La séquence ouverte ces derniers jours entre la Commission européenne et la France met l'accent sur la nécessité pour la Commission européenne d'améliorer sa communication en direction des états membres.
Si l'air du temps est au conflit, il n'est pas dans l'intérêt de la Commission européenne de se laisser entraîner sur le chemin glissant de la surenchère verbale qui in fine lui sera toujours préjudiciable.
Qu'un pays membre décide d'instrumentaliser un sujet sensible à des fins de politique interne n'est pas en soi une pratique nouvelle. Cette pratique a toujours existé et il n'y a aucune raison objective pour qu'elle cesse surtout en période de crise.
Toutefois, en pareilles circonstances, le rôle de la Commission européenne n'est pas de commenter l'opportunité de telle ou telle mesure nationale sur la base de comparaisons hasardeuses ou d'émettre un jugement moral mais uniquement de veiller au respect et à l'application du droit européen sous le contrôle de la Cour de Justice des Communautés Européennes.
En entrant dans le champ politique, la Commission européenne s'est exposée à toutes les critiques récurrentes sur sa légitimité, critiques qui même si elles sont infondées laissent toujours des traces dans les opinions publiques européennes.
Même s'il est toujours tentant, face à des journalistes, de céder à l'agitation du jeu politico-médiatique, le comportement des Commissaires européens se doit d'être exemplaire et emprunt d'une sérénité à toute épreuve y compris lorsque son pays d'origine est directement attaqué. C'est là toute la difficulté mais aussi la noblesse de la fonction.
En réalité, la communication de la Commission européenne ne peut pas être fondée sur l'expression d'émotions même légitimes. Si l'expression des émotions est devenue le moteur de la communication moderne, elle n'est d'aucune utilité pour la Commission européenne pas plus que le recours à des slogans parfaitement markétés mais vide de sens pour la plupart des citoyens européens.
Le « jeu des émotions » est un jeu sans fin qui présente peu d'intérêt pour un manager s'il constitue l'alpha et l'oméga de sa communication. « Être choqué
», «Être blessé
.», c'est bien mais prendre une décision et trouver la solution viable à un problème récurrent c'est beaucoup mieux ! Le Commissaire aux Affaires Sociales, Laszlo Andor, semble l'avoir compris, en annonçant l'organisation en octobre prochain, à Bucarest, d'une conférence dédiée aux programmes d'aide aux « Roms ».
A la vérité, le psychodrame vécu ces derniers jours, à Bruxelles et dans les différentes capitales européennes, est le parfait exemple de ce qu'il ne faut absolument pas faire en matière de communication. Tout ce qui dégrade l'image de l'Union Européenne dans le monde et celle des états par qui le scandale arrive est à éviter
Puissent les acteurs concernés en être conscients. Au fait, qui a entendu parler de l'agenda 2020 ?
Xavier Grosclaude est Public Affairs Advisor