par Xavier Grosclaude, le lundi 08 juin 2009

La très faible participation enregistrée pour les élections européennes est profondément injuste pour les parlementaires européens sortants et n'ayons pas peur des mots particulièrement décevante pour les démocraties européennes.
En effet, dans un monde dominé par des dictatures de toute nature, refuser d'exercer un droit destiné au renforcement du seul parlement transnational au monde est difficile à justifier.


Ce comportement, forcement irresponsable au regard de l'histoire, est par ailleurs particulièrement dangereux sur le plan politique car il peut conforter, si on y prend garde, l'idée régressive selon laquelle l'Union européenne pourrait se construire non pas "contre les peuples" mais tout simplement sans eux !

Ce risque, les partis politiques, toutes tendances confondues, l'accentuent depuis la fin des années quatre vingt-dix en refusant d'expliquer clairement aux citoyens les vrais enjeux de la construction européenne en termes de sécurité juridique, énergétique, alimentaire, monétaire, militaire…

Pourquoi ? Premièrement, parce qu'il a toujours été de bon ton en France d'utiliser l'Union Européenne comme un "bouc émissaire" (la faute de Bruxelles, des bureaucrates …) même si nombre d'hommes politiques dénoncent sans scrupule à Paris ce qu'ils ont approuvé librement à Bruxelles …

Deuxièmement, parce que la communication politique sur l'Europe est cruellement obsolète. Les concepts utilisés, la sémantique employée, les slogans diffusés sont vides de sens pour la plupart de nos concitoyens tout simplement parce qu'ils ne s'inscrivent dans aucune cohérence politique d'ensemble. Faute de cohérence globale, le discours européen a pris pour habitude, au niveau national, de se concentrer sur des sujets passionnels (pour ou contre les OGM, pour ou contre la Turquie…) qui parlent à l'opinion publique mais qui sont totalement déconnectés de leurs préoccupations quotidiennes.

Troisièmement, parce que les partis politiques ont cru ou ont voulu croire que la forme pouvait l'emporter sur le fond. Dit autrement, le recours au net a pu laisser croire aux décideurs politiques qu'ils pouvaient faire l'économie d'une véritable réflexion sur les attentes européennes de nos concitoyens. Malheureusement, la forme aussi sophistiquée soit-elle ne remplacera jamais le fond.

Cette erreur a également été commise par les services de la Commission européenne dont la stratégie de communication, revisitée pourtant il y a peu par le commissaire Margot Wallström, est de moins en moins lisible sur le plan politique. Cette absence de lisibilité est particulièrement préjudiciable au projet européen car elle renforce l'indifférence, voire dans certains pays comme la Hongrie, la défiance à l'égard de la construction communautaire.

Aujourd'hui, au-delà de la campagne électorale qui a été d'une atonie consternante en France, il est urgent si on veut renouer les fils d'un dialogue constructif avec les citoyens européens de revisiter entièrement la communication sur l'Europe en insistant de manière beaucoup plus pédagogique sur les véritables enjeux de la construction européenne (à savoir la promotion d'un rapport au monde fondé sur la primauté du droit sur la force, le respect de la dignité humaine et l'innovation politique à laquelle se rattache le développement durable) et l'utilité au quotidien de notre appartenance à l'Union européenne.

Les valeurs de l'Union européenne représentent un espoir pour de nombreux pays européens mais aussi extra-européens. Il appartient aux décideurs politiques européens de les faire vivre en communiquant de façon plus simple, plus directe et plus permanente avec les électeurs. Puisse le message être entendu par les nouveaux élus…


Xavier Grosclaude est diplômé en sciences politiques et en droit communautaire. Membre de plusieurs think tanks français, il combine une double expérience des affaires européennes en France et au Royaume-Uni.  

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