par Andre Locussol, le jeudi 30 septembre 2010

André Locussol répond à l'affirmation de Dominique Strauss-Kahn selon laquelle
"la zone euro sera perdante si elle garde sa structure budgétaire"


Dans un premier temps, faisons le point sur l'euro :

L'euro actuellement est le bouc émissaire de tous les malheurs de l'Union économique et monétaire, le Jérôme Kerviel des crises bancaires. Si la monnaie unique n'existait pas la plupart des grands pays européens auraient dévalué leur monnaie de 20 à 50 % minimum, à l'exception de l'Allemagne garant de l'orthodoxie financière et bancaire même si son désir d'éponger 85 milliards de dettes peut logiquement inquiéter.

Par ailleurs, arrêtons d'accuser l'euro en disant tout et son contraire à son sujet. L'euro a été introduit à la parité de 1 euro pour 1,18 dollars à une époque où il n'y avait que 11 pays répondant au pacte de stabilité dans l'Euroland (et bien évidemment pas la Grèce), alors que certains spécialistes des changes considéraient que l'euro aurait dû être introduit le 1er janvier 1999 à 1 euro pour 1 dollar. L'euro est ensuite descendu à 1 euro pour 0,81 dollar et nous ne nous en sommes pas si mal sortis que cela. A 1,18 l'euro était soi-disant à son niveau et tout le monde était satisfait, à 0,81 c'était excellent pour notre commerce extérieur, à 1,50 c'était un signe de force de l'économie européenne et très profitable car cela réduisait la facture énergétique avec un pétrole et des matières premières très bon marché, et maintenant à 1,19 c'est la catastrophe alors que l'économie européenne subit la crise de plein fouet et est incapable de mettre en place une synergie pour stopper l'hémorragie du chômage et de la déflation et pour consolider la reprise.

Des fadaises ! comme de dire que la hausse des prix est consécutive à l'introduction de l'euro. Ce n'est qu'un fait mais il n'existe pas de corrélation économiquement valable, de cause à effet, entre la hausse des prix et l'introduction de l'euro. La cause de cette hausse « vertigineuse » est la conséquence de l'opportunisme de la grande distribution qui a profité de l'occasion, en diversifiant son offre pour que la pilule passe mieux, pour augmenter ses prix et ses marges qui laminent les fournisseurs, de façon éhontée.

Si nous avions accepté en 1944 lors des accords de Bretton Woods, une monnaie mondiale, le Bancor comme monnaie d'étalon internationale, comme l'avait proposé J.M. Keynes, nous aurions peut-être aujourd'hui une seule monnaie dans le monde - un point de vue partagé par Jacques Attali et de nombreux économistes -, ce qui aurait sans doute évité la spéculation sur les monnaies, cause principale des crises monétaires asiatiques et russe en 1997 et 1998, ce qui aurait permis d'éliminer la principale tumeur qui gangrène la finance et l'économie mondiale."

Pour faire suite à la déclaration de DSK, dans un second temps, voici l'analyse qui peut être faite de la situation économique actuelle à partir de la position de la Finlande en matière de politique budgétaire :

L'omnipotence et l'omniprésence de la BCE dans le débat sur la croissance est évident et récurrent. Parlons vrai, autant la position actuelle de la BCE est ambiguë car il s'agit d'avoir comme objectif la baisse du chômage et la reprise de la croissance si on ne veut pas assister à l'effondrement de l'économie mondiale - la Chine a ses propres problèmes et ne pourra rien faire pour venir au secours de l'Europe et des Etats-Unis car elle est dépendante de ces économies et plongera avec eux - autant dans le passé pour éviter l'inflation et le surendettement la BCE a bien agi en contrôlant la masse monétaire euro par des taux faibles mais pas trop bas. Si la BCE avait agit sur les taux ces dernières années comme la Réserve fédérale américaine, elle aurait créé une bulle de surendettement des ménages, une bulle spéculative dans l'immobilier dont les américains sont prisonniers pour des années et dont ils n'arrivent pas à sortir qu'en s'endettant encore plus par des taux historiquement très bas et en injectant des liquidités "en veux-tu en voilà " sans résultat...

Ne soyons pas MONÉTARISTES pour le moment en contrôlant la masse monétaire et en ne se servant que de l'arme des taux pour résoudre la crise, soyons Keynésien, utilisons le déficit budgétaire en faisant de l'investissement public (productif...) pour relancer la croissance, seul moyen de se substituer à l'investissement privé défaillant voire inexistant (un des deux moteurs de la croissance avec la consommation). Faisons comme les Finlandais, construisons construisons PARTOUT (c'est faramineux et énorme sur des centaines de km dans tout le pays) et encore construisons des routes, des bâtiments, des logements, des maisons, des hôpitaux, des infrastructures routières, ferroviaires... des liaisons entre les pays de l'UNION ! Haro sur le BTP, à fond "les manettes" pour un nouveau NEW DEAL EUROPÉEN...

Si nous avons encore le courage et la volonté d'agir et si ce n'est pas déjà trop tard...


André LOCUSSOL a été tête de liste de « CITOYENNETE ET CULTURE EUROPEENNE » pour les dernières élections européennes.

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