par Jean-Dominique Giuliani, le dimanche 04 septembre 2011

Pour l'Union européenne l'été a été meurtrier.
Face à la défiance, l'irrationalité et peut-être des attaques inspirées, des marchés financiers, les institutions de l'Union ont plus que montré leurs limites. Les égoïsmes ont fait un retour en force et certains petits Etats, raisonnant petitement, cherchent à échapper à leur devoir élémentaire de solidarité. Le populisme continue à frapper ici et là, réveillant des disputes ethniques qu'on croyait oubliées. La crise est partout présente, celle des dettes et des déficits, celle de modèles sociaux généreux que nous voulons préserver et l'imagination, voire le courage, ne sont pas vraiment au rendez-vous.


Trois exceptions notables doivent être pourtant saluées.

La Banque centrale européenne a fait plus que son devoir et beaucoup contribué à calmer les spéculateurs.

L'Allemagne et la France ont réagi, d'abord le 21 juillet en provoquant un sommet de la zone Euro qui a pris des décisions fortes; puis en se retrouvant le 16 aout pour ouvrir de nouvelles perspectives. Proposant d'instaurer le fameux "gouvernement économique de la zone Euro" qu'on attend depuis la création de la monnaie unique, elles sont allées plus loin en décidant d'unifier leurs impots sur les sociétés, première initiative fiscale qui, vraisemblablement, en appellera d'autres.

Si l'on ajoute à ce bilan la chute du régime du dictateur libyen, on mesure que des résultats sont atteints dès lors que l'Europe retrouve un leadership et surtout la capacité de se comporter en puissance responsable.

Ces trois exemples auront des conséquences durables sur la construction communautaire.

La BCE a agi en dehors du cadre des traités et la Cour de Karlsruhe, qui doit bientot se prononcer sur le premier plan d'aide à la Grèce ne manquera pas de le souligner.

La France et l'Allemagne, premiers contributeurs au budget européen, au capital de la BCE et premières économies continentales, ont pris des responsabilités que personne d'autre ne voulait exercer.

Quant à la Libye, elle démontre que l'Europe de la Défense n'est pas près de se construire sur le modèle communautaire.

Pour autant, la volonté d'intégration demeure pour sauvergarder et promouvoir l'essentiel pendant que l'accessoire éloigne chaque jour un peu plus les citoyens des institutions de Lisbonne.

Il faudra vraisemblablement en tirer toutes les conséquences alors que le modèle européen n'a pas à rougir de ses réalisations mais doit remettre en cause profondément ses moyens d'action: ni le Royaume-Uni, ni aucun de nos voisins non membre de l'Euro ne peuvent aujourd'hui affirmer une supériorité sur le modèle continental européen qu'incarnent la France et l'Allemagne.

Les incertitudes économiques, les questions juridiques et les surprises géopolitiques appellent donc de nouvelles initiatives européennes.
La France et l'Allemagne, qui ont annoncé des propositions pour la fin de ce mois, iront-elles jusqu'à tracer de nouvelles pistes, véritable refondation de l'Union autour de leur entente? Verra-t-on alors un nouveau traité franco-allemand, bien évidemment ouvert à qui le veut, relancer l'intégration en offrant de nouvelles marges de manoeuvre à une Europe qui doit s'imposer à l'extérieur et se renforcer à l'intérieur?

Editorial paru le 4 août sur le site:

http://www.jd-giuliani.eu



Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman

http://www.robert-schuman.eu

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