par Thomas Dumoulin, le lundi 21 juillet 2008

De nombreuses initiatives verront le jour pendant la présidence malgré le non au réferendum irlandais et la réticence de certains états membres d'aller aussi loin que la France l'aurait voulu. Du satellite d'observation Hélios à l'augmentation des capacités héliportées en passant par une structure permanente de commandement à Bruxelles, les initiatives sont nombreuses mais restent encore peu coordonnées et à un état d'avancement très inégal. Les anglais s'opposent en outre encore à plusieurs initiatives françaises. Passage en revue des initiatives avancées par la France.




I La mise en orbite du satellite Hélios II B


"Prévention, dissuasion, maintien de la paix… Les guerres Iran-Irak ou le conflit afghan sont des exemples de situations qui ont mis en évidence la nécessité pour la défense française de renforcer ses capacités en matière de renseignement militaire. Le recours à un système d'observation spatiale permet à la France d'observer en toute indépendance et en tout lieu, sans risquer de violer l'espace aérien des pays observés" note le CNES. En Europe, la France, en collaboration avec l'Italie et l'Espagne, a conçu des satellites optiques d'observation dès 1995 prénommés Hélios.

Après l'ère d'Hélios I (1995-2004), la génération de satellite Hélios II a apporté les progrès de la très haute résolution et des capacités de vision de nuit. "La maîtrise de l'espace est bien le prochain défi que les Européens auront à relever ensemble. L'espace est un enjeu majeur du XXIème siècle. La France et l'Europe ne peuvent rester à l'écart de ce défi. Notre pays, qui conduit actuellement une politique ambitieuse de modernisation de ses applications spatiales, doit continuer à entraîner ses partenaires européens sur cette voie" prévenait déjà Michelle Alliot-Marie lors du lancement de Hélios 2A en décembre 2004. Le second satellite de cette génération, Hélios-2B, qui viendra encore renforcer la capacité opérationnelle du système devrait être lancé en 2009, afin de prendre le relais jusqu'en 2014. Hervé Morin a confirmé que le lancement de ce satellite serait une des priorités de la présidence française de l'Union.


II L'augmentation et la mise en commun d'équipements militaires


"L'augmentation des capacités héliportées" européennes figurera dans la liste des ambitions françaises, a indiqué Hervé Morin en juin, à l'issue d'un Conseil des ministres européens de la Défense. Un premier accord franco britannique sur la création d'une flotte européenne d'hélicoptère constitue déjà un acquis. Des pays d'Europe centrale, encore tributaires de leur flotte russe, seraient déjà intéressés par la proposition. Très concrètement les États membres seraient invités à former des pilotes et à moderniser leurs appareils en vue d'obtenir des "moyens aériens de transport stratégique" , résume le ministre slovène Karl Viktor Erjavec.

Mais cet objectif d'harmonisation butte sur l'Agence européenne de défense (AED), censée être maître d'œuvre dans les programmes d'hélicoptères et le Royaume Uni, selon les observateurs, préférerait déployer cette future armée européenne d'hélicoptères dans le cadre des opération de l'OTAN.

S'exprimant devant l'Assemblée parlementaire de l'Union de l'Europe Occidentale (UEO) en juin, Hervé Morin a également évoqué un "groupe aéronaval européen autour du porte-avions britannique ou français" .Ces derniers seraient en permanence en mer et, s'il navigueraient sous leur drapeau national, il seraient accompagnés par des moyens européens frégates, sous-marins, pétrolier ravitailleur, etc. Hervé Morin a également évoqué une "flotte commune d'Airbus (militaire) pour le transport stratégique ou le ravitaillement en vol.


III L'ouverture du secteur de l'armement


Le marché européen de l'armement est encore extrêmement cloisonné en Europe. Paris entend dynamiser ce marché en "redynamisant" l'Agence européenne de défense ou par l'ouverture accrue des marchés publics de défense. Une ouverture grandement souhaitée par Bruxelles. Le commissaire européen à l'Industrie Günter Verheugen tempêtait déjà l'année dernière : "Il faut décloisonner, ouvrir à la concurrence. Il en va de la survie économique de ce secteur d'importance stratégique, indispensable à notre indépendance, à notre souveraineté politique" . Et cela permettrait d'éviter la duplication. Le Figaro y va de son anecdote : "Sur le marché européen, c'est la duplication qui domine. Un militaire, de retour du Pakistan, a noté la présence de huit hélicoptères européens de combat différents dans le ciel(4). «Absurde !» dit-on à Bruxelles."

Le Traité de Lisbonne aurait permis des coopérations structurées permanentes entre un groupe limité d'État membres qui désirait créer un marché unique de l'armement, alors que les marchés sont actuellement fragmentés. Le projet est désormais mis entre parenthèse.


IV Et des projets faisant encore l'objet de tractations avec Londres...


La France entend promouvoir deux autres ambitions auprès de ses partenaires européens : la création d'un quartier général permanent des opérations et un "Erasmus" militaire pour les jeunes officiers, sur le modèle des échanges universitaires civils du programme Erasmus. Celui-ci permettrait par exemple à des militaires portugais de parfaire leur formation en France afin de créer une culture militaire commune. Les anglais s'interrogent encore sur le financement d'une telle opération.

La création d'un centre de commandement européen voulue par la France fait aussi débat. A l'heure actuelle, l'état-major est crée "ad hoc" à Bruxelles, ce qui prend beaucoup de temps, avant de le démanteler à la fin de la mission. L'idée française est de mettre sur pied une structure permanente de 50 personnes, contre 900 pour l'Otan, avec une augmentation à 150 planificateurs lors d'une opération. La Grande-Bretagne voit dans ce projet un risque de duplication du quartier général de l'Otan.

La structure de l'agence européenne de l'armement devrait également développer ses activités dans les prochains mois pour créer des équipements communs. Mais les Britanniques refusent encore de la doter d'un budget pluriannuel, ce qui entrave ses activités.


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