La gravité de la situation ne doit pas être sous-estimée.
Les marchés financiers n'ont plus confiance dans la capacité de certains Etats européens à rembourser leurs dettes.
La crise financière actuelle est d'abord une crise de l'endettement public. Il culmine à 78,7% dans la zone Euro, c'est-à-dire qu'un petit européen qui nait aujourd'hui doit déjà 21 585 euro.
La cause principale en est l'addiction à la dépense publique dont font preuve les sociétés européennes qui y consacrent plus de la moitié de leur richesse.
Avant de s'interroger légitimement sur les moyens que l'Union européenne peut et doit mettre en oeuvre dans de telles circonstances, il faut s'entendre pour briser le cercle infernal de la dépense.
Elle tue la créativité, elle affaiblit l'économie et agit in fine comme une drogue dont les Européens, qui ne sont pas les seuls, usent et abusent.
On connait l'issue: l'appauvrissement général, d'abord celui des plus démunis, et le chomage.
Ils sont bien loin les débats académiques sur le contenu du Pacte de stabilité qui était soi-disant trop contraignant.
On peut comprendre les déficits temporaires pour contrer une crise, on ne doit pas laisser exploser la dette publique.
Aujourd'hui affranchis de leur propre discipline, les Etats européens affrontent le grand vent de la défiance des marchés, voire de la spéculation.
La cigale doit se muer en fourmi, si tant est qu'elle en soit capable.
Le seul vrai remède est l'appel à la responsabilité de tous les acteurs économiques et sociaux, qu'on doit rassembler pour établir des budgets nationaux plus économes, des systèmes sociaux et de retraites équilibrés, qui soient négociés autour d'une table européenne pour ainsi faire échec à la spirale qui s'est enclenchée.
Il ne devrait pas être si difficile de se mettre d'accord sur quelques grands objectifs communs et de discuter ensemble nos budgets.
Pour survivre dans la compétition multipolaire et préserver leur modèle, qui le mérite, les Européens devront faire des efforts, travailler plus et plus longtemps.
Ils le savent et attendent des règles du jeu claires, justes et loyales.
Si les Etats européens s'accordaient déjà sur de tels objectifs, la crise actuelle serait facilement surmontée et les spéculateurs pourraient aller chercher fortune ailleurs.
Car leur absence est la vraie raison de la crise grecque et de celles à venir.
Editorial publié sur le site de Jean-Dominique Giuliani
http://www.jd-giuliani.eu
Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman
http://www.robert-schuman.eu