par Jean-Dominique Giuliani, le lundi 08 juin 2009

Bien sur, on ne peut que regretter le faible taux de participation aux élections européennes. Il marque l'incapacité à faire de ce scrutin un véritable enjeu politique. Et beaucoup reste à faire pour que la politique européenne se mele naturellement aux politiques nationales.


Ceux qui ont voté ont néanmoins fait preuve de maturité.

Face à la crise, ils ont rejeté le "toujours plus social" qui ne ferait que l'aggraver. La proposition socialiste d'un salaire minimum européen, à juste titre, n'a pas été crue. Le thème récurrent de "l'Europe sociale" a été jugé flou.

Ils ont sanctionné ceux qui menaient une autre campagne électorale que celle destinée à désigner des représentants au parlement européen:
Les Eurosceptiques de Libertas n'existent plus, eux qui pensaient préparer le second référendum irlandais; le Modem en France, issu de la famille des Européens historiques a eu bien tort d'abandonner son combat pour l'Europe au profit d'une contestation de Nicolas Sarkozy.

Le PiS polonais a été devancé par une majorité éclairée et ouverte à l'intégration du pays au sein de l'Union; les Socialistes allemands n'ont pas eu l'opportunité de gagner des quasi-législatives anticipées.

Ils ont conforté des gouvernements de droite et de centre-droit, majoritaires en Europe, qui ont su rompre avec le capitalisme financier venu d'ailleurs, un temps à la mode à Bruxelles, au profit de régulations internationales, de règles du jeu partagées et d'une vision de l'Europe plus autonome dans ses politiques et la définition de ses intérets.

Aux tout premiers rangs on trouve l'Allemagne et la France, dont les dirigeants se sont même invités dans la campagne électorale en signant une tribune commune qui marque de notables inflexions par rapport au "politiquement correct communautaire", notamment en matière d'élargissement, de politique industrielle et de sécurité.

L'extrême-droite a donné de la voix et de regrettables dérapages ont eu lieu, en République tchèque, en Roumanie, en Hongrie, qu'on aurait aimé entendre condamner par les plus hautes instances européennes pendant la campagne.
Mais elle ne trouvera pas d'expression politique forte au sein du Parlement tellement elle est divisée et tributaire de situations locales.

La bonne nouvelle vient des Conservateurs britanniques, qui ont annoncé quitter le premier groupe, celui du PPE de droite et de Centre-droit.
Ils veulent créer leur propre sensibilité avec les Polonais et Tchèques eurosceptiques.

D'accord sur rien, ils vont bien s'amuser, avant de se trouver un peu marginalisés! mais ils "libèrent" les modérés du groupe PPE, très majoritairement européens et au sein duquel les délégations de cinq grands Etats membres, Allemagne, Italie, France, Pologne, Espagne vont pouvoir développer une vision de l'Union plus conforme à ses intérets à long terme et plus proche de l'esprit des Pères fondateurs.

Dans un monde multipolaire, il faut plusieurs pôles(!), c'est-à-dire ne pas laisser s'organiser un tête-à-tête mortel pour l'Europe entre la Chine et les Etats-Unis! Cela exige d'autres politiques européennes et pour cela, un accord, peut-être seulement continental, du moins au début, sur des objectifs nouveaux et propres à l'Union.

Ces Etats membres disposent désormais de la base parlementaire pour le faire. Oseront-ils?

Paru sur le site: http://www.jd-giuliani.eu


Jean-Dominique Giuliani est président de la Fondation Robert Schuman

http://www.robert-schuman.eu

Organisations en lien avec Fenêtre sur l'Europe :