par Dirk Ahner, le jeudi 22 octobre 2009

Dans une interview d'Enrico Mayrhofer, publiées dans la Voix des Régions, Dirk Ahner, Directeur général de la DG Regio affirme que la Commission européenne a réagi fortement et rapidement à la crise économique et que la politique régionale pourrait jouer un rôle important dans les années à venir.


Enrico Mayrhofer : Quelles mesures a pris la Commission pour faire face à la crise ?

Dirk Ahner : Déjà à l'automne dernier la Commission a réagi face à la crise. En effet, nous avons sorti un paquet de mesures qui comprenait des actions très concrètes comme l'apport supplémentaire d'argent, soit par la Banque Européenne d' Investissements, soit par la Commission elle-même mais dans la limite de ses marges budgétaires existantes.

En outre, la Commission a fait en sorte de coordonner au maximum les actions des États membres pour faire face à la crise en leur permettant d'agir avec une bonne synergie. Par exemple, il y a eu de nombreux accords entre les État membres et la Commission sur plusieurs thématiques qui vont de la surveillance des marchés financiers jusqu'aux investissements concrets destinés à renforcer l'activité économique de l'UE.

La Commission a également proposé de simplifier une série de règles législatives temporaires surtout dans les domaines de la concurrence, des aides d'états et de la politique régionale, afin de permettre aux régions d'avoir un maximum de flexibilité dans la mise en œuvre des Fonds structurels. En ce qui concerne plus concrètement la politique de cohésion, nous avons rapidement pris contact avec les États membres. Ils nous ont rassuré sur le fait qu'ils étaient en mesure d'utiliser l'argent qui restait de la période 2000-2006 et qu'ils avaient la possibilité d'utiliser au mieux le plafond prévu pour 2007-2013.

Comme mesures pratiques, nous avons augmenté dans le budget 2009, les "avances de paiement" pour donner davantage de liquidités aux États membres pendant cette période de crise.

Plusieurs États enfin se sont davantage intéressés à la possibilité de mettre en place des instruments d'ingénierie financière, instruments qui étaient déjà en place avant l'arrivée de la crise. En effet, dans plusieurs pays et régions, le problème de l'accès aux crédits pour les PME est très important et c'est dans ce domaine que ces instruments se sont finalement révélés très utiles. En termes comptables, je peux dire qu'aujourd'hui, nous avons une utilisation de ces instruments qui dépasse les deux milliards d'euros.


EM : Comment cette crise va-t-elle influencer la prochaine programmation financière 2014-2020 ? Au sein du Conseil, les États membres vont-ils en profiter pour soutenir la thèse du manque d'argent afin de réduire le paquet destiné aux régions ou seront-ils prêts à augmenter le budget pour aider les régions à sortir de la crise ?


DA : Je crois qu'il est trop tôt pour tirer de vraies conclusions. Certes, je peux dire qu'il n'y a aucun État membre qui mettrait en cause le principe de solidarité, comme il n'y en a aucun qui mettra en cause la nécessité pour l'UE de devenir plus compétitive. Tout le monde au Conseil estime que cette compétitivité doit se faire sur la base de l'innovation, de la recherche, du savoir faire ou du savoir tout court. En conséquence, la recherche et la coopération entre les entreprises qui font de la recherche ainsi que les investissements auprès des jeunes, - donc dans le capital humain -, seront toujours une priorité politique pour l'Union.

Ceci me rend un peu optimiste. Je crois que par rapport à ces objectifs, il y a un bon consensus parmi les États membres. Et ce consensus me laisse espérer que ces objectifs resteront toujours une partie important du futur budget communautaire.


EM : Une grande partie des régions de la CRPM ont signé un "Pacte territorial". Quelles réflexions vous inspire ce manifeste?


DA : Ce manifeste me donne clairement beaucoup d'idées. Nous sommes précisément en train d'étudier quels principes nous pourrions en retirer pour notre propre travail et nos propres réflexions. Nous contacterons la CRPM pour voir comment elle voit très concrètement ce que nous pourrions faire, notamment dans le cadre de la politique de cohésion. A cet égard je dois dire que notre expérience montre que le travail à la fois avec les État membres et les Régions, effectué dans une relation triangulaire, porte toujours ses fruits et que cela est devenu notre « pain quotidien » ! Personne ne conteste aujourd'hui l'importance du niveau régional pour le développement économique de l'Europe.

La crise et les différentes approches régionales pour y faire face feront l'objet d'un séminaire que la CRPM organisera à Marseille à l'invitation de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur le 27 novembre prochain. La Commission européenne participera aussi aux débats.

Paru dans le lettre des Régions du 20 octobre 2009

http://www.crpm.org


Paru dans le lettre des Régions

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