par Xavier Grosclaude, le vendredi 07 octobre 2011

Les Etats-Unis ont depuis longtemps compris le rôle stratégique de la communication. Outil d'influence par excellence, ils ont toujours su, lorsque les circonstances l'exigent, saturer l'espace médiatique international en leur faveur.


Outre la présence (ou plutôt l'absence…) des désormais fameuses armes de destruction massive en Irak, il suffit pour s'en convaincre d'observer la stratégie de communication développée par l'Oncle Sam à l'égard de la République Populaire de Chine. Centrée sur ses intérêts vitaux, elle vise avant tout chose à positionner les Etats-Unis comme l'interlocuteur unique des autorités chinoises mais aussi comme le représentant exclusif du monde occidental.

Actuellement, sur le terrain européen, les Etats-Unis aidés par leurs fidèles alliés (Royaume-Uni, CNN, Fonds Monétaire International…) communiquent abondamment sur le thème, la crise grecque est mal gérée par l'Union européenne, sous-entendu, elle est la source de toutes nos difficultés…C'est habilement joué en termes de communication puisque cela permet de braquer tous les projecteurs sur l'Union européenne. Malheureusement, si la répétition est un des ressorts de la pédagogie, elle ne constituera jamais à elle seule une vérité.

En 2001, les autorités américaines suivies par les agences de notation vantaient dans tous les medias la gouvernance de la société Enron. A l'époque, Enron était présentée à travers le monde comme le modèle de gouvernance le plus abouti notamment en matière de responsabilité sociale d'entreprise. On connait la suite, faillite pour malversations comptables…Sept ans après, la promotion des subprimes, présentées comme la panacée aux problèmes d'accès à la propriété a buté sur la banque Lehman Brothers dont la faillite a entrainé dans sa chute celles des bourses mondiales.

Dans le même ordre d'idée, faut-il le rappeler, car la communication sur ces sujets est minimaliste, l'Etat de Californie (37 millions d'habitants, premier Etat des Etats-Unis en termes de PIB) dont la notation financière est inférieure à celle de la Grèce est actuellement au bord de la faillite tout comme la Poste Américaine (US Postal), sans parler du prestigieux orchestre de Philadelphie…Aussi, faut-il raison garder.

L'Union Européenne qui est la zone géographique la plus ouverte aux échanges économiques n'a pas de leçons à recevoir sur ce que devrait être sa conduite vu de Washington. En dix ans, l'Euro est devenu la seconde monnaie de réserve au monde après l'US Dollar. On peut comprendre que cela ne soit pas du goût des autorités américaines, ni des marchés financiers, mais c'est ainsi.

Quoiqu'il en soit, dans un contexte international de plus en plus instable, il est urgent pour l'Union européenne de développer une stratégie de communication à la hauteur de ses ambitions politiques et économiques.

Lors de la Conférence de Copenhague sur le Climat, l'Union européenne s'était faite outrancièrement marginaliser par les Etats-Unis sans réagir. Depuis cette défaite politique et médiatique, il eut été logique de repenser intégralement la communication de l'Union pour lui donner un caractère plus stratégique et un peu moins institutionnel. Manifestement, cette option n'a pas été retenu, il n'est pas trop tard pour le faire sauf à vouloir être ad vitam aeternam le punching ball des Etats-Unis…


Xavier Grosclaude est consultant dans les Affaires Publiques et le Développement

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