 288 du 23 juin 2008

Pour voir les autres notes :

http://www.europarl.europa.eu/paris/4/par41eu5791.htm


Jean-Guy Giraud est vice président de l'Union des Fédéralistes Européens de France

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