par Pierre-Franck HERBINET, le jeudi 18 août 2011

Mes aïeux connurent de sanglantes guerres mondiales. Le 9 Mai, nous eûmes la déclaration de Robert Schuman, le 18 Avril 1951, nous vîmes la création de la CECA, [...], le 1er Décembre 2009, le Traité de Lisbonne entra en vigueur. A l'aube du troisième millénaire, naquit le désenchantement de l'acception fédérale de la construction européenne. Bien qu'offrant son sein nourricier aux 500 millions d'Européens, l'Union européenne vit un manque abyssal de légitimité aux yeux d'une majorité d'eurocitoyens. La responsabilité historique de l'Occident dans le dérèglement climatique est un fait avéré, l'irresponsabilité humaine en est la principale cause.


Comment enraciner l'Europe du XXIème siècle dans l'âme collective ? En ce début de troisième millénaire, l'Union européenne observe l'actualité avec mélancolie. En tumultes sur les places boursières mondiales, les marchés gagnent en nervosité, les experts et les politiques s'activent en coulisses, les pionniers pressent la diplomatie et les investisseurs s'orientent en direction des valeurs refuges. Émaillée de guerres fratricides, sublimée par les grands bâtisseurs européens, l'Histoire européenne considère la temporalité et l'espace de la construction européenne.

Le tableau est si sombre que les Européens doutent de la capacité de l'Union européenne à assumer sa responsabilité politique et morale. Le fédéralisme est une marque, que ses architectes portent comme un serment de pureté. Dans notre vieille Europe, la crédibilité politique se réduit à l'aune de la dette grandissante. En réponse, les architectes fédéralistes rétorquent par une coordination macroéconomique, par une politique budgétaire commune et par l'émission d'euro-obligations.

Selon Alain MINC: "Nous allons à marche forcée vers une gouvernance économique européenne ". A l'heure des découvertes macabres en provenance de la finance internationale, l'Europe assure la protection de ses eurocitoyens par le renforcement du fonds de sauvetage des États membres en proie aux difficultés et par de nouvelles avancées fédérales. Lui rendre grâce, c'est unir nos différences. Enrichie de nos différences, l'acception fédérale doit trouver le chemin de la lumière. Être témoin de l'idéal fédéraliste, c'est refuser l'argent comme un instrument de domination et de pouvoir, c'est renoncer à l'individualisme, c'est construire un rempart contre la mondialisation. Croire en la démocratie, c'est phagocyter le fondamentalisme. Toutefois une conversion est possible grâce au souffle créateur bâtissant un berceau pour la civilisation européenne.

Si les Lumières du XVIIIème siècle impulsèrent un courant humaniste, les temps mauvais l'édulcorèrent. En ces temps troublés par la gestion de la crise de la dette, au fatalisme préférons-nous l'ambition, au cynisme et à l'indifférence choisissons-nous la créativité et la solidarité, au déni de réalité écrivons-nous des propositions éthiques, aux incantations dérisoires rassemblons-nous autour des principes de plénitude et d'universalité. Si le poison du doute a pour incidence un mirage, en revanche la convergence de vues entre Européens menant à une coopération toujours plus étroite, façonnera notre miracle fédéral.

Évanouissant l'euroscepticisme ambiant, la musicalité entonnée bat la mesure de la prochaine étape de la construction européenne. Connaissant les arcanes de la politique, héritiers des Lumières, définissons avec une pleine conscience de nouvelles normes, de nouveaux lieux, réparons la responsabilité historique des pays industrialisés, imprimons une marque de pureté, donnons une vision holistique de l'acception fédérale par l'entremise de propositions et d'actions communes.

Parmi les identités plurielles du village global, l'appel à une prompte rédemption est prié, pour une renaissance frappée du sceau fédéraliste sous les auspices d'une vision humaniste pour le troisième millénaire. Si vivre est un bonheur, survivre dans un cycle perturbé, court ou long, n'a aucun sens, mais il est hors de portée de sacrifier le destin des générations futures sur l'autel de l'irresponsabilité.











Pierre Herbinet est Secrétaire Général du Bureau Départemental du Mouvement Démocrate Jura. 

Il est aussi membre de la Commission Énergie-Climat du Mouvement Européen (responsable Louis Jourdan/2010).

http://www.mouvement-europeen.eu/-Contact,1052-

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