par Jean-Dominique Giuliani, le mercredi 10 février 2010

L'Europe est ainsi faite qu'elle déçoit toujours les gens pressés et, finalement, s'impose irrémédiablement dans la durée. Les spéculateurs du moment pourraient bien en faire très vite, une fois encore, l'amère expérience.
A vouloir tester la solidarité des Etats partageant l'Euro, quelques uns vont boire un joli bouillon!


On savait depuis longtemps que la monnaie unique rassemblait des Etats divers et qu'elle manquait d'un gouvernement, pas seulement économique. Les vieux réflexes souverainistes l'ont empéché, la crise actuelle va nous le donner.

La construction communautaire est trop complexe et par trop inédite pour être comprise d'acteurs de marché qui n'ont pour ligne d'horizon que l'immédiat lendemain.

C'est un projet politique global, de longue durée, solide et sérieux, qui n'avance - hélas - qu'au gré des circonstances à défaut de visionnaires qui aient le courage de les anticiper.

Pour en connaitre tous les ressorts, il faut en appeler à l'histoire, la lucidité du jugement et la nécessité du moment.

Personne en Europe n'oserait envisager la fin de l'euro qui laisserait aux financiers le soin de dessiner un destin fait de compétition monétaire au sein du grand marché unique, de rivalités de nouveau exacerbées, du retour des conflits entre nations sur le continent européen.

Personne ne peut croire que les Etats de l'euro ne sauront pas garantir la dette grecque et imposer à ce partenaire - voire à d'autres - la cure d'austérité qu'il mérite et dont les règles sont déjà connues, acceptées et bien plus efficaces que celles du Fonds monétaire international.

Personne ne devrait oublier que les Etats ont parfaitement conscience de leurs intérets communs à disposer d'une monnaie stable et forte, garante du niveau de vie et de la prospérité.

Ils n'ont même pas le choix. La nécessité leur impose une solidarité totale avec un membre du club en difficulté quelles qu'en soient les raisons.

A ceux qui en douteraient encore, annonçons dès aujourd'hui que les décisions du Conseil européen vont leur infliger la confirmation claire de ce qui précède.

Pour autant, il reste aux Chefs d'Etat et de gouvernement à assumer la marche d'une intégration toujours plus poussée des économies et des sociétés européennes, avec de nouveaux transferts de compétences au profit d'une Union toujours plus fédérale.

Car tel est l'intéret de leurs peuples s'ils ne veulent pas abandonner à d'autres le soin de batir l'ordre international de demain.

Editorial paru sur le site de

http:// www.jd-giuliani.eu


Jean-Dominique Giuliani est président de la fondation Robert Schuman

http://www.robert-schuman.eu

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