par Alain Lamasoure, le jeudi 10 novembre 2011

L'Europe sera au cœur de la campagne présidentielle. Parce que c'est à ce niveau que se posent désormais les problèmes majeurs de la France. Et parce que Nicolas Sarkozy y a joué un rôle déterminant.

C'est lui qui a voulu le traité de Lisbonne. Et grâce à ça, pour la première fois depuis 1965, le problème institutionnel n'est plus au centre du débat. Tant mieux : ce qui intéresse les citoyens, ce n'est pas le cadre juridique, c'est le contenu des politiques. Ce n'est pas le dessin du navire, mais sa destination. Certes, le traité n'est pas parfait. Certes, le moment venu il faudra l'améliorer, mais il y a mieux et plus urgent à faire. C'est une magnifique boîte à outils, servons-nous en.


Servons-nous en à la lumière du formidable révélateur des crises.

1 – Gouvernance économique. Les règles de la discipline budgétaire ont été convenablement durcies. Il y faut deux compléments.

- Coordonner les politiques de croissance. La vie de l'après-crise. Ne pas se limiter à la dimension médicale du traitement et de la prévention des maladies budgétaires. C'est les Jeux olympiques mondiaux de 2020 qu'il faut gagner. Utilisons le rendez-vous budgétaire annuel pour échanger aussi sur le contenu de nos politiques et le financement d'Europe 2020.

- Associer les parlements nationaux. En les faisant travailler ensemble. Pas de "gouvernement" sans contrôle parlementaire. Si on n'est pas content de ce " gouvernement", qui va l'exprimer et comment ? On a vu les difficultés rencontrées pour faire accepter le modeste accord du 21 juillet en Finlande, en Allemagne, en Slovaquie. Et celui du 27 octobre en Grèce.

2 – Le pacte de solidarité.

L'accord du 27 octobre doit être replacé dans le cadre plus vaste d'un pacte européen de solidarité. Complétant le pacte de stabilité.

Un pour tous, tous pour un.

- Chacun s'engage à tout mettre en œuvre pour ne pas avoir besoin de l'aide des autres : c'est la règle d'or inscrite dans la Constitution.

- Chacun s'oblige à honorer ses engagements et s'abstient de toute décision unilatérale contraire au droit européen ou à l'intérêt européen. C'est vrai pour la Grèce. C'est vrai aussi pour la décision allemande de réduire de 20% sa production d'électricité.

- En contrepartie, chacun a droit à l'aide des autres si, malgré ses efforts, il traverse une crise majeure. Solidarité financière : ce sera le rôle du FESF. A compléter par la solidarité budgétaire : c'est le problème du contenu et du financement du budget européen.

3 – Les politiques communes.

Il y a urgence à définir et engager des politiques européennes dans trois domaines-clefs.

La politique énergétique : il faut s'arbitrer entre les objectifs d'indépendance énergétique, de compétitivité et de réduction des émissions de CO².

La politique migratoire. Le Traité de Lisbonne nous donne la compétence juridique. Tous les Etats membres sont sur la ligne de Nicolas Sarkozy : oui à l'immigration choisie, non à l'immigration subie ! Passons aux actes.

La défense européenne. Les articles du Traité de Lisbonne sur la défense ont été écrits par des Français selon la vision française. La fin de la guerre froide n'a pas été mise à profit pour compléter l'OTAN par une défense européenne. La crise budgétaire est une autre opportunité, qu'il nous faut mettre à profit. L'accord franco-anglais n'est pas le substitut à une défense européenne, c'est sa première pierre.

Intervention lors de l'Atelier Europe de l'UMP le 4 novembre 2011


Alain Lamassoure, est ancien ministre français des Affaires européennes puis du Budget, ancien membre de la Convention européenne. Actuellement député européen (Parti populaire européen, PPE), il est vice-président de la délégation française du groupe PPE et Président de la Commission des Budgets du Parlement européen. 

http://www.alainlamassoure.eu

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