par Arta Seiti, le jeudi 12 juin 2008

Ni la Constitution du Kosovo, qui va entrer en vigueur ce 15 juin 2008, ni le fameux plan Ahtisaari, n'avaient aucunement prévu une "reconfiguration progressive de la MINUK au Kosovo, permettant ainsi un contrôle amoindri de cette dernière sur la mission EULEX", nous apprend le quotidien kosovar Koha ditore du 11 juin. Selon le plan Ahtisaari et la nouvelle Constitution du Kosovo - un dérivé juridique de ce plan -, les pouvoirs de la MINUK devraient s'éteindre pour laisser la place à la mission civile européenne.


Cette nouvelle donne revêt sur le terrain une sécession fonctionnelle voire administrative du Kosovo - des scénarii venant des deux communautés le démontrent.

Pour les Serbes, il n'est pas question d'accepter la mission européenne EULEX ; le report du mandat de la MINUK pour le Kosovo maintient toujours en place la Résolution 1244 qui défend l'intégrité territoriale de la Serbie ; par ailleurs, le Ministre serbe pour le Kosovo, Slobodan Samardzic, annonce une mise à jour de la gouvernance des communautés locales serbes selon les résultats des dernières élections législatives serbes du 11 mai, en désaccord avec la MINUK, considérant ces résultats comme illégitimes ; les Serbes envisageraient même la création d'un Parlement serbe pour le Kosovo(quotidien kosovar Express), ce qui marquerait, en effet une voie politique parallèle, bien tracée à celle que préconisent les institutions kosovares.

A ce stade, les autorités kosovares "se réconcilient avec la dualité MINUK-EULEX", la qualifiant comme une "approche commune" de la présence internationale sur place, bien que les analystes kosovars attribuent cette dualité "à l'absence d'homogénéité au sein des institutions kosovares manquant d'alternatives".

Ce sont bien là des raisonnements proverbiaux pour chacune des parties des deux communautés, kosovars albanais et serbes, afin de légitimer leurs causes : les Kosovars admettraient tout au regard de la mission internationale, au prix du nouvel état indépendant ; les Serbes du Kosovo, au contraire, persistent à refuser "l'état du Kosovo" en maintenant des structures parallèles au nord de Mitrovica.

Que reste-t-il à faire quant à une stratégie cohérente européenne pour le nord du Kosovo ?

N'ayant pas d'option, pour l'instant, la présence de la MINUK accentue la séparation du Kosovo et met à l'échec l'extension des compétences des institutions kosovars dans tout le Kosovo.

Alors que le Parlement serbe s'apprête à se mettre en place, le 15 juin, en contrepartie de la Constitution kosovare, un des dirigeants des communautés locales serbes confirme qu'il s'agit bien pour eux "d'une réponse politique". Or, les autorités kosovares qualifient de leur côté cet acte de "provocation" de la part de Belgrade.

La désignation - "Union transatlantique" - prononcée par Mme Victoria Nuland, ambassadeur américain auprès de l'OTAN, aux discours de Londres et de Paris, en février 2008, fait appel au renforcement de l'Europe de la défense ainsi qu'à un travail commun de l'UE et de l'OTAN.

Est-ce à dire que cela illustre le cas du Kosovo, en parlant des 16 000 hommes de la KFOR ?

En tout cas, il semblerait que l'UE peine à être autonome au Kosovo.




Arta Seiti est chercheur associé au Centre de Géostratégie de l'ENS-Ulm et responsable du groupe de recherche sur les Balkans  de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE)

http://ipse-eu.org

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