par Xavier Grosclaude, le mardi 14 avril 2009

La situation des pays d'Europe centrale et orientale est particulièrement préoccupante. Ce constat partagé par les principaux bailleurs de fonds internationaux, au premier rang desquels le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, l'est aussi par la Commission Européenne.


Avec des pays proches de la faillite, à l'image de la Hongrie, il serait pour le moins surprenant de ne pas assister dans les prochains mois à une sérieuse dégradation du climat économique et social dans les pays d'Europe centrale et orientale.

Paradoxalement, le cas de la République tchèque dont le gouvernement s'est retiré de la Présidence de l'Union européenne…n'est pas un bon exemple de cette future dégradation. En effet, la crise politique ouverte en République tchèque ne trouve pas ses racines, à la différence de la Hongrie et de la Lettonie, dans la crise financière mais dans des querelles purement politiciennes ayant abouti au vote d'une motion de censure à l'encontre du gouvernement dirigé par le premier ministre tchèque Mirek Topolanek.
Par ailleurs, au-delà des nouvelles incertitudes liées à la ratification finale du Traité de Lisbonne, Il serait abusif de jeter l'opprobre sur la République Tchèque au seul motif que son gouvernement a été défait en pleine Présidence de l'Union. Pour rappel, en 1996 l'Italie, membre fondateur, a vu la coalition de centre gauche pilotée par Romano Prodi succéder au gouvernement de centre droit de Lamberto Dini, après avoir remporté les élections législatives.

S'agissant de la Hongrie, le cas est tout autre. La démission le 21 mars dernier du premier ministre Ferenç Gyurcsany est la conséquence directe d'une situation économique particulièrement dégradée. La dépendance de la Hongrie à l'égard des financements extérieurs, la chute du forint qui a perdu un tiers de sa valeur en quelques mois, le gel du crédit couplé à une demande externe atone condamne la Hongrie fortement endettée à une politique économique qui va « faire mal »pour reprendre l'expression du nouveau premier ministre hongrois, Gordon Bajnai.

Un peu plus à l'est, les Pays Baltes - moins de 8 millions d'habitants - tentent, quant à eux, de « sauver les meubles » avec des coalitions gouvernementales soumises à rudes épreuves et des difficultés socio-économiques révélées et amplifiées par la crise financière.

Au sein des Pays Baltes, le maillon faible est incontestablement la Lettonie - 2,3 millions d'habitants - dont le gouvernement tente de limiter l'impact social d'un plan d'austérité réclamé par la communauté internationale. Après une période de croissance insolente, 9% entre 2000 et 2007, la Lettonie s'attend désormais à une récession de 12% (8% pour la Lituanie et l'Estonie) avec l'obligation de ramener son déficit budgétaire à 5% de son PIB !

Si on quitte l'espace de l'Union européenne pour entrer dans celui de la Russie, les prévisions ne sont guère plus optimistes. Après plusieurs années de croissance soutenue, le gouvernement de Vladimir Poutine doit aujourd'hui composer avec un secteur bancaire fragilisé par l'endettement élevé des entreprises (plus de 400 milliards de dollars) un rouble qui a dévissé par rapport au dollar, une inflation à deux chiffres, un budget déficitaire pour 2009 et de sérieuses tensions sur l'emploi avec plus d'un million de russes privés d'emploi.

Plus vulnérable que le Brésil ou l'Inde, la Russie n'est plus aujourd'hui à l'abri de violentes explosions sociales à l'instar de celles survenues dans les chantiers navals de la mer du Nord. D'un point de vue politique, la spirale des faillites d'entreprises risque de libérer les expressions les plus nationalistes au sein de la population et invite « mécaniquement » la Russie à hausser le ton sur la scène internationale.

Aussi, au-delà des tensions nées de l'élargissement de l'Otan aux anciens membres du bloc soviétique et du récent soutien apporté par la Russie au président moldave, la situation de la zone PECO peut nourrir de sérieuses et légitimes interrogations…


Xavier Grosclaude est diplômé en sciences politiques et en droit communautaire. Membre de plusieurs think tanks français, il combine une double expérience des affaires européennes en France et au Royaume-Uni.  

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